Régionales 2015 : qui peut gagner quoi ?

Si quelques régions focalisent l'attention, comme l'Ile-de-France, le Nord et PACA, c'est bien l'ensemble des Français qui sont appelés aux urnes pour les élections régionales des 6 et 13 décembre. Voici un tour d'horizon des derniers sondages et des rapports de forces à quelques jours du premier tour.

Au-delà des régions Nord, PACA et Alsace-Lorraine que pourrait remporter le Front national, du duel Bartolone/Pécresse qui s'annonce serré en Ile-de-France, et de la Bretagne où Jean-Yves Le Drian devrait faire un carton (voir notre article sur ces cinq régions), ce sont bien au total 17 régions françaises (dont 4 outre-mer) qui votent lors des régionales des 6 et 13 décembre. Voici un tour d'horizon des enjeux, forces en présence et derniers sondages disponibles à quelques jours du premier tour.

> Auvergne-Rhône-Alpes

Terre de droite, ayant voté largement pour Nicolas Sarkozy en 2007 (plus de 60%) et en 2012 (57%), mais pourtant dirigée par le socialiste Jean-Jacques Queyranne depuis 2004, à la faveur de triangulaires et de l'union de la gauche, l'Auvergne-Rhône-Alpes est cette année très disputée. Au premier tour, la liste LR-UDI-MoDem de Laurent Wauquiez virerait largement en tête avec environ 32% des intentions de vote, selon les derniers sondages. Suivraient le frontiste Christophe Boudot (29%) puis le tête de liste PS-PRG, et président sortant, Jean-Jacques Queyranne (23%). A noter la partition du Front de gauche dans cette région. Une alliance EELV-Parti de gauche de Jean-Charles Kohlhaas recueillerait 6% des voix au premier tour selon les derniers sondages, contre 5% pour la liste communiste de Cécile Cukierman.

Au second tour, la triangulaire s'annonce beaucoup plus serrée. Le "numéro-2 bis" du parti de Nicolas Sarkozy serait au coude-à-coude avec le président sortant et ne le devancerait que d'un petit point (37% contre 36%), le FN se cantonnant au rôle d'outsider (27%). Les reports de voix à gauche semblent être la clé de cette élection: si, selon une étude récente, 75% des électeurs communistes du premier tour se reporteraient sur la liste PS-PRG au second, ce serait le cas de 66% seulement de ceux de l'alliance EELV-FG.

> Bourgogne-Franche-Comté

Le duel devait se faire à la droite de l'échiquier politique en Bourgogne-Franche-Comté. Alors que les premiers sondages annonçaient, au second tour, une tripartition légèrement à l'avantage de la liste LR-UDI du centriste François Sauvadet (36%), suivie de près par celle PS-PRG de la sortante Marie-Guite Dufay (34%) et distançant quelque peu le FN de Sophie Montel (30%), la donne avait ensuite changé, faisant de cette région une autre potentiellement "gagnable" par le Front national qui faisait jeu égal avec la droite à 35%, devant une gauche à 30%. Un nouveau revirement s'est toutefois effectué ces derniers jours: désormais la liste socialiste est donnée gagnante avec 35% (soit presque le total des listes PS, EELV et FG au premier tour), soit deux petits points de plus que celle LR-UDI (33%) et enfin un FN à 32%. Cette région qui était apparue au fil des jours comme la quatrième (avec PACA et les grandes régions Nord et Alsace-Lorraine) que pourrait diriger le FN au soir du second tour pourrait donc rester à gauche. Attention toutefois, les écarts sont particulièrement faibles, en-dessous des marges d'erreur même.

> Centre-Val-de-Loire

C'était l'une des régions qui semblait le plus sûrement promise à la droite. Emmenée par le centriste Philippe Vigier, la liste LR-UDI-MoDem recueillait ainsi encore récemment 36% des intentions de vote au second tour, devançant largement le FN de Philippe Loiseau (31%) et la socialiste sortant François Bonneau (30%). Désormais, si la droite est toujours en tête avec 36% elle ne devance plus que de deux points la gauche (34%), qui creuse l'écart avec le FN (30%). A noter que la liste PS-PRG bénéficie d'un très bon report des voix: au premier tour, l'addition des scores des listes de la gauche (PS-PRG, EELV et Front de gauche) donnant le même chiffre de 34%.

> Corse

Difficile d'avancer un résultat pour la victoire finale de ces régionales en Corse (où elles sont appelées "territoriales"), du fait du manque d'enquêtes d'opinions disponibles. Pour autant, Le Monde avance que le sortant sous l'étiquette Divers gauche, mais apparenté au PRG, Paul Giacobbi, serait favori. L'actuel patron de la région insulaire, qui est aussi député et président du conseil général en Haute-Corse, surnommé le "roi Paul" sur l'Ile de beauté, dit ainsi aborder ces élections "très sereinement", malgré sa récente mise en examen pour détournement de fonds publics. Ici, droite et gauche partent très divisées avec trois listes pour la première et cinq pour la seconde, auxquelles s'ajoutent trois listes régionalistes, voire nationalistes, et un candidat frontiste, soit un total de douze candidats.

> Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon

La région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon n'échappe pas à la règle de la division à gauche qui compte six listes concurrentes, sur douze, au premier tour. Face à elles, deux listes de droite et deux d'extrême droite. Ainsi, au premier tour, la socialiste Carole Delga ne recueille qu'un peu plus de 20% des intentions de vote, ce qui en fait tout de même la première force de gauche devant la liste EELV-FG de Claude Onesta (11%). La droite unie (LR-UDI-MoDem) emmenée par Dominique Reynié attirerait pour sa part 20% des électeurs. La première force du premier dimanche de vote serait ainsi le FN de Louis Alliot avec 34%.

Au second tour toutefois, les reports de voix bénéficieraient à Carole Delga qui l'emporterait avec 37%, notamment grâce aux électeurs EELV-FG, dans une triangulaire où le FN, avec 34%, devancerait la droite unie (27%).

> Normandie

Contre toute attente, la dynamique dans la grande région normande réunifiée serait à gauche, pourtant désunie avec cinq listes au premier tour. Donnée perdante en octobre, la liste PS-PRG du sortant en région Haute-Normandie Nicolas Mayer-Rossignol recueillerait, selon les dernières études, 34% des intentions de vote et devancerait ainsi celles emmenées par le contriste Hervé Morin (liste LR-UDI-MoDem, 33%) et le frontiste Nicolas Bay (33%). Un autre sondage, plus récent et publié par Le Monde, annonce la droite à 35% devant la gauche (34%) et le FN (31%). Beaucoup d'incertitude, donc, d'autant que les écarts entre les deux favoris se situent sous les marges d'erreur des enquêtes, estimées à environ 3% pour ce niveau.

> Pays de la Loire

Bien que Jean-Christophe Cambadélis annonce une "surprise" du candidat PS-PRG Christophe Clergeau (dauphin du sortant Jacques Auxiette) en région Pays de la Loire, ce qui résume bien la situation, la liste LR-UDI de Bruno Retailleau est donnée favorite par les derniers sondages. Pour autant, alors qu'il était crédité de 42% des intentions de vote au second tour devant son rival socialiste (34%), il y a encore quelques jours, le candidat de la droite serait plus menacé. Ainsi, un dernier sondage annonce le candidat LR à 39%, deux points seulement devant le PS (37%). Le candidat FN Pascal Gannat reste pour sa part à 24% d'intentions de vote.

> Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine

Longtemps promise à la gauche par les sondeurs, la grande région Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine, rassemblant trois fiefs socialistes, pourrait toutefois être bien plus disputée que prévu. Ainsi, alors que les études lui octroyaient jusqu'à 49% des intentions de vote au second tour en octobre, loin devant la droite (33%), le candidat PS-PRG et président sortant d'Aquitaine Alain Rousset ne compte plus que quatre points de plus que Virginie Calmels (LR-UDI-MoDem-CPNT) avec 39%, contre 35% pour sa rivale, dans les dernières enquêtes. Le Front national semble pour sa part cantonné à un rôle d'observateur, avec 26%. La dynamique semble ainsi du côté de la première adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, qui progresse de deux points par rapport à la mi-octobre quand la gauche en perd dix. L'avance d'Alain Rousset devrait toutefois lui assurer la victoire, à en croire les dernières études.

> Outre-mer

A La Réunion, le président sortant Didier Robert (LR-UDI) et la candidate PS-EELV Huguette Bello seraient au coude-à-coude à 32%, selon un sondage ayant demandé aux sondés leur "souhait de victoire" (et non leurs intentions de vote). Sauf que cette étude date du 7 octobre et qu'elle ne concerne pas des intentions de vote, mais bien le "pronostic" des personnes interrogées. A prendre avec des pincettes, donc.

En Guadeloupe, un sondage Qualistat d'octobre anticipe un duel gauche/gauche. Le divers gauche Ary Chalus devancerait, avec 43% des intentions de vote, le socialiste Victorin Lurel (41%). Le podium serait complété par le candidat LR Laurent Bernier, avec 6%. Une région promise à la gauche, donc.

Pour ce qui est des régions Martinique et Guyane: mystère. Aucune étude récente ou fiable n'est disponible. En Martinique, les deux ténors sont le sortant Serge Letchimy du Parti progressiste martiniquais, proche du PS, et le candidat LR Yan Monplaisir. En Guyane, les principaux candidats sont le sortant Rodolphe Alexandre, élu sous investiture UMP (devenue LR) en 2010 mais candidat étiqueté Divers gauche cette année, et Line Létard, candidate d'une alliance entre Walwari (un parti guyanais proche du PS) et Guyane écologie, soutenue par Christiane Taubira, candidate malheureuse en 2010.