Gaza : Environ 450 000 personnes déplacées de Rafah, Israël annonce des troupes supplémentaires dans la ville

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France-Soir
Publié le 17 mai 2024 - 10:00
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Des Palestiniens déplacés se rassemblent à un point d'eau pour remplir leurs jerricans à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024
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Pilonnée par l’armée israélienne et menacée par une opération terrestre de grande envergure, Rafah est désertée chaque jour un peu plus. Depuis le 6 mai, la veille de l’entrée des troupes de Tsahal dans cette ville du sud de Gaza, “près de 450 000 personnes ont été déplacées de force”, selon l’UNRWA. Des dizaines de milliers ont quitté ce refuge mercredi 15 mai, au 76e anniversaire de la Nakba (catastrophe en arabe, NDLR), qui commémore l’exil forcé après la création d’Israël en 1948. L’accès de l’aide humanitaire, cible d’attaques de la part d’activistes israéliens, est de nouveau au centre des préoccupations après la fermeture des postes frontaliers avec l’Egypte, tandis que Tel Aviv annonce l’entrée de troupes supplémentaires à Rafah. Les négociations avec le Hamas semblent actuellement compromises tandis que la Cour internationale de Justice ouvre une audience sur une requête de l’Afrique du Sud, qui accuse encore Israël de “génocide”. 

Gaza est toujours la cible de bombardements israéliens, qui se concentrent depuis deux semaines sur Rafah, située au sud de l’enclave palestinienne et accueillant, depuis le 7 octobre dernier, environ 1,5 million de réfugiés palestiniens. Dix jours après l’entrée des soldats de Tsahal le 7 mai dernier, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dénombre près de “450.000 personnes déplacées de force”.  

Des troupes israéliennes supplémentaires annoncées à Rafah 

Le centre et l’est de Rafah ont été le théâtre de frappes aériennes ces derniers jours. Hier matin, quatre Palestiniens ont été tués dans un bombardement qui a pris leur domicile pour cible, selon l’hôpital de cette ville. Tel Aviv, qui a jusque-là rejeté toute proposition de trêve écartant une offensive sur Rafah et qui fait fi des appels de la communauté internationale, entend en finir avec le Hamas, dont les derniers membres y sont encore retranchés.  

Dans le nord de l’enclave, la ville de Gaza a également été pilonnée et au moins cinq personnes, dont une mère et son enfant, ont été tuées et d'autres blessées mardi soir dans deux frappes aériennes israéliennes. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé jeudi 16 mai un nouveau bilan de 35 272 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, dont 39 morts en 24 heures. Le nombre de blessés en plus de sept mois de guerre a atteint 79 205.  

Chez les soldats de Tsahal, cinq de ses éléments ont été tués mercredi par des "tirs amis".  

Mais le bilan des pertes civiles palestiniennes comme militaires israéliennes pourrait vite être amené à augmenter. "Des troupes supplémentaires vont entrer" dans cette ville, a annoncé le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, qui a prévu que les combats allaient "s'intensifier". Mais les appels de la communauté internationale, y compris ceux de Washington, se sont particulièrement focalisés sur l’accès de l’aide humanitaire.  

Depuis le 9 mai, deux jours après l’entrée des troupes israéliennes à Rafah, les biens humanitaires ne parviennent plus aux habitants de Gaza. Leur acheminement par le nord a fait l’objet de “vandalisme” de la part de dizaines d’activistes, qui attaquent les convois et récupère les aides pour les détruire. "Je suis scandalisé par les attaques répétées (...) d'extrémistes israéliens contre des convois d'aide", a réagi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, appelant Israël à réagir. "Cela doit cesser", a martelé Philippe Lazzarini, patron de l'Unrwa. 

Le 14 mai, la police israélienne a annoncé l’ouverture d’une enquête. Son porte-parole a précisé dans un communiqué que suite à un "trouble à l'ordre public", "les forces de l'ordre” ont procédé à “l'arrestation de plusieurs suspects".  

Le même jour, La Maison-Blanche a notifié le Congrès à propos d’une livraison d’armes à Israël pour environ un milliard de dollars, une semaine après les menaces du président des États-Unis de suspendre des livraisons. Par ailleurs, l’armée américaine a annoncé “environ 500 tonnes” d’aide humanitaire, acheminées dans les prochains jours à Gaza par le port artificiel mis en place sur le littoral gazaoui et réparties “entre plusieurs bateaux”.  

Nouvelle audience à la CIJ 

Au sud de l’enclave, l’aide humanitaire ne parvient pas aux populations civiles, menacées de famine selon l’ONU, en raison de la fermeture du poste-frontière avec l’Egypte. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé mardi soir "à la réouverture immédiate" du point de passage et à "l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire", et réitéré son appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza et à la libération de tous les otages". 

Benyamin Nétanyahou, lui, accuse l’Egypte de “prendre en otage” la population de Gaza, comme le ferait le Hamas, en bloquant de l’entrée de l’aide humanitaire depuis Rafah. “Ce n’est pas un problème pour nous. Nous ne retardons pas l’ouverture de Rafah”, a-t-il affirmé à la CNBC, au moment où son gouvernement est sujet à des tensions en raison de la gouvernance de Gaza après la guerre.  

Israel a proposé au Fatah, mouvement du président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, la gestion du point de passage de Rafah mais le porte-parole du parti a affirmé le “rejet” de cette proposition. A ce propos, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a fait savoir mercredi que l’issue des pourparlers sur un cessez-le-feu était incertaine car Israël “insiste pour occuper le point de passage de Rafah et amplifier son agression”.  

A propos de la gestion de l’enclave palestinienne, le Hamas affirme que la décision lui revient au même titre que les autres factions palestiniennes. “Nous disons que le Hamas est là pour durer (…) et ce sera au mouvement et à toutes les factions nationales [palestiniennes] de décider de la gouvernance après-guerre à Gaza”, a-t-il ajouté.  

Tel Aviv pourrait de nouveau se retrouver devant les juges de la Cour internationale de Justice (CIJ), après une quatrième requête de l'Afrique du Sud. Pretoria exige le retrait israélien de Rafah et dénonce le “génocide” commis par Israel et qui a “atteint un niveau horrible”. L’opération israélienne à Rafah est “la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien”, a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de Pretoria, à La Haye. 

Les pays arabes, réunis de leurs côtés à l’occasion d’un sommet jeudi à Bahreïn, ont appelé au déploiement de “forces internationales de protection et de maintien de la paix des Nations unies dans les territoires palestiniens occupés” jusqu’à ce que la solution des deux Etats soit mise en œuvre. 

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