L’Arabie saoudite toute désignée pour présider la Commission pour les droits des femmes de l’ONU ?
Cette décision controversée, en raison des conditions de vie des femmes saoudiennes, justifie cependant sa pertinence par de récentes réformes en ce sens. Celles-ci sont de l’ordre du droit d’étudier, de voyager et de travailler sans l’autorisation d’un tuteur masculin. La 69e Commission onusienne de la condition des femmes en 2025 a donc choisi le royaume saoudien comme président en raison de ses « efforts visibles ».
Mercredi 27 mars, l’Arabie saoudite est élue, sans candidat rival ni opposition de la part des 45 membres de la Commission, à la présidence de la commission onusienne sur les droits des femmes et l’égalité des sexes dans le monde. La réunion annuelle tenue à New York a permis l’élection de l’ambassadeur saoudien Abdulaziz Alwasil, accueilli par les acclamations.
Poste qui suscite les passions, il était auparavant tenu par les Philippines. Ces derniers le quittent prématurément une année avant la fin véritable du mandat, en raison de possibles pressions venues d’Asie selon les informations de The Guardian. Toujours selon cette source, la relève était censée être assurée par le Bangladesh, mais l’Arabie saoudite aurait imposé sa candidature au terme d’un « lobbying vu par beaucoup comme une tentative de redorer son image ».
Cette nouvelle position fait alors évidemment débat et suscite l’opposition. Le directeur du plaidoyer auprès des Nations unies à Human Rights Watch (HRW), Louis Charbonneau, affiche son mécontentement sur X. « Un pays qui emprisonne des femmes simplement parce qu’elles défendent leurs droits n’a rien à faire au sein du principal forum des Nations unies pour les droits des femmes et l’égalité des sexes. » Il y a là un « mépris choquant pour les droits des femmes partout dans le monde ».
La responsable adjointe du travail de plaidoyer à Amnesty International, Sherine Tadros, souhaite quant à elle faire une piqûre de rappel quant au sens de la Charte des Nations unies qui « énonce clairement comme l’un des principaux objectifs de l'ONU le respect des droits humains ». Le sous-entendu est clair.
En effet, l’obéissance de la femme à son époux ou tuteur masculin reste inscrit dans les lois saoudiennes, le soutien financier de l’homme pouvant varier selon sa docilité.
L’auteur Fatiha Boudjahlat s’exprime sur le sujet ce jeudi 4 avril dans Le JDD.fr, cet acte met selon elle en péril « la conception universelle et universaliste des droits et du progrès humains ».
Le poste provoque régulièrement la contestation. Avec son attribution à l’Iran en 2021, finalement exclu au bout d’un an avec 29 voix à son encontre, les paris sont ouverts pour la pérennité du mandat saoudien. Les moyens permettent-ils d’assurer une position pérenne ?
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