Twitter Files : le FBI se défend, Matt Taibbi réplique par de nouvelles révélations
En attendant que soit dévoilée la septième partie des Twitter Files, le FBI a tenu à répondre aux dernières révélations du journaliste Matt Taibbi sur le rôle joué par le bureau fédéral dans la modération des contenus sur le réseau social. Interrogée par Fox News, le FBI a rejeté vendredi 16 décembre les informations selon lesquelles ses employés ont exercé une pression sur Twitter pour modérer des contenus ou suspendre des comptes. Matt Taibbi a répliqué par des révélations supplémentaires.
La partie 6 des Twitter Files, dévoilée vendredi par Taibbi, a étalé la relation du réseau social avec le FBI, le journaliste allant jusqu’à le qualifier de “filiale” de la police fédérale. Les documents démontrent le caractère “hyper-intrusif” du service de renseignement, qui collaborait avec la précédente équipe de la plateforme pour modérer son contenu et exiger la suspension de plusieurs comptes.
Des explications exigées...
"Le FBI s'engage régulièrement avec des entités du secteur privé pour fournir des informations spécifiques aux activités subversives, non déclarées, secrètes ou criminelles des acteurs d'influence étrangers malveillants identifiés", a réagi le même jour le bureau fédéral, interrogé par Fox News. Le porte-parole a même affirmé que "les entités du secteur privé”, à l’image de Twitter, “prennent des décisions indépendantes sur les actions qu'elles entreprennent, le cas échéant, sur leurs plateformes et pour leurs clients après que le FBI les a informées".
De quoi pousser Matt Taibbi à dévoiler des documents supplémentaires afin de répliquer aux propos du FBI. Sur son compte Twitter, il rebondit sur “l’indépendance” dont bénéficieraient les “entités du secteur privé” selon le FBI et publie des courriers internes qui démontrent un peu plus la pression exercée sur l’équipe de modération du réseau social.
“En juillet 2020, l'agent du FBI de San Francisco, Elvis Chan, dit à Yoel Roth de s'attendre à des questions écrites de la part du Groupe de travail sur l'influence étrangère (FITF)”, lit-on. Ce questionnaire est intervenu après un briefing entre des responsables de Twitter et plusieurs agences de sécurité et de renseignement, dont le Département de la sécurité intérieure, durant lequel les dirigeants de la plateforme auraient indiqué ne pas avoir “observé beaucoup d'activités des acteurs officiels” sur Twitter.
Yoel Roth et ses collègues étaient ainsi invités dans un courrier à expliquer leur “conclusion impopulaire”, qui a “suscité pas mal de discussions au sein de la Communauté du renseignement des États-Unis”. Le courrier listait plusieurs articles, comme pour démontrer à Twitter que leur constat était erroné.
Les captures d’écran publiées par Matt Taibbi laissent entrevoir la “perplexité” de Yoel Roth, responsable de la modération chez Twitter avant son licenciement par Elon Musk, qui a exprimé son étonnement que de telles demandes proviennent du FBI. Il a aussi expliqué ne pas être “à l’aise avec l’obligation de répondre, par écrit, à ces questions”.
Dans une autre note interne, Yoel Roth a expliqué avoir bien affirmé que “la propagande officielle était présente sur Twitter” et que “sa gestion diffère de celle des faux comptes”. Il a annoncé à ses collègues qu’il s'entretiendra avec Elvis Chan pour “éclaircir la situation”.
Les documents prouvent le contraire...
À la réponse du FBI, Matt Tabbi écrit : “C'est peut-être vrai (que les entités privées sont indépendantes, NDLR), mais nous n'avons pas vu cela dans les documents publiés à ce jour. Au lieu de cela, nous avons surtout vu des demandes de modération impliquant des comptes peu suivis appartenant à des Américains ordinaires”.
Dans le dernier épisode, le journaliste américain a promis ainsi de dévoiler dans la suite des Twitter Files, avec Bari Weiss et Michael Shellenberger, des détails sur “la façon dont le gouvernement collecte, analyse et signale les contenus sur les réseaux sociaux”.
Le rôle joué par le FBI dans la modération de contenus autour des élections avait déjà été évoqué dans un troisième volet. Des documents internes démontraient comment les employés du réseau social essayaient de définir le rôle joué par le FBI et les autres agences de renseignement dans la modération de contenus pour justifier les décisions de suspension prises.
La suspension n’était pas la seule arme de Twitter. Dans les précédents volets, Bari Weiss, Matt Taibbi et Michael Shellenberger ont expliqué comment des responsables du réseau social, notamment Yoel Roth et VIjaya Gadde, se sont constitués en “Cour suprême de modération”, violant les propres politiques et règles de Twitter pour justifier le bannissement de Donald Trump et recourant à des listes noires pour réduire la visibilité de certains comptes.
La première série de documents des Twitter Files a été dévoilée le 2 décembre par Elon Musk, pour prouver une “ingérence” de Twitter dans les précédentes élections américaines à travers le scandale lié à l'ordinateur portable de Hunter Biden, le fils de l’actuel président des États-Unis Joe Biden.
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