BRICS et Occident : Le président sud-africain note un "ressentiment grandissant"

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France-Soir
Publié le 23 juin 2023 - 19:30
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Emmanuel Macron, Cyril Ramaphosa et Brigitte Macron
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LUDOVIC MARIN / AFP
Emmanuel et Brigitte Macron saluent le président sud-africain Cyril Ramaphosa à son arrivée pour un dîner officiel au palais de l'Élysée, en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023.
LUDOVIC MARIN / AFP

DÉPÊCHE — Vendredi 23 juin, lors du "Sommet pour un nouveau pacte financier mondial", le président sud-africain Cyril Ramaphosa a vertement critiqué l'Occident. Dénonçant des promesses non tenues et un mépris à peine masqué, notamment pendant la crise du Covid-19, il a remis en lumière des relations tendues et mensongères. De quoi s'attendre à de nouvelles évolutions géopolitiques entre l'Occident et les BRICS.

Organisé à Paris, le sommet réunissait une quarantaine de chefs d'États, afin de mettre en place des "taxations destinées à lutter contre le réchauffement climatique et la pauvreté". Pour Emmanuel Macron, il s'agissait de "bâtir l'unité de la communauté internationale". Si une feuille de route a bien été établie, le chantier des inégalités semble encore laborieux.

Un ressentiment grandissant envers l'Occident

C'est le président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui le laisse entendre. En premier lieu, il évoquait la question de l'accès aux vaccins, dénonçant le monopole créé par l'Occident et ses achats massifs. Les nations africaines "ont eu l'impression d'être des mendiantes quand elles ont eu besoin d'avoir accès aux vaccins", a-t-il déclaré. Pire, le continent africain aurait été confronté à "une résistance énorme" de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)" quand ils ont voulu fabriquer leurs propres vaccins. Il pose la question sans sourciller : "Qu'est-ce qui est le plus important ? La vie ou les profits de vos grandes sociétés pharmaceutiques ?" Selon lui, le sentiment partagé est que "la vie dans l'hémisphère nord est beaucoup plus importante que la vie dans le sud".

Revenant sur le sujet du climat, il rappelait une promesse de l'Occident datant de 2009 : fournir 100 milliards de dollars par an. Pour l'instant, il n'en a pas vu la couleur.

Pour toutes ces raisons, il assure que le ressentiment des pays africains envers l'Occident va grandissant.

BRICS par BRICS

Une position qui n'est pas de bon augure pour Emmanuel Macron, lui qui a demandé à participer au prochain sommet des BRICS, en août prochain. Une fois n'est pas coutume, le président français cherche à jouer les "intermédiaires" en affichant "sa disponibilité et son intérêt", mais n'est pas toujours bienvenu.

Réunissant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, cette réunion se déroulera justement dans le pays de Cyril Ramaphosa. C'est donc lui qui autorisera, ou non, la présence d'Emmanuel Macron. Pour l'instant, et ce n'est pas surprenant, Moscou a clairement fait valoir sa désapprobation.

Lire aussi : Macron s’invite au prochain sommet des BRICS, Moscou dit "niet" à une possible "présence inappropriée"

Au vu de ce qui s'est dit à Paris aujourd'hui, il paraît peu probable que le président français fasse son apparition au sommet, d'autant qu'il s'agirait d'une grande première dans l'histoire des BRICS.

Pour rappel, les récentes visites d'Emmanuel Macron en Afrique n'ont pas toujours été vues d'un bon œil. En juillet 2022, il s'était rendu au Cameroun pour faire la morale à son président, lui reprochant sa docilité vis-à-vis de la Russie, ainsi que ses problèmes de corruption. Cette position pour le moins paternaliste lui avait valu de nombreuses critiques. La journaliste Christine Kelly résumait sur Twitter :

Plus récemment, en mars 2023, c'est au président congolais qu'Emmanuel Macron s'est confronté. Alors qu'il souhaitait poser les jalons d'une "nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable" entre les deux pays, son homologue a lui-même rééquilibré les rapports : "Regardez-nous autrement, en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires, et non pas toujours avec un regard paternaliste avec l'idée de toujours savoir ce qu'il faut pour nous."

Si tout cela est éminemment géopolitique, depuis quelque temps, les pays d'Afrique semblent se tourner davantage vers la Chine et la Russie que vers l'Occident.

Ce mois-ci, Cyril Ramaphosa a dirigé une délégation de paix africaine de sept pays à Moscou et à Kiev pour tenter de mettre fin au conflit.

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