La guerre en Ukraine, un accélérateur de l'IA militaire
La guerre en Ukraine a incité les armées à mettre à jour leurs armements, ce qui a motivé les gouvernements à investir dans les nouvelles technologies de défense. Cependant, pour les experts en innovation, l’adoption des nouvelles technologies, notamment de l’IA, doit se faire doucement, pour éviter de déployer des systèmes dangereux, défectueux et sans régulation éthique des armes autonomes.
La Chine dépense au moins 1,6 milliard de dollars par an pour s'équiper en IA
L'année dernière déjà, comme le reporte la MIT Technology Review, la Commission nationale de sécurité sur l'intelligence artificielle (NSCAI) des États-Unis (créée en 2018 pour faire des recommandations au président et au Congrès) a recommandé une mise à jour en matière d'IA d'ici à 2025, en appelant l'armée américaine à investir huit milliards de dollars par an dans ces technologies pour ne pas risquer de prendre du retard sur la Chine. En effet, selon un rapport du Georgetown Center for Security and Emerging Technologies, l'armée chinoise dépense probablement au moins 1,6 milliard de dollars par an pour le développement de technologies d’intelligence artificielle militaires. Le département américain de la Défense a de son côté demandé 874 millions de dollars pour l’IA pour 2022, bien que ce chiffre ne reflète pas le total des investissements du département dans l'IA, selon un rapport de mars 2022.
En Europe, 1 milliard d'euros pour renforcer les capacités de défense de l'UE
Dans un communiqué du 25 mai 2022, l’UE a rendu public son plan d’investissement d’un milliard d'euros pour se munir des nouvelles innovations en matière de défense. Margrethe Vestager indique dans le communiqué tirer parti des expériences dans l’innovation du privé, pour l’appliquer aux innovations dans la défense. L'objectif de la Commission est, selon le communiqué, de faire converger, d'ici à 2027, jusqu'à 2 milliards d'euros d'investissements vers l'innovation dans le domaine de la défense, sous l'impulsion du Fonds européen de la défense.
Le 30 juin 2022, l'OTAN a annoncé la création d'un fonds d'innovation d'un milliard de dollars dont l'objectif qui versera des fonds à des startups spécialisées dans des domaines tels que l'intelligence artificielle, le traitement des données ou encore l'automatisation. Idem au Royaume-Uni : le gouvernement a lancé une nouvelle stratégie au sujet de l'intelligence artificielle, spécifiquement pour la défense.
Les militaires obligés d’accélérer pour ne pas passer à côté des avancées technologiques
Selon Lauren Kahn, chercheur au Council on Foreign Relations aux États-Unis, les militaires sont dans une impasse. Ils doivent soit aller trop vite et risquer de déployer des systèmes dangereux et défectueux, ou aller trop lentement et passer à côté des avancées technologiques. Pour Arnaud Guérin, PDG de Preligens, une startup française qui vend des outils technologiques de surveillance, malgré cette demande et ce soutien au développement de nouvelles technologies de défense, les processus d’adoption sont bien plus lents que le rythme de développement de ces technologies. Pour cette raison, certains professionnels abandonnent le secteur pour des grandes entreprises de la tech comme Facebook et Google.
L'IA militaire soulève une multitude de questions éthiques
Enfin, accélérer l’adoption des nouvelles technologies militaires ne peut se faire sans réguler l'éthique des armes autonomes mortelles, telles que les essaims de drones. Des questions comme la mesure dans laquelle nous voulons que les forces armées soient automatisées, doivent être tranchées en premier lieu. Des militants, des responsables de haut niveau tels que le chef de l'ONU António Guterres et des gouvernements comme celui de la Nouvelle-Zélande soutiennent que les armes autonomes sont profondément contraires à l'éthique, car elles donnent aux machines le contrôle des décisions de vie ou de mort, et pourraient nuire de manière disproportionnée (à cause des biais algorithmiques) aux communautés marginalisées.
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