En Bretagne, les routiers bloqués par la neige tempêtent

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Par Hélène DUVIGNEAU - Plestan (France) (AFP)
Publié le 10 février 2021 - 16:02
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Opération de salage des routes sur la D137, entre Rennes et Saint-Malo, le 10 février 2021
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© DAMIEN MEYER / AFP
Opération de salage des routes sur la D137, entre Rennes et Saint-Malo, le 10 février 2021
© DAMIEN MEYER / AFP

"Je viens d'Allemagne, où ça roule avec de la neige. J'arrive dans les Côtes-d'Armor où il y a moins de neige et je suis bloqué". Amer, Philippe Lenorcy, chauffeur routier, est "écœuré" d'avoir été immobilisé près de 24 heures.

Comme lui, 118 autres routiers ont passé la nuit sur l'aire blanchie par la neige de Carmoran, à Plestan (Côtes-d'Armor), la préfecture ayant interdit depuis mardi après-midi sur la RN12 la circulation aux véhicules de plus de 7,5 tonnes en raison des chutes de neige et du verglas qui ont touché les départements bretons dans la nuit.

Sur la petite aire, les poids-lourds sont stationnés parfois à quelques centimètres les uns des autres. Seul un camion immatriculé à l'étranger est isolé, "en portefeuille" sur le bas côté de la route, après une manœuvre ratée pour tenter d'échapper à la surveillance des gendarmes.

Une tente de la protection civile a été dressée pour servir du café et des croissants. Des cartons de sandwichs "poulet emmental" et "wrap jambon-fromage" sont prêts à être débarqués.

"Un épisode de neige comme ça, ça faisait longtemps que vous n'aviez pas connu ça en Bretagne", lance Arnaud Guth, 40 ans, depuis son camion équipé de "sièges chauffants" qui se lave "avec des lingettes pour bébé" et profite de son "abonnement à Netflix". "En Alsace, on a l'habitude, ça continue de rouler. Ce qui pose problème ce sont les axes secondaires, il faut des moyens pour les dégager", ajoute M. Guth, qui a déjà fait plusieurs allers-retours dans la matinée pour essayer "sans succès" de savoir quand il pourra enfin reprendre la route.

"C'est ridicule, moi hier j'ai été arrêté à 15H30 alors que j'allais à Dinan livrer de la menuiserie, on aurait pu être chez nous tranquilles avec une bonne douche. Les conditions météo étaient tout à fait correctes, il n'y avait pas encore un flocon", tonne Dany Lamulle, 61 ans, qui a tout l'équipement nécessaire, entre chauffage, frigo et télé, pour tenir "deux-trois jours".

-Aires saturées-

Malgré le froid, les routiers ont passé la nuit sans trop de difficultés: tous sont équipés de chauffage et couchette. "La protection civile fait bien son travail mais les sanitaires sont sales", se plaint toutefois Clément, 45 ans, qui transporte des fenêtres.

A une trentaine de kilomètres, une centaine de poids-lourds stationnent sur la file de droite de la RN12, la quatre voies qui relie Rennes à Saint-Brieuc. Ils n'ont pas pu se rendre sur les aires de stationnement, saturées.

"Nous avons des poids-lourds sur 2.000 m, et encore 4.000 m de capacité supplémentaire, si besoin", explique Laurent Chapparo, commandant de la compagnie de gendarmerie de Montfort-sur-Meu. Il rappelle au passage que les axes reliant Rennes à Lorient et Saint-Brieuc enregistrent "30.000 à 40.000 véhicules par jour".

Depuis la matinée, dix-huit bénévoles de la Croix-Rouge se relaient pour servir le café et réconforter les routiers. Une salle polyvalente voisine "pour les naufragés de la route" a été mise à leur disposition pour qu'ils puissent se restaurer et prendre une douche.

"Vous mettez vos warnings si vous avez besoin, on vous emmènera en minibus", indique Vincent Pinel, bénévole, qui parle de "200 camions" présents à 6H00 sur cette zone de stockage.

Venu de la Sarthe, Pascal Lopez a été immobilisé cette nuit, à 01H30, par la gendarmerie. "Hier à Sablé-sur-Sarthe, on pouvait rouler mais c'était verglacé. Le moindre écart et on allait dans la douve, on était sur le fil du rasoir", estime le routier, qui a tout de même poursuivi son chemin.

Mercredi midi, Météo-France ayant retiré le département breton de sa carte de vigilance orange "neige-verglas", les routiers ont pu reprendre la route à partir de 13H30. Mais la préfecture n'excluait pas de nouvelles restrictions "en fin de journée pour tenir compte du risque de verglas".

"Ça fait presque 24H00 de perdu, mais on fait avec", philosophe Dany Lamulle, qui repartira ensuite dans le Lot-et-Garonne.

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