Taubira, icône de gauche opposée à la déchéance de nationalité, claque la porte

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 janvier 2016 - 16:39
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Christiane Taubira buste veste rouge
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François Hollande a pour sa part "salué" le travail de Christiane Taubira Place Vendôme depuis 2012.
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La ministre de la Justice Christiane Taubira a décidé de démissionner du gouvernement, en raison des désaccords persistants sur la réforme de la Constitution, et plus particulièrement sur l'extension de la déchéance de nationalité. "Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir", a-t-elle tweeté juste après l'annonce de son départ, ce mercredi matin.

La déchéance de nationalité aura eu raison de Christiane Taubira: la garde des Sceaux, devenue une icône de la gauche et une cible privilégiée de la droite et l'extrême-droite depuis 2012, a remis ce mercredi 27 sa démission à François Hollande, qui l'a acceptée. Mme Taubira a été remplacée par Jean-Jacques Urvoas, proche de Manuel Valls et président de la commission des Lois à l'Assemblée nationale.

S'il a "salué" le travail de Mme Taubira Place Vendôme depuis 2012, François Hollande a souligné, lors du Conseil des ministres, la nécessaire "cohérence dans l'action" et l'"éthique collective" au sein du gouvernement. Or, censée porter cette réforme décidée après les attentats du 13 novembre, Mme Taubira n'avait pas caché son opposition à l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français. En décembre, elle avait même annoncé son abandon sur un média algérien, avant d'être désavouée par l'Elysée et Matignon.

"Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit", a tweeté Mme Taubira peu après sa démission, décidée selon l'Elysée avant le départ de M. Hollande en Inde le week-end dernier. Elle a fait une déclaration à la presse à 15h15 à la Chancellerie, juste avant la passation de pouvoir avec son successeur Jean-Jacques Taubira.

Une cascade de réactions a accompagné la démission de Christiane Taubira, devenue une figure de la gauche depuis la réforme du mariage homosexuel mais également une des cibles favorites de la droite et l'extrême droite, et objet aussi parfois d'attaques racistes.

L'ex-députée de Guyane s'est dite "fière" de son action Place Vendôme depuis 2012. "La Justice a gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s'y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue", écrit-elle.

Marine Le Pen, présidente du Front national, a salué "un soulagement" et "une bonne nouvelle pour la France". Pour Guillaume Larrivé (Les Républicains), Mme Taubira a été "la pire ministre de la Justice de la Ve République". "Pour une fois, je n'avais pas demandé sa démission", a ironisé Jean-François Copé (LR) sur Twitter.

A gauche, Benoît Hamon, ancien ministre PS et proche de Mme Taubira, a exprimé son "respect pour les convictions" de l'ex-ministre. Jean-Christophe Cambadélis lui a adressé ses "amitiés" au nom de "combats communs" tandis que pour le frondeur Laurent Baumel, "François Hollande aura fracturé la gauche d'un bout à l'autre". Cécile Duflot (EELV) a elle "salué chaleureusement la décision de courage et de conviction" de Mme Taubira.

Nombre d'élus s'alarmaient, à un an et demi de l'élection présidentielle, du "rétrécissement" de la majorité de François Hollande, après les départs en 2014 de Cécile Duflot, puis Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et Benoît Hamon.

Député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas est un spécialiste des questions de sécurité. Il avait notamment été le rapporteur de la loi sur le renseignement en 2015. Il "portera, aux côtés du Premier ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale", indique l'Elysée.

Après ce coup de théâtre, Manuel Valls a précisé lui-même les contours de la réforme constitutionnelle ce mercredi matin devant la Commission des lois de l'Assemblée. Le Premier ministre a annoncé qu'"aucune référence" à la binationalité ne figurerait dans la Constitution, "ni a priori dans la loi ordinaire" censée décliner cette réforme.

Cette solution, une subtilité sémantique qui n'enlève rien au fond de la réforme, permet de ne pas "stigmatiser" les binationaux, l'un des principaux reproches formulés par la gauche. La France, par ailleurs, "s'engagera dans la ratification" de la Convention de 1954 interdisant la création d'apatrides, a précisé le Premier ministre.

M. Valls a par ailleurs accédé à une demande de la droite en annonçant que cette déchéance serait rendue possible également pour "les délits les plus graves", alors que le projet de réforme présenté en Conseil des ministres n'évoquait que les "crimes" portant atteinte aux intérêts de la nation.

Le parcours parlementaire de cette réforme ne fait lui que commencer. Le 5 février, la révision constitutionnelle arrivera en débat, pour trois jours, chez les députés, pour un vote solennel prévu le 10. Quant au Sénat, il devrait en débattre un mois plus tard, avant une réunion du Parlement en Congrès.

 

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