Procédure express pour Kiev : l’UE ouvre les négociations pour une adhésion de l’Ukraine, un “processus très exigeant”

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France-Soir
Publié le 26 juin 2024 - 09:36
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En route pour l'Europe
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10 ans après le déclenchement du mouvement pro-européen Euromaïdan, l’Ukaine et l’Union européenne (UE) ont officiellement débuté mardi 25 juin 2024 les négociations pour une adhésion pleine de Kiev aux 27. Candidate depuis juin 2022, quelques mois après l’invasion russe, l’Ukraine a jusque-là pu faire accélérer le processus en tirant profit ces dernières années d’une dynamique de mobilisation en raison du conflit sur son territoire. Mais le chemin semble encore long pour cet État, qui doit tout de même satisfaire un ensemble de critères avant de rejoindre l’UE. Une adhésion donnée pour 2030 selon le président du Conseil européen, Charles Michel. La Moldavie est l’autre candidate et partie prenante à ces négociations.    

La volonté de l'Ukraine de rejoindre l'UE s'est manifestée de manière particulièrement forte à partir de 2013-2014. Mais en novembre 2013, la décision du président de l'époque, Viktor Ianoukovitch, de suspendre les préparatifs pour la signature de l'accord d'association avec l'UE a déclenché le mouvement pro-européen appelé “Euromaïdan”. Ces manifestations ont conduit à la révolution ukrainienne de 2014, aboutissant au renversement de Ianoukovitch et à un changement d'orientation politique du pays. 

Procédure express pour l’Ukraine, épinglée pour de la corruption 

Suite à ces événements, l'Ukraine a rapidement pris des mesures concrètes pour se rapprocher de l'UE, avec la signature en 2014 de l'accord d'association. Ces démarches ont marqué un tournant aussi bien décisif dans les relations de Kiev avec l’UE qu’avec son voisin direct, la Russie, qui a répliqué par l’annexion de la Crimée. 

Le Kremlin interprète le rapprochement de son voisin, aussi bien avec l’UE qu’avec l’OTAN, comme une menace et quatre jours après son invasion de l’Ukraine, le gouvernement dirigé par Volodymyr Zelensky demande officiellement l’adhésion de leur pays aux 27. Kiev a obtenu le statut d’État candidat dès juin 2022 et tout s’est enchaîné. A titre de comparaison, l’Albanie a dû patienter 13 ans entre sa candidature et l’ouverture des négociations.   

Ces discussions devaient intervenir plus tôt, à la mi-décembre 2023 mais Budapest et son Premier ministre, Viktor Orban, ont imposé leur véto, estimant que les conditions n’étaient pas réunies.  

Hier s’est ouverte la première conférence intergouvernementale entre l’Ukraine et la Moldavie d’un côté, l’UE de l’autre. "Une Ukraine forte n'est pas possible sans l'UE, et une UE forte n'est pas non plus possible sans l'Ukraine", a déclaré le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal.  

Ces négociations porteront désormais sur les aspects techniques. Il est question de vérifier la législation de ces deux pays et inspecter leur comptabilité avec celle de la communauté européenne. Il est entre autres attendu de Kiev de doubler d’efforts en matière de lutte contre la corruption. 

Cette étape, appelée le “screening”, dure généralement jusqu’à deux ans. Sauf pour les deux candidats. “Nous avons déjà une idée assez claire”, explique-t-on. L’Ukraine doit également démontrer que son économie, dépendante du blé et du soutien international, est capable de rivaliser avec celle de l’UE. Sur le plan législatif, les négociateurs devront passer en revue des décennies de législations européennes portant sur les libertés individuelles ou encore les règles douanières.  

Une adhésion “longue” et “très exigeante” 

De son côté, Dorin Recean, Premier ministre moldave, dont le pays est présenté par une rhétorique jugée “belliqueuse” comme la prochaine cible du Kremlin si l’Ukraine capitulait, a salué le début des négociations. "Au cours de l'année passée, notre pays a été l'objet d'attaques hybrides orchestrées par Moscou (...) dans un effort pour faire dérailler le processus d'intégration européenne", a-t-il dénoncé.  

Charles Michel, président du Conseil européen, a évoqué un “jour historique” pour le président ukrainien. Il a toutefois insisté sur “le long processus” qui attend les deux pays.  

"Nous devons également reconnaître que le chemin à parcourir nécessitera des efforts soutenus, un dévouement et de nouvelles réformes substantielles. L'Ukraine et la Moldavie devront poursuivre leurs efforts pour renforcer leurs institutions, continuer à lutter contre la corruption et renforcer la stabilité économique pour répondre aux normes rigoureuses d'une adhésion à part entière à l'UE", a-t-il déclaré. 

Même son de cloche chez la cheffe de la diplomatie belge, Hadja Lahbib, qui a tenu à rappeler, à Luxembourg, que ces négociations “seront rigoureuses et exigeantes”.  

Aucune réaction de la part de la Russie, victime d’une attaque de missiles à Sébastopol. Ces frappes, qui ont fait plusieurs morts, dont des enfants, interviennent quelques semaines après le feu vert des pays occidentaux à Kiev pour cibler le territoire russe. L’agence de presse officielle, TASS, démontre surtout le deux poids deux mesures de l’UE avec l’Ukraine, rappelant que la Turquie mène des négociations depuis 19 ans mais “n’a toujours aucune chance de les mener à bien”. 

L’échéance avancée par Charles Michel est-elle réaliste ? La Hongrie, très réticente à l’idée d’une expansion de l’UE ou de l’OTAN encore plus à l’ouest, prendra la présidence tournante du conseil de l’UE dès ce 1e juillet. Ceci pourrait retarder l’ouverture des premiers chapitres de négociations. 

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