Après la guerre contre le virus, la guerre des mots, un diplomate chinois à Paris veut rétablir les faits

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France-Soir
Publié le 15 avril 2020 - 18:17
Mis à jour le 18 avril 2020 - 19:11
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Guerre des mots
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France Soir
Guerre des mots ou guerre économique
France Soir

La victoire contre la pandémie, n’est pas encore acquise, la fin n’est même pas en vue que les guerres intestines vont bon train.  Après la bataille de la chloroquine, la polémique des masques et des tests, voilà la guerre des mots.  Il faut bien trouver un responsable. 

Le contexte actuel de la guerre des mots avec d’un côté :

  • La guerre commerciale sino-américaine, qui a animée la meilleure partie de 2019 et avait tenu le monde économique en haleine, continue. Cela se caractérise avec la décision du président Trump de ne plus financer l’OMS (14 avril 2020).  Le motif invoqué est lié à l’attitude de l’OMS jugée trop conciliante envers la Chine.
  • La disparition annoncée de certains journalistes chinois ayant dénoncé les agissements des autorités.
  • L’ambassadeur de Chine à Paris convoqué par Le Drian pour s’expliquer sur les propos tenus.
  • La crédibilité des chiffres chinois et le retard sur leur publication quand on connaît le pouvoir de la censure.

D’un autre les vérités énoncées par ce diplomate chinois : « Des faits distordus qui méritent une réponse » dont voici les principaux éléments et messages :

  • Un retard à l’action des européens et américains pendant les deux mois qui ont suivi le premier signalement de la Chine et un mois après la fermeture de Wuhan.
  • La minimisation de la pandémie par les gouvernements européens et américains « ce n’est qu’une gripette » « qu'il était inutile de s'inquiéter, que de fait, le risque de le voir circuler dans leurs pays était minime ».
  • La diffamation de la Chine des médias et experts à s'en moquer à coups de bonnes blagues et à espérer pour elle un « effet Tchernobyl ». 
  • L’absence de groupe de travail pour réfléchir aux mesures de lutte contre l’épidémie ou à l'approvisionnement en équipements médicaux indispensables pour éviter d'être pris de court.
  •  Le manque de préparation des autorités britanniques à propos des mesures de prévention sanitaires britanniques.
  • Et pour finir, la démission du Président du Conseil européen pour la Recherche (ERC), Mauro Ferrari, a déclaré « avoir perdu la foi dans le système » de gestion européenne de la pandémie et a démissionné avec fracas. »

Un détour par Taiwan, pays « proche » de la Chine, permet de comprendre que l'information était disponible et qu'il est important dans les pandémies de prendre les bonnes mesures en temps et en heure.  Taiwan, ayant tiré les leçons du SRAS, s’était préparé à une attaque virale en mettant en place un Centre de commande de la santé ayant comme mission l'anticipation de ces crises.  Les voyageurs ont été placés en quarantaine dès le 31 décembre, au moment où la Chine divulguait les informations à l'OMS. Sans attendre, début janvier 2020, une cellule de gestion de la crise interministérielle a été mise en place ; suivie de mesures complémentaires mais coordonnées de manière centrale dans la plus grande transparence avec la population.  Anticiper, préparer, répondre à l'attaque par des actes empêchant toute polémique ont permis à ce pays de contenir l'épidémie.  De nombreuses leçons seront à tirer de cet exemple. 

Alors que l’attention générale doit se porter sur les solutions sanitaires et économiques à la crise en cours et que les statistiques comptent encore la disponibilité des lits d’hôpitaux, les guéris et les décès, la guerre des mots a déjà commencé.  Va-t-on assister à la création d’un site internet pour compter les points.

Ceci est un vrai sujet qui devrait nous préoccuper tous car la guerre des mots cache une toute autre réalité : la continuation de la guerre économique de ces dernières années.

 

 

 

 

Extrait de l’article du Washington Post qui lance la polémique des mots :

« Le Département d’État Américain mis en garde contre les problèmes de sécurité au laboratoire de Wuhan qui étudie les coronavirus chauves-souris. Deux ans avant que la nouvelle pandémie de coronavirus ne bouleverse le monde, des responsables de l’ambassade des États-Unis se sont rendus à plusieurs reprises dans un centre de recherche chinois de la ville de Wuhan et ont envoyé deux avertissements officiels à Washington au sujet d’une sécurité inadéquate au laboratoire, qui menait des études risquées sur les coronavirus des chauves-souris. Les câbles ont alimenté les discussions au sein du gouvernement américain sur la question de savoir si tel ou tel Wuhan lab a été la source du virus - même si des preuves concluantes n’ont pas encore émergées. Washington Post 14 avril 2020.

Nous reproduisons ci-après le texte de ce diplomate chinois : 

Le 8 avril, après 76 jours à l'isolement, l'ordre de confinement de Wuhan a enfin été levé, ramenant partout ses habitants dans les rues pour y fêter le retour à la vie normale. Au début de la lutte contre l'épidémie, les dirigeants chinois ont fièrement proclamé « la victoire de Wuhan, sera la victoire du Hubei. La victoire du Hubei, sera la victoire de la Nation ». Ainsi, le déconfinement de Wuhan montre que la Chine est sortie victorieuse de son combat contre l'épidémie de coronavirus.

Cependant, il s'agit davantage d'une victoire d'étape que d'une victoire totale car, parallèlement, aujourd'hui à l'étranger, l'épidémie poursuit sa course folle avec 1,66 million de personnes infectées dans le monde, avec 5 pays comptant plus de 100 000 cas, dont 500 000 cas aux États-Unis et 4 pays déplorant plus de 10 000 décès. Les terribles ravages causés par le développement de ce fléau sur la vie et la santé des populations frappées, ainsi que sur leurs sociétés et leurs économies, nous inspirent inquiétude et compassion. Notre vœu est que tous les pays du monde joignent leurs efforts pour lutter ensemble contre cet ennemi commun et pour en triompher au plus tôt.

Et pourtant, à l'heure où le monde entier se mobilise contre l'épidémie, des médias qui se prennent pour des parangons d'impartialité et d'objectivité, des experts et des politiciens de certains pays occidentaux semblent plus soucieux de calomnier, de stigmatiser et d'attaquer la Chine que de réfléchir aux moyens de contenir l'épidémie chez eux et dans le reste du monde. La victoire de la Chine sur l'épidémie leur donne des aigreurs. Avec leurs thèses fabriquées de toutes pièces, selon lesquelles la Chine a « tardé à réagir » et a « caché la vérité », ils la présentent comme le grand responsable de la pandémie, et sa victoire sur le coronavirus est fait figure de crime abominable. En revanche, que les pays occidentaux aient sous-évalué la gravité du virus ou qu'ils aient tardé à prendre des mesures ad-hoc, rendant ainsi l'épidémie incontrôlable, ne leur pose aucun problème de conscience et ne trouble en rien leur sommeil. Certains médias et analystes ont souligné à maintes reprises que la Chine avait, dans un premier temps, perdu « trois précieuses semaines », soutenant mordicus que : « Si les autorités chinoises avaient réagi trois semaines plus tôt, elles auraient pu considérablement limiter la propagation mondiale du virus et 95% de contaminations auraient pu être évitées. »

Nonobstant le fait que les scientifiques ont eu besoin de temps pour étudier et comprendre ce coronavirus jusque-là totalement inconnu, regardons de plus près ce qu'a fait la Chine durant ces trois premières semaines : Dès le 30 décembre dernier, nous signalions publiquement des cas de pneumonies inconnues. A partir du 3 janvier, nous tenions régulièrement informés l'OMS et le monde entier sur la progression du mal et, en un temps record, nous sommes parvenus à en identifier l'agent pathogène. Le 11 janvier, nous partagions avec l'OMS le séquençage complet du génome du virus. Le 23 janvier, au moment de la fermeture de Wuhan, il y avait en Chine plus de 800 personnes contaminées et seulement 9 à l'étranger. Or, c'est plus d'un mois après cette date que l'épidémie a démarré en Europe et aux États-Unis.

Si après avoir fait tant de choses les trois premières semaines, on considère toujours que « la Chine a traîné », qu'ont donc fait les Européens et les Américains pendant les deux mois qui ont suivi le premier signalement de la Chine et un mois après la fermeture de Wuhan ? Leurs dirigeants ont déclaré qu'il ne s'agissait que d'une « grippette », qu'il était inutile de s'inquiéter, que le virus ne frappait que les Jaunes et que de fait, le risque de le voir circuler dans leurs pays était minime. Leurs médias et experts, tout en se complaisant dans une sérénité aveugle de leurs pays, se sont employés à diffamer la Chine, à s'en moquer à coups de bonnes blagues et à espérer pour elle un « effet Tchernobyl ». En revanche, il ne s'est trouvé personne pour réfléchir aux mesures de lutte contre l'épidémie ou à l'approvisionnement en équipements médicaux indispensables pour éviter d'être pris de court. Le Rédacteur en chef du magazine britannique The Lancet a qualifié de « scandale national » les mesures de prévention sanitaires britanniques. Récemment, le Président du Conseil européen pour la Recherche (ERC), Mauro Ferrari, a déclaré « avoir perdu la foi dans le système » de gestion européenne de la pandémie et a démissionné avec fracas.

Des médias et des experts ont accusé la Chine d'avoir caché les vrais chiffres de la pandémie. D'après eux, avec 1,4 milliard d'habitants, comment croire qu'elle n'a eu qu'environ 80 000 personnes contaminées et seulement un peu plus de 3000 décès ! Ils en ont déduit que la Chine avait forcément menti. Et pourtant si la Chine a obtenu ce résultat, ce n'est ni par le mensonge ni par la dissimulation, mais bien parce que le gouvernement chinois a pris les mesures de prévention et de contrôle les plus complètes, les plus rigoureuses et les plus strictes pour détecter, signaler, isoler et traiter les personnes contaminées avec un maximum de réactivité, dans le souci premier de préserver la vie et la santé de sa population. La Chine n'a pas craint d'amputer son PIB de milliers de milliards de yuans, d'injecter des centaines de milliards de yuans dans des ressources, de mobiliser plus de 40 000 soignants venus des quatre coins du pays pour aller soutenir Wuhan et le Hubei, et finalement vaincre l'épidémie en seulement deux mois.

Or, dans le même temps, en Occident, on a vu des politiciens s'entre-déchirer pour récupérer des voix ; préconiser l'immunisation de groupe, abandonnant ainsi leurs citoyens seuls face à l'hécatombe virale; s'entredérober des fournitures médicales ; revendre à des structures privées les équipements achetés avec l'argent public pour s'enrichir personnellement ; on a fait signer aux pensionnaires des maisons de retraite des attestations de « Renonciation aux soins d'urgence »; les personnels soignants des EHPADs ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie ; on a vu le Commandant d'un porte-avions demander à ses supérieurs l'autorisation d'accoster pour permettre à des marins infectés d'être traités à terre. Il a été limogé..., et j'en passe. Et pourtant, je n'ai pas vu beaucoup de reportages ou d'enquêtes approfondies des grands médias occidentaux révélant ces faits. Ces médias et ces experts, tant épris d'objectivité et d'impartialité, ont-ils donc une conscience ? Ont-ils la déontologie ?

Pour dénigrer les efforts de la Chine, certains politiciens et médias occidentaux ont pointé du doigt l'OMS, l'accusant d'être trop pro-chinoise. Certains ont même appelé à supprimer les sources de financement de l'Organisation. Depuis le début de l'épidémie, la Chine a coopéré étroitement avec l'OMS. Elle l'a informée sans délais et a invité ses experts à se rendre en mission pour des visites de terrain. L'Organisation a fait l'éloge des mesures prises par la Chine ainsi que de ses résultats en matière de lutte contre l'épidémie. Elle a même affirmé que l'approche chinoise constituait une nouvelle référence pour le monde. Il s'agissait là d'une évaluation objective et impartiale. Cependant, l'OMS a fait l'objet d'un véritable siège de la part des pays occidentaux, certains lançant même des attaques ad-hominem contre son Directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les autorités taiwanaises, soutenues par plus de 80 parlementaires français dans une déclaration co-signée, ont même utilisé le mot « nègre » pour s'en prendre à lui. Je ne comprends toujours pas ce qui a pu passer par la tête de tous ces élus français.

Les médias occidentaux antichinois nous attaquent toujours avec les deux mêmes procédés : d'abord en inventant des mensonges, puis en les martelant sans relâche. Craignent-ils d'être démentis ? Aucunement, car le mensonge « court, à peine lâché ». Même s'il finit par être découvert, la rumeur, telle un virus, a déjà fait le tour du monde. Et pour lui donner corps, ils les répètent en boucle, comme un disque rayé. « Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité. » Tel est leur crédo et leur modus operandi. Dans leurs mensonges ressassés, la Chine, qui a réussi à vaincre l'épidémie en sauvegardant les intérêts premiers de son peuple, passe pour la « pêcheresse ». Quant aux politiciens, aux journalistes en poste en Chine, aux piètres « sinologues » de certains pays occidentaux qui se sont livrés à des forfaitures répétées, qui ont fait si peu de cas de la vie de leurs compatriotes, et qui sont si prompts à accuser les autres, ils s'érigent maintenant en « juges », posture ô combien nuisible pour eux comme pour les autres.

Un cyber-écrivain a dit un jour quelque chose de très profond : « Lorsque la seiche est en danger, elle crache son encre pour noircir l'eau et en profite pour prendre la fuite. C'est une tactique bien connue de certaines élites politiques et culturelles occidentales. » Ils ont voulu tout simplement imputer à la Chine la responsabilité de leur propre incapacité à faire face à l'épidémie et aux multiples tragédies qui s'en sont suivies, et de la sorte, « se blanchir totalement. »

Au moment où je termine mon texte, je découvre un rapport sur le Net. Ce 8 avril, la revue universitaire de renommée mondiale, PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) a publié un article co-écrit par des universitaires britanniques et allemands intitulé Analyse du réseau phylogénétique des génomes du SARS-CoV-2. Le premier auteur de l'article est le Dr Peter Forster de l'Université de Cambridge. Selon l'étude, les chercheurs ont classé le nouveau coronavirus en trois types (A, B et C) en fonction de leur évolution. Celui de type A est le plus proche des virus extraits de la chauve-souris et du pangolin. C'est celui le plus fréquemment identifié chez les patients infectés aux États-Unis et en Australie. C'est celui que les chercheurs appellent « la racine de l'épidémie ». Les souches de type B sont des variantes du type A et sont principalement présentes en Chine. Celles qui se disséminent à grande échelle en Europe sont celles du type C. Hélas, il semble que les résultats des recherches du Dr Peter Forster n'intéressent pas les grands médias occidentaux.

 

 

 

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