Escalade de l'Otan en Europe de l'Est

Auteur(s)
Teresita Dussart, pour FranceSoir
Publié le 24 mars 2022 - 20:33
Mis à jour le 25 mars 2022 - 16:49
Image
OTAN
Crédits
JOHANNA GERON / AFP
"Le triple sommet Otan, Conseil de l’Europe, G7 confirme la tendance atlantiste engagée depuis dix ans".
JOHANNA GERON / AFP

CHRONIQUE - Le triple sommet Otan, Conseil de l’Europe, G7 confirme la tendance atlantiste engagée depuis dix ans, consistant à renforcer ses positions sur le flanc oriental de l’Europe. Ce n’est plus une question d’élargissement, mais de présence. Une zone du monde où, grâce à une subtile politique clientéliste, la marge d’expansion et d’influence de l'Otan est totale. Dès la fin de la matinée, l’Otan annonçait quatre nouvelles bases en Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie. Soit 100 000 soldats sous commandement direct américain et 40 000 sous commandement de l’Otan sur le continent européen. Le tout dans un contexte de guerre larvée avec la Russie. Joe Biden précise que c'est pour mieux nous protéger.

Ce déploiement est précédé par les déclarations alarmistes du Premier ministre polonais, Joi Mateuw Morawiecki, selon lequel la Russie est devenu "un État totalitaire" et "qu’après l’Ukraine, Poutine va avancer sur Helsinki, Varsovie, Bucarest et peut-être Berlin". Les hostilités entre la partie orientale de l’Europe, à dominante slave, balkanique ou balte ont atteint un point de non-retour. Il y a une semaine, Morawiecki avait demandé "l’arrêt de toute forme de commerce entre l’UE et la Russie".

La veille du sommet, et la date n’est pas un hasard, le gouvernent polonais avait ordonné l’expulsion de 45 diplomates russes, les accusant de se livrer à des activités d’espionnage. Un individu a d’ailleurs été détenu au motif d'actes d’intelligence avec la Russie. Pour le Ministère des affaires étrangères russe, "il s’agit d’un pas assumé vers la destruction définitive des relations bilatérales. Les alliés polonais se sont engagés à démanteler ces relations de forme systématique depuis longtemps. (…) Nous le voyons et nous en tiendrons compte dans la pratique envers la Pologne". Dans le même communiqué, la Russie estime que "Varsovie s’est engagée dans une dangereuse escalade qui ne va dans le sens de ses intérêts, mais dans ceux des lignes directrices de l’Otan. L’Alliance est engagée dans une franche russophobie".

La Pologne est donc à cinq minutes de rompre les relations diplomatiques avec la Russie. D’autres pays de l’ancien bloc de l’Est pourraient suivre. Un discours menaçant, doublé d'une teinte courtisane à l'égard du bloc occidental, est savamment entretenu. Des États faillis, des économies frontières d’Europe de l’Est se retrouvent bientôt dans la cour des grands, du fait de leurs intérêts géostratégiques. La Roumanie est en première ligne. Le président Klaus Iohannis a davantage de relation avec le président des États-Unis que celle que ce dernier pourrait entretenir avec un chef d’État du sud de l’Europe.  La Roumanie attend beaucoup de dividendes du nouvel instrument de Boussole Stratégique, mis en place par le Conseil de l’Europe le 21 mars dernier, dans le cadre d’un plan de sécurité d’ici à 2030, en coordination avec l’Otan. On en parle plus à Bucarest qu'à Paris.

Dans le cadre de l’expansion de l’Union européenne, il y aurait donc des nations qui de par leur histoire entretiennent une attitude extrêmement vindicative à l’égard de la Russie. Nations en osmose totale avec le pacte de sécurité nord-atlantique et donc les intérêts partisans américains du moment. Et puis le cœur de l’Europe occidentale qui ayant su entretenir des relations plus sereines avec la Russie postsoviétique, voire de distance critique avec l’Otan ce, à des degrés divers. Ces pays de l’Europe orientale, encore très ethnicisés, se sont graduellement engagés dans une radicalité de guerre froide, propre à une histoire qui leur appartient, laquelle entre en collision avec les garanties de paix et de sécurité de l’Europe occidentale.

À LIRE AUSSI

Image
Diffusé au Parlement israélien, le discours de Volodymyr Zelensky a également été retransmis sur une grande place de Tel-Aviv, devant des centaines d'opposants à la guerre.
Zelensky face à la Knesset, "au bord de la négation de la Shoah"
Le discours du président Volodymyr Zelensky hier, face à la Knesset réunie en visioconférence, n’en finit pas de déclencher de vives réactions dans l’ensemble de l’arc...
21 mars 2022 - 15:12
Politique
Image
Le président ukrainien s'exprimait devant l'Assemblée nationale, à Paris le 23 mars 2022.
Zelensky demande que les entreprises françaises quittent la Russie
CHRONIQUE - Le président Volodymyr Zelensky, désormais coutumier du fait, s’est adressé à 15 h 00, heure locale, à l’ensemble de la représentation populaire française....
23 mars 2022 - 18:10
Politique
Image
Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, à l'Elysée le 21 mars 2022
Maroc, Algérie, Espagne, l’autre chaudron de crise énergétique et diplomatique
CHRONIQUE — Entre l’Espagne, l’Algérie et le Maroc se déroule un drame à trois qui n’est pas sans rappeler certains éléments du conflit russo-ukrainien. Un des dénomin...
22 mars 2022 - 11:59
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.