Chili, Mercosur… rien n’arrête le fol agenda de Bruxelles
MONDE - Mercredi 24 janvier, en pleine révolte agricole, le Parlement européen a approuvé un nouvel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Chili. Et le commissaire européen au commerce vient tout juste d’annoncer que le Mercosur serait signé avant les élections européennes.
A quoi joue Bruxelles ? Alors que les manifestations des agriculteurs battent leur plein en Allemagne, que la France semble emboîter le pas, les députés de la commission du commerce international ont donné leur feu vert au “renforcement des liens politiques et économiques avec le Chili" par 66 voix contre 12 (et 4 abstentions). Le Parlement doit confirmer ce vote lors de sa deuxième session de février à Strasbourg.
Agriculture contre combustibles
D’un côté, cet accord prévoit de grandement faciliter les importations de matières premières et de combustibles (lithium, cuivre, hydrogène) vers l’Union européenne. Les entreprises spécialisées dans ce secteur auront aussi moins de contraintes pour s’implanter sur le territoire chilien. Mais tout cela a un prix, et comme souvent, c’est l’agriculture qui paiera la facture. En contrepartie, le texte prévoit d’abolir les droits de douanes à hauteur de 96 % sur les importations en provenance du chili.
Avec l’entrée en vigueur de ce nouvel accord de libre-échange, les exportations chiliennes vers l’Hexagone pourraient atteindre 9 000 tonnes par an pour le porc, 4 000 tonnes pour la viande ovine, 2 000 tonnes pour le bœuf ! Le secteur de la volaille, déjà très perturbé par les importations ukrainiennes, passerait de 18 000 tonnes de poulet importées à près de 40 000 !
Tout comme celui passé avec la Nouvelle-Zélande, le texte promet de protéger la commercialisation de 216 indications géographiques européennes. Il fait aussi mine de prendre des sanctions, “en dernier recours”, en cas de violation grave de l’Accord de Paris sur le changement climatique et sur les obligations sociales et de travail de l’Organisation internationale du travail. Sans doute pour faire oublier l’absence de réciprocité des normes entre les deux productions agricoles… Pas de quoi calmer la colère des agriculteurs, donc.
Et, last but not least, le commissaire européen au commerce vient de faire savoir que l'accord avec le Mercosur serait signé avant les élections européennes de juin !
Une conclusion des négociations avec le Mercosur avant la fin de ce mandat
Lors d’une conférence de presse à Bruxelles le 23 janvier, Valdis Dombrovskis, commissaire européen au commerce, a déclaré qu’une "conclusion de négociation avec le Mercosur est à portée de main avant la fin de ce mandat".
Pour rappel, le traité Mercosur est signé depuis 2019, mais n’a jamais été ratifié en raison des inquiétudes européennes sur l’engagement écologique du Brésil. Des inquiétudes vite envolées une fois le président Lula réélu au pouvoir en janvier 2023, alors que les discussions étaient au point mort sous la présidence de Jair Bolsonaro. Une délégation européenne s’était rendue à Brasilia en septembre dernier, pour finaliser les négociations.
Que se prépare-t-il dans les cartons ? Une libéralisation à 82 % des importations agricoles ! Les agriculteurs français apprécieront.
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