Régionales : un 1er tour sous haute sécurité trois semaines après les attentats
Trois semaines après les attentats, des mesures de sécurité renforcées entouraient ce dimanche 6 le premier tour des élections régionales, où le Front national peut espérer emporter jusqu'à trois régions face à une gauche désunie et une droite en retrait.
L'état d'urgence en vigueur sur tout le territoire s'est fait sentir, aussi bien dans les métropoles régionales qu'à Paris, où des vigiles chargés de la sécurité procédaient à la fouille des sacs à l'entrée des bureaux de vote, tandis que des policiers armés et des militaires patrouillaient.
Dans le quartier parisien de la rue Alibert, frappé par les attentats du 13 novembre (130 morts et des centaines de blessés), nombre d'habitants affichaient leur volonté de voter "de toute façon", "parce que la vie continue".
"Attentats ou pas, je vote", a expliqué à l'AFP Mathilde, une libraire de 31 ans, lunettes perchées sur le bout du nez. "Je serais venu de toute façon, il faut que la vie continue", a renchéri un autre électeur, Igor, 56 ans.
Les principaux responsables politiques ont voté sous l’œil des caméras de télévision: François Hollande dans son fief corrézien de Tulle, le Premier ministre Manuel Valls dans son ancienne mairie d'Evry (Essonne), et le président LR Nicolas Sarkozy dans le XVIe arrondissement de Paris.
Le président de la République et son prédécesseur se sont abstenus de toute déclaration, tandis que Manuel Valls a espéré que "beaucoup de Français" iraient voter, "surtout après les attaques terroristes (...) Notre arme, c'est le bulletin de vote".
A midi, le taux de participation plafonnait à 16,27%, à peine plus élevé par rapport au scrutin régional de 2010 à la même heure (16,07%). Cette élection avait été marquée par une abstention record de 53,67% au premier tour.
Pour ce dernier rendez-vous électoral avant la présidentielle de 2017, 44,6 millions d'électeurs sont appelés à élire 1.757 conseillers régionaux et 153 conseillers territoriaux (Corse, Guyane et Martinique) parmi 21.456 candidats répartis sur 171 listes. Le Front national, qui avait échoué à s'imposer à la tête d'un département en mars, est pour la première fois en mesure de l'emporter dans une à trois régions.
C'est le cas du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où la présidente et tête de liste du FN dans la région Marine Le Pen a voté à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), et en Paca, où sa nièce Marion Maréchal-le Pen, qui porte les couleurs du mouvement, a voté à Carpentras (Vaucluse).
Le regain de popularité de François Hollande et Manuel Valls après les attentats n'a paradoxalement pas pesé sur le rapport de forces droite-gauche-FN. "Ces événements n'ont pas changé la manière dont j'ai voté", a ainsi confié à l'AFP Christine Pagliali, une quinquagénaire marseillaise.
L'incertitude demeure sur l'ordre d'arrivée des trois grandes forces au niveau national: la droite et le FN, crédités de 27% à 30% d'intentions de vote, sont au coude à coude, devant le PS distancé à 22-23%.
La question du retrait ou du maintien des listes arrivées en troisième position à l'issue du premier tour dans les régions où le FN peut l'emporter en triangulaires dominera les débats ce dimanche soir.
A 21H, le PS doit réunir un bureau national extraordinaire, après avoir consulté ses partenaires et têtes de listes, puis faire connaître sa position. La droite entend pour sa part se maintenir quoi qu'il arrive.
Pour le Parti socialiste, il s'agira notamment d'évaluer le poids du "bloc de gauche" -l'addition des voix PS, PRG, EELV, Front de gauche...- et sa capacité à l'emporter au second tour face à la droite et ses alliés centristes d'une part, le FN d'autre part.
Des décisions difficiles à prendre, le retrait d'une liste signifiant pour un parti de n'avoir aucun élu au conseil régional pendant près de six ans.
Seules les listes ayant obtenu 10% des suffrages exprimés dimanche pourront se maintenir au second tour. Avec 5% des voix, elles pourront fusionner avec celles en ayant obtenu 10%.
Le vote se déroule pour la première fois dans le cadre des 13 grandes régions métropolitaines nées de la réforme territoriale et dans quatre régions et territoires d'outre-mer (Guadeloupe, La Réunion, Guyane, Martinique).
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.