Les dockers de Trieste contre le "Green Pass" : l'avant-garde d'une révolte en Italie ?

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FranceSoir
Publié le 15 octobre 2021 - 13:13
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Trieste Prima
Port de Trieste
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Le pass sanitaire devient obligatoire aujourd'hui pour tous les travailleurs en Italie. Les dockers de Trieste s'y opposent fermement, et le gouvernement leur a proposé la gratuité des tests ; ils ont répondu clairement qu'il n'en était pas question, rejetant ce régime de faveur (ou plutôt de moindre défaveur), exprimant leur solidarité avec tous les travailleurs. Ils vont donc bloquer le port de Trieste dès aujourd'hui : une action qui s'ajoute à leurs manifestations et à d'autres mobilisations comme celles des chauffeurs routiers, et qui trouve un écho dans la population italienne, certains en ayant même fait des héros.

Fondé il y a plus de 2 300 ans, le port commercial de Trieste est le plus important d'Italie. Ce qui explique pourquoi le gouvernement tient à ce que ses dockers maintiennent le cap et continuent de faire fleurir les affaires. Port franc depuis 1719, son territoire est juridiquement exclu de la zone douanière de l'Union européenne. Quelque part, ils sont libres, et aujourd'hui ils montrent qu'ils comptent bien le rester :

Coordination des Travailleurs du Port de Trieste

le 12 octobre 2021

Communiqué de Presse – Veuillez republier !
“Bonjour à tous !

Suite aux manifestations d'hier, nous insistons une nouvelle fois : le 15 octobre aura lieu le blocage des opérations du port de Trieste.

Nous venons d'apprendre que le gouvernement cherche un accord, une sorte de compromis pour les dockers de Trieste. Ils agitent l'épouvantail de la démission de notre président, Zeno D'Agostino.

Nous, dockers, insistons, car notre message se doit d'être bien clair : rien de tout cela ne nous amènera à négocier. Nous voulons que le Green Pass soit éliminé pour toutes les catégories de travailleurs, pas seulement les dockers.

Nous nous permettons aussi de rappelement au président D'Agostino que lorsqu'il était sous attaque, ses dockers l'ont défendu le couteau entre les dents.

Maintenant que les dockers ont pris la décision de se défendre eux-mêmes, ainsi que les autres travailleurs, il démontre par sa démission qu'il refuse de combattre à nos côtés.

Alors, nous lui souhaitons bonne continuation. Au revoir.

Suite à ce message, le Premier ministre Mario Draghi a convoqué les dirigeants syndicaux (Cgil, Cisl et Uil).

Résistance dans le secteur des transports

En effet, le mouvement populaire de protestation touche les transports routiers (au moins 30 % des camionneurs italiens refusent le "Green Pass", et 80 % des camionneurs étrangers en transit par le pays). Confetra, la fédération des associations de transport et de logistique, craint “la paralysie du système logistique national”. Quant aux transitaires des douanes, ils considèrent que les goulots d'étranglement de Trieste toucheront tous les terminaux : port, aéroports et inter-ports.

Selon le président d'Anasped, Massimo De Gregorio, beaucoup de travailleurs et camionneurs des pays de l'Est ne peuvent désormais plus entrer en Italie, et maintenant il faut y ajouter tous les Italiens qui refusent le vaccin ; “Le mouvement des biens et du dédouanement sera inévitablement ralenti”.

À Rome, des problèmes dans les transports publics surviennent dès l'absence de 5 % du personnel, et maintenant, vraisemblablement 20 % ne viendront plus travailler. Le comité "Ordre public et sécurité" du ministère de l'Intérieur a récemment décidé d'intensifier le contrôle sur tout le territoire italien, ainsi que le contrôle sur Internet et sur tous les réseaux sociaux, et de renforcer la protection des institutions officielles.

Résistance parlementaire

Le député Pino Cabras, qui dirige le parti "L'Alternativa C'è" (il y a une alternative - en opposition à la phrase célèbre de Margaret Thatcher) déclarait au parlement italien le 22 septembre :

“Le gouvernement Draghi (…) a enchaîné toute une République née libre. Il l'a transformé en un système où chaque maison est devenue une douane, chaque bureau une frontière, chaque école un checkpoint, chaque auditorium une frontière, chaque place publique une succursale de la Préfecture de police, chaque cafetéria un lieu d'apartheid.”

Également vice-président de la commission des Affaires étrangères, il a donné une interview le 9 octobre au journal Opinione pubblica :

"Aucun parti ni mouvement n'avait réussi depuis plus d'une décennie à amener une si grande foule sur la Piazza del Popolo de Rome, tel ce mouvement qui rejette l'anomalie italienne du Racket Pass. [...]
Les mass média feront tout pour cacher la portée de la nouvelle et les politiciens du régime de Draghistan affubleront le peuple d'étiquettes dénigrantes. Cependant, si le peuple est suffisamment déterminé, sa victoire est possible, l'extorsion ayant atteint (…) le seuil au-delà duquel on ne pourra plus enserrer la volonté de ces citoyens auxquels Brunetta (ministre de la Fonction publique – ndlr) veut faire payer un coût anormal, sadique, sur le plan économique, social et psychique. [...]
Les apprentis sorciers qui dirigent les régions italiennes se rendent compte un peu tard qu'il n'y aura pas, le 15 octobre, une amélioration sanitaire, mais plutôt une tragédie bureaucratique unique au monde qui va entraver des secteurs entiers de travail. Le Racket Pass est anti-constitutionnel. Les parlementaires de "L’Alternativa c’è" vont intenter des actions destinées à balayer cette atteinte au pacte civil. L'alternative à Draghistan se trouve sur la place publique”.

Et Pino Cabras a conclu :

"Il est essentiel d'éviter les provocations, qui surgissent toujours lorsque l'enjeu est la relation de force entre le peuple et le pouvoir. Le pouvoir dispose invariablement de pions violents dont il peut se servir. J'appelle à la fermeté démocratique et à isoler les fauteurs de violence".

Par ailleurs, son parti et lui iront devant la Cour constitutionnelle, car le gouvernement Draghi souhaite désormais empêcher les parlementaires non-vaccinés d'accéder aux hémicycles.

Mario Draghi, ancien chef de la Banque centrale européenne, qui se positionne au centre des projets de privatisation des biens publics et ainsi du démantèlement de l'œuvre d'Enrico Mattei, depuis au moins 1992, avait soulevé des interrogations sur sa santé mentale, lorsqu'il a déclaré le 22 juillet 2021, avec une mine patibulaire : “non ti vaccini, ti ammali o muori oppure fai morire, contagi”. (Si tu ne te vaccines pas, tu tombes malade ou tu meurs, ou tu fais mourir les autres, tu les infectes).

En somme, la confrontation autour de ce "Green Pass" semble engagée de toutes parts.

Sources :

http://www.strettoweb.com/2021/10/green-pass-in-parlamento-cabras-ci-rivolgeremo-alla-corte-costituzionale/1255271/
https://www.arezzoweb.it/2021/pino-cabras-avete-ingannato-un-intero-paese-518745.html
https://www.rainews.it/dl/rainews/articoli/Green-pass-tensione-tra-i-portuali-rischio-blocco-a-Trieste-e-Genova-e7baa65f-0785-47f0-a93e-b19e72f6f177.html

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