Service militaire au Royaume-Uni : Rishi Sunak suggère de retirer le permis des réfractaires ou de les priver de financements

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France-Soir
Publié le 25 juin 2024 - 11:56
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Phil Noble Pool AFP
Service militaire au Royaume-Uni : Rishi Sunak suggère de retirer le permis des réfractaires ou de les priver de financements
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Après l’Allemagne, c’est au tour du Royaume-Uni de se diriger vers la réinstauration du service militaire obligatoire pour ses citoyens. Les conservateurs, le Premier ministre Rishi Sunak à leur tête, ont annoncé leur intention de réintroduire la conscription pour les jeunes de 18 ans s'ils remportent les élections générales du 4 juillet 2024. Si les contours de ce projet ont déjà été dévoilés en mai, le chef du gouvernement britannique a donné plus de détails la semaine dernière, notamment sur les sanctions qui planeraient sur les plus réfractaires, parmi lesquelles le retrait du permis de conduire ou encore l’interdiction de l’accès aux prêts étudiants.  

C’est la mobilisation en Europe ! Face à une éventuelle confrontation avec la Russie, des pays européens réfléchissent l’un après l’autre à un retour du service militaire obligatoire. Outre la Roumanie, voisine de l’Ukraine, ou encore le Danemark, qui partage des frontières avec Moscou, la question fait débat en Allemagne et ce, depuis plusieurs mois. "Je suis convaincu que l'Allemagne a besoin d'une sorte de conscription militaire", a déclaré début mai le ministre de la Défense, Boris Pistorius.   

Les libertés individuelles menacées ? 

Berlin n’a pas encore tranché sur le caractère obligatoire de cette mobilisation mais le ministère de la Défense évoquait trois possibilités : inciter les Allemands à s’engager, rendre la conscription obligatoire pour tout citoyen de 18 ans et plus ou choisir jusqu’à 40 000 personnes par an pour servir l’armée. Plusieurs partis politiques, dont le SPD et l’Union sont favorables à une nouvelle réglementation dans ce sens.  

Le Royaume-Uni, fervent soutien de Kiev et très hostile à la Russie, aussi bien diplomatiquement que militairement, réfléchit à un projet de loi similaire. Ses contours ont été dévoilés en mai dernier. Deux options s’offriraient aux citoyens de 18 ans et plus : un service militaire à temps plein pendant 12 mois ou un service communautaire à temps partiel, consistant à faire du bénévolat un week-end par mois pendant un an.  

Dans le premier cas, le nombre de places à pourvoir a déjà été évoqué. Les conservateurs parlent de 30 000 postes dans plusieurs domaines, allant de la logistique aux opérations civiles, en passant par la cybersécurité. Pour la seconde possibilité, il est plutôt question de faire du bénévolat dans des institutions comme la sûreté ou chez les pompiers, les associations caritatives ou encore le National Health Service (NHS), le système de santé britannique.  

Le programme devrait coûter environ 2,5 milliards de livres sterling par an et le Parti conservateur prévoit le lancement d’une phase pilote en septembre 2025, si le projet est adopté. “Un nouvel engagement désespéré de 2,5 milliards de livres sterling non financé de la part d'un Parti conservateur qui a déjà fait effondrer l'économie, en faisant monter en flèche les prêts hypothécaires”, estime-t-on chez le Labour party.  

La semaine dernière, Rishi Sunak, qui estime que le rétablissement de la conscription “contribuerait à favoriser l’esprit national qui a émergé pendant la pandémie”, était interviewé par la BBC. Interrogé sur le projet des conservateurs, il a dévoilé des détails qui enfoncent la polémique déjà alimentée par les réactions des Travaillistes.  

Il est question des incitations pour recruter les jeunes Britanniques ou surtout, les sanctions prévues contre les réfractaires. "Il n'y aura pas de sanction pénale. Personne n'ira en prison pour cela", avait affirmé James Cleverly, ministre de l’Intérieur. Mais les plus réticents risquent tout de même des mesures qui pourraient porter atteinte à leur liberté individuelle, leur liberté de circulation ou à leur avenir.  

Ils pourraient perdre leur permis de conduire et se voir refuser l’accès aux prêts étudiants, a suggéré Rishi Sunak. Du moins, selon les interprétations de la presse. Lui évoque surtout “d’autres accès au financement”. “Nous disposerons d’un ensemble de sanctions et d’incitations et nous examinerons les modèles qui existent en Europe pour en trouver la combinaison appropriée”, a-t-il ajouté. A ce propos, il a annoncé qu’une commission royale serait créée pour examiner les meilleures options en matière d'incitations et de sanctions et établir un rapport pour le gouvernement. 

“Plus intéressé par les comptes bancaires des jeunes” 

Mais pour ce faire, les Conservateurs doivent déjà remporter les élections législatives de juillet. Et ce projet de rétablir le service national obligatoire a peu de chances d’augmenter les chances du parti dirigé par Rishi Sunak de renverser la tendance. Les derniers sondages révèlent des pertes importantes chez les Tories, au profit des Labour qui sont donnés, sauf surprise, vainqueur du prochain scrutin.  

Les électeurs semblent exprimer leur ras-le-bol à l’égard du Parti conservateur qui, depuis des années, accumulent les faux-pas : gestion de la pandémie de COVID, hausse de l’inflation et des prêts hypothécaires et, pour ne pas arranger les choses, un énième scandale dans ses rangs. Des candidats, dont le directeur de campagne, sont accusés d’avoir parié sur la date du scrutin.  

Rishi Sunak a fait part de son “incroyable colère” en apprenant “ces allégations”. “Les enquêtes [en cours sont] sérieuses (...) l’intégrité de ce processus doit être respectée. Mais ce que je peux vous dire, c'est que si quelqu'un a enfreint les règles, non seulement il devra rendre des comptes devant la loi, mais je veillerai à ce qu'il soit expulsé du Parti conservateur”, a-t-il déclaré.  

Pour ses opposants, “il est plus intéressé à retirer les comptes bancaires des jeunes s’ils ne font pas leur service national qu’à investir dans leur éducation”. “D’une économie en berne à un NHS à genoux, sa performance a montré pourquoi nous ne pouvons pas laisser Rishi Sunak et le Parti conservateur jouer à nouveau avec l’avenir de notre pays”, ont déclaré les libéraux-démocrates. 

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