Régionales 2015 : cinq régions emblématiques à la loupe
Les régionales des 6 et 13 décembre sont le dernier scrutin national avant l'élection présidentielle de 2017, et elles s'annoncent catastrophiques pour la gauche. Difficile néanmoins pour elle de faire mieux, voire même aussi bien, qu'en 2004 et 2010 où elle avait raflé la quasi totalité des régions (successivement 24 sur 26 et 23 sur 26). D'autant que le Parti socialiste au pouvoir mécontente jusque dans son propre camp et que la cote de popularité de François Hollande reste basse, malgré une récente embellie.
Pour autant, si, dans la foulée du plébiscite des départementales de mars, les observateurs pronostiquaient il y a encore quelques semaines une sévère vague bleue à l'issue de ce vote hivernal, avec jusqu'à 8 régions pour la droite sur 13 en métropole, la donne semble avoir changé. La faute, ou grâce, aux attentats du 13 novembre et au virage martial de François Hollande "chef de guerre", disent les sondages. Mais ces mêmes enquêtes pronostiquent toujours, à quelques jours du premier tour, une victoire de la droite, maismoins importante que prévu il y a quelques semaines. Et si la gauche pourrait résister mieux que prévu à la déferlante bleue, l'autre enseignement de ce scrutin devrait être l'avènement du tripartisme de gouvernance avec une percée historique du Front national, qui raflerait plusieurs présidences.
Voici cinq régions scrutées à la loupe illustrant ces enjeux, qui restent toutefois à confirmer par les résultats des urnes.
> Marine Le Pen, la percée dans le Nord
C'est presque assuré, si l'on en croit les enquêtes d'opinions. Avec plus de 40% des intentions de vote dès le premier tour, les instituts de sondages promettent à Marine Le Pen une victoire éclatante dans la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Même en cas de retrait du socialiste Pierre de Saintignon au profit de Xavier Bertrand (LR), la liste de la présidente du FN l'emporterait au second tour avec 51% des voix contre 49% pour le maire de Saint-Quentin (Aisne), à en croire un sondage BVA publié dimanche 29.
La nouvelle région, issue de la fusion du fief nordiste de Pierre Mauroy et du bastion picard de la droite républicaine, effectuerait une bascule historique et, surtout, emblématique de la percée du Front national dédiabolisé par sa chef de file, qui veut faire oublier son père. Une illustration aussi de la conquête des électorats ouvrier et populaire par l'extrême droite.
> En PACA, le FN concrétise son implantation de longue date
Là où son grand-père Jean-Marie réalisait les meilleurs scores de son parti en 2004 (21%) et 2010 (près de 23%), par exemple, la petite fille, Marion Maréchal-Le Pen (25 ans), serait sur le point de doubler la mise. Avec, ici aussi, plus de 40% des intentions de vote selon les sondages, le visage d'un FN rajeuni, mais toujours familial, remporterait ainsi la troisième région la plus riche de France (en PIB par habitant), terre de fortes inégalités et d'implantation historique du Front national.
Marion Maréchal-Le Pen devancerait largement ses adversaires Christian Estrosi (LR, entre 30 et 34%) et Christophe Castaner (PS, environ 25%). Pour autant, la jeune députée du Vaucluse pourrait voir la région lui échapper en cas de désistement de la gauche: elle serait alors à égalité avec le maire de Nice au second tour, avance un sondage.
> Vers l'alternance en Ile-de-France?
La région capitale, à gauche depuis près de deux décennies, pourrait basculer à droite à la faveur de ces élections. Regroupant des départements historiquement de gauche, comme la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne, tout autant que des bastions de la droite, les Hauts-de-Seine et les Yvelines, le match s'y annonce toutefois serré entre Valérie Pécresse (LR) et Claude Bartolone (PS). Les deux poids lourds nationaux, tous deux anciens ministres, sont ainsi donnés au coude-à-coude par les sondages, même si la dynamique semble être du côté de la première, qui progresse et devancerait son rival d'un intervalle supérieur à la marge d'erreur, disent certaines des dernières enquêtes.
> Jean-Yves Le Drian pour la Défense de la Bretagne
Face aux mauvais sondages nationaux et à la division chronique de la gauche, le PS a sorti l'artillerie lourde en la personne du populaire ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian pour conserver la Bretagne. Cette terre de gaullisme démocrate-chrétien devenue fief de la gauche depuis 2004 pourrait ainsi rester dans le giron de la majorité.
Bien qu'en baisse ces derniers jours, peut-être du fait d'électeurs doutant de sa capacité à gérer, comme il l'a annoncé, à la fois la région et son ministère alors que la France est en guerre, celui qui a présidé la région de 2004 à 2012 devrait l'emporter. Les dernières études le créditent ainsi de 45% des intentions de vote, loin devant Marc Le Fur (LR, environ 35%) et Gilles Pennelle (FN, entre 22% et 23%). En conservant cette région ainsi que l'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, voire même la Bourgogne-Franche-Comté, le PS limiterait donc la casse, mais pas plus.
> En Alsace, un duel droite/extrême droite
L'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne est symptomatique de cette percée du FN qui pourrait empêcher la victoire éclatante de LR et ses alliés et faire plonger une gauche divisée. A droite depuis 1986, soit les premières élections régionales, l'Alsace est désormais mariée avec la Champagne-Ardenne, elle aussi une terre de droite bien qu'elle soit passée de justesse à gauche lors de la vague rose de 2004, puis conservée par le PS et ses alliés à la faveur d'un bon bilan, et de l'anti-sarkozysme, en 2010.
Ici, le FN a toujours réalisé de bons scores et, emmenée par Florian Philippot, la liste frontiste devrait surfer sur la dynamique nationale et battre des records. Les derniers sondages créditent ainsi le très médiatique bras droit de Marine Le Pen de 35% des intentions de vote au premier tour, contre 29% pour le candidat LR Philippe Richert et loin devant le socialiste Jean-Pierre Masseret (16%), qui pâtirait pour sa part de la division de la gauche et de la concurrence des listes EELV et Front de gauche. Celles-ci sont données aux alentours de 5% au premier tour. Ce qui pourrait permettre, en cas de triangulaire au second tour, à la liste FN de l'emporter en devançant la droite de deux petits points (39% contre 37%), soit une avance légèrement inférieure à la marge d'erreur.
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