Deuxième impeachment, deuxième flop
Samedi 13 Février, le Sénat a « acquitté » Donald J. Trump, avec un vote de 57 voix pour et 43 contre, alors qu’il fallait une majorité des deux tiers. Cette seconde procédure d’impeachment lancée contre lui a été expédiée en moins d’un mois, au mépris des principes du droit et de la Constitution. Comme lors de la première procédure en 2019, le résultat était connu d’avance. Pourquoi un tel acharnement ? Pour certains commentateurs, le but était de rendre Trump inéligible pour s’assurer que jamais il ne revienne en politique. Alors que se met en place une nouvelle administration, les élus démocrates et les sept républicains (Lisa Murkowski, Richard Burr, Bill Cassidy, Susan Collins, Mitt Romney, Ben Sasse, Patrick Toomey) qui ont voté dans ce but n’ont-ils pas mieux à faire que d’orchestrer une deuxième mise en accusation du président sortant ? La démarche procède plus du théâtre politique et pourrait prêter à plaisanterie si l’Amérique n’était pas, avec le reste du monde, frappée par la crise du coronavirus et ses conséquences désastreuses pour la population et l’économie.
Les membres du Congrès ont accusé Donald Trump d’avoir volontairement poussé ses partisans à prendre d’assaut le Capitole. Plutôt que de représenter le peuple qui les a élus et faire avancer les actions en cours pour soutenir les millions d’Américains frappés par la crise, ils ont résolu de faire porter à Donald Trump la responsabilité de l’insurrection du 6 janvier. Etant donné la gravité de la procédure, et selon la clause 6 de l’article 1 de la Constitution, le juge en chef de la Cour Suprême doit présider le Sénat. John Roberts pourtant, dont l’inaction pendant les recours concernant les fraudes intervenues pendant les élections présidentielles a déconcerté des millions d’Américains, a refusé de présider cette procédure d’impeachment. Car la démarche n’a rien de constitutionnelle. L’article 2 – section 4 de la Constitution est très clair et concerne les élus en exercice : Le président, le vice-président et tous les fonctionnaires civils des États-Unis seront destitués de leurs charges sur mise en accusation et condamnation pour trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs. Or, depuis le 20 janvier, Trump est redevenu simple citoyen américain. Malgré l’avis de nombreux experts, la Chambre n’a pas été découragée pour autant et le Sénat a décidé d’auto-présider ce semblant de procès, effaçant ainsi les limites entre le législatif et le judiciaire, puisque dans ce cas, le président a aussi une voix dans le verdict. Les avocats de Trump n’ont pas manqué de le souligner : “lorsque le Sénat entreprend un procès en destitution d'un simple citoyen, il agit en tant que juge et jury plutôt qu'en tant qu'organe législatif ».
Dans leur charge expéditive, les managers de l’impeachment ont adroitement tortillé ensemble des extraits de la Constitution pour tenter de justifier la raison d’être de cet impeachment : prévenir un crime commis par un président élu durant le dernier mois de son mandat… Comme le souligne Rick Green, avocat constitutionnel, la question de fond concernant l’application de l’article en question à un président qui n’est plus en exercice a été soigneusement évitée. Le public a assisté à une mise en scène orchestrée, avec des montages habiles d’extraits vidéo venant appuyer la mise en accusation de l’ancien Président. Les élus démocrates ont appuyé à gros traits en jouant la corde de l’émotion, dramatisant à l’extrême l’envahissement du Capitole. Pour justifier l’accusation, la représentante Madeleine Dean a ainsi compté le nombre de fois où Trump a utilisé le mot « combattre » dans ses discours. Un verbe utilisé par les politiciens de tous bords, aussi bien que dans le sport et dans les affaires… Difficile d’y trouver un appel à la violence et à l’insurrection. Les avocats de Trump ont rapidement démonté les effets de cette mise en scène inspirée d’un film hollywoodien, de la falsification des tweets au montage orienté des vidéos, en passant par la violation de la procédure, car celle-ci ne résiste pas à l’épreuve des faits.
Lorsqu’on visionne les images des événements du 6 janvier – sans les coupes démocrates – on constate d’abord que la foule a objectivement été invitée à entrer dans l’enceinte du Capitole par les forces de l’ordre. Quand certains manifestants ont commencé à casser les vitres pour pénétrer à l’intérieur du bâtiment, les policiers stationnés au pied des marches n’ont rien fait pour les arrêter ; les images montrent certains citoyens « trumpistes » les interpeller en les suppliant d’intervenir. Une fois à l’intérieur, une femme non armée, visée pratiquement à bout portant, a été tuée par un gardien. L’assaut du Capitole a fait cinq morts, dont un policier. C’est cinq morts de trop. Mais les émeutes de l’été 2020 dans plusieurs villes américaines ont été accompagnées de violence et de destructions (voitures incendiées, vitrines brisées, immeubles et commerces mis à sac…) et ont coûté la vie à 25 Américains. Les extraits de discours de certains démocrates soutenant ces émeutes et présentés à juste titre par les avocats de la défense ressemblaient davantage à des appels à l’insurrection et à la violence que les discours de Donald Trump. L’avocat de la défense, Michael Van der Veen, a rappelé que John Sullivan, activiste membre d’Antifa, a infiltré l’insurrection du Capitole avec l’intention déclarée de commettre des actes de violence, et a été arrêté une semaine après par le FBI. En fait, dès le 20 janvier 2021, un article publié dans le vénérable Washington Post - dont la ligne anti-Trump est avérée - a révélé, documents légaux à l’appui, que des miliciens de différents états avaient conspiré et planifié plusieurs jours à l’avance la « prise du Capitole ». Ces documents démontrent un véritable degré de préparation de ces milices et leur détermination à agir contre la loi pour perturber la procédure électorale prévue ce jour-là. Curieusement, l’article a été immédiatement archivé et la question demeure : qui a soutenu et payé ces milices et dans quel but ?
D’après Mark Meadows, ancien chef d’état-major de la Maison-Blanche, l’ancien président a proposé officiellement de déployer 10 000 soldats de la Garde nationale à Washington D.C. avant le 6 janvier pour assurer la sécurité des débats. Son offre est restée sans réponse. Le discours que Trump a prononcé le 6 janvier s’est terminé vingt minutes après le début de l’événement. La fin de son discours a également été volontairement coupé par les managers démocrates : « Je sais que vous allez vous rendre au Capitole pour faire entendre votre voix pacifiquement et avec patriotisme. »
La prise illégale d’un bâtiment public est condamnable et les acteurs de cet événement doivent être poursuivis par la justice. Par contre, cet assaut orchestré à l’avance par certains, a tout simplement évité les objections qui allaient être présentées devant le Congrès et qui auraient prolongé le processus électoral en cours. Près d’une centaine d’élus, représentants du congrès et sénateurs s’étaient positionnés publiquement pour présenter des objections au décompte des voix des grands électeurs. Si la Chambre - selon son rôle constitutionnel - avait dû les entendre, débattre et voter, le processus aurait duré et le cours de l’élection aurait peut-être été changé.
La pièce de théâtre jouée par les démocrates et relayée par les médias dominants depuis 2016, fondée sur la haine et la division, utilise toujours le même scénario : "Blame it on Trump" ("Rendez Trump responsable"). Ces messages sans fondement, répétés ad nauseam selon les principes connus de la propagande, montre une nouvelle fois l’hypocrisie des décisions et des actions politiques des démocrates et de certains républicains, utilisant deux poids deux mesures et mettant à mal l’impartialité de la justice.
Alors que l’impeachment est une procédure qui doit rester exceptionnelle, Trump y aura été soumis deux fois. Une telle « farce » va cependant constituer un précédent en créant une ouverture pour tenter de destituer un élu - en poste ou non - qui s’opposerait au pouvoir dominant. Ces manœuvres politico-judiciaires réitérées contribuent à brouiller la séparation des pouvoirs qui assure la stabilité de la république. Et contrairement à l’appel sans conviction de Joe Biden à l’unité, elles concourent à diviser le pays.
Comme l’a affirmé Trump dans son message de remerciement suite à son acquittement :
« C'est un triste commentaire sur notre époque qu'un parti politique américain se voie accorder un laissez-passer gratuit pour dénigrer l'Etat de droit, diffamer les forces de l'ordre, excuser les émeutiers et transformer la justice en un outil de vengeance politique en persécutant, annulant et supprimant toutes les personnes et points de vue avec lesquels ils ne sont pas d'accord. »
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