Réforme de la Constitution : la déchéance de nationalité débattue à l'Assemblée

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 09 février 2016 - 14:28
Image
L'Assemblée nationale.
Crédits
©Wikimedia Commons
Les débats s'annoncent passionnels ce mardi 9 février à l'Assemblée nationale.
©Wikimedia Commons
Dans le cadre de la réforme constitutionnelle, la déchéance de nationalité est débattue ce mardi à l'Assemblée. Concernant cette mesure controversée, les socialistes comme les Républicains sont très divisés.

Les débats s'annoncent passionnels ce mardi 9 février à l'Assemblée nationale sur la déchéance de nationalité, toujours pomme de discorde majeure, principalement à gauche, mais aussi à droite.

A quelques heures de la reprise des débats sur l'article 2 du projet constitutionnel post-attentats et à la veille du vote solennel sur l'ensemble du texte, Manuel Valls, présent dans l'hémicycle quasi en continu, s'est rendu à la réunion à huis clos des députés PS ce mardi matin. Le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy assistait à celle du groupe LR, où les contre ont semblé croître.

Dans la trentaine d'orateurs qui se sont succédé nuitamment, dont des socialistes au-delà des "frondeurs", des écologistes, quelques LR, la plupart ont dénoncé une mesure jugée "de circonstance", "inefficace", contraire aux "valeurs de la République" et source de "divisions". Peu de voix, telles celle d'Hugues Fourage, l'un des porte-parole des députés PS, ou d'élus centristes, ont défendu l'inscription dans la loi fondamentale de cette peine contre des terroristes.

L'ancien ministre Benoît Hamon a critiqué "une mesure historiquement défendue par l'extrême droite" et "un déni de la responsabilité spécifique de la société française", dans un tacle à Manuel Valls. Cette "faute politique majeure", a lancé Christian Paul, "divise le Parlement, la droite, la gauche, et a divisé le gouvernement", avec la démission de Christiane Taubira.

Si les nouvelles écritures du texte, qui ne font plus référence à la binationalité notamment, en ont convaincu certains, cette version continue d'être refusée notamment par une part des socialistes, dont certains des vice-présidents du groupe ou de l'Assemblée, qui lui préfèreraient par exemple une "déchéance nationale". Les "frondeurs" PS entendent se prononcer contre l'article 2 s'il est voté avec l'amendement de réécriture du gouvernement. Pas question de créer des apatrides, répètent aussi des élus de tous bords.

Chez les députés Les Républicains, la division règne aussi. Contre une mesure "inutile" et "néfaste" pour l'unité nationale, Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé que "la Constitution n'est pas un tableau noir où épingler un slogan ou un symbole" et encore appelé l'exécutif à "renoncer". "Arrêtons là", a plaidé l'UDI Michel Piron.

Chez les élus UDI favorables, Charles de Courson, ému aux larmes dans la nuit, a apprécié la nouvelle rédaction car la version initiale aurait signifié "trahir la mémoire" des siens, dont son "père résistant, qualifié de terroriste par l'occupant nazi" pendant la Seconde Guerre mondiale. Il aurait cependant préféré "l'indignité nationale".

Premier volet du projet de loi constitutionnelle de "protection de la Nation", l'article 1er visant à inscrire dans la loi fondamentale le régime de l'état d'urgence a, lui, été adopté lundi 8 par 103 voix contre 26, dans un hémicycle aux rangs dégarnis, surtout à droite.

Dans les contre: Benoît Hamon (PS), Cécile Duflot (EELV), André Chassaigne (Front de Gauche), Philippe Vigier (UDI) ou Pierre Lellouche (LR). Sept députés se sont abstenus, dont les LR Guillaume Larrivé et Eric Ciotti.

Avec cette mesure, traduction d'une des annonces de François Hollande au Congrès trois jours après les attentats du 13 novembre, "les libertés publiques s'en porteront mieux", a plaidé le nouveau ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas.

L'état d'urgence, mis en œuvre depuis le 13 novembre et appelé à être prolongé jusqu'à fin mai, a permis plus de 3.000 perquisitions administratives et 400 assignations à résidence, mais aussi, selon le Premier ministre, de déjouer un projet d'attentat.

Comme actuellement, seul le Parlement pourra proroger l’état d’urgence au-delà des douze jours initiaux, par une loi. Une durée de prorogation maximale de quatre mois, renouvelable après un vote du Parlement, a été ajouté.

Après le vote, au grand dam du gouvernement et de la droite, d'un amendement socialiste prévoyant que l'Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l'état d'urgence, le Premier ministre a demandé aux députés d'en "rester au cadre défini" dans le projet de loi de l'exécutif, pour ne pas compromettre le "rassemblement" nécessaire aux 3/5 des suffrages du Congrès pour adopter cette révision constitutionnelle.

 

À LIRE AUSSI

Image
François Hollande Congrès Plan Serré 16.11.2015
Assignation à résidence, déchéance de nationalité : les Français favorables aux mesures de François Hollande
Après les attentats à Paris qui ont fait 130 morts, les mesures contre le terrorisme décidées par le gouvernement sont massivement approuvées par les Français, confirm...
22 novembre 2015 - 11:13
Politique
Image
Cécile Duflot.
Pour Cécile Duflot, la déchéance de nationalité serait "une faute"
Invitée du du Grand-Rendez-vous Europe-1, Le Monde et i>Télé ce dimanche, la coprésidente des députés écologistes Cécile Duflot a dénoncé les risques d'abus de l'ét...
20 décembre 2015 - 15:41
Politique
Image
Manuel Valls TF1 23.12.2015
Déchéance de nationalité : Valls assure de l'unité du gouvernement
Invité du 20h de TF1 ce mercredi, Manuel Valls a réaffirmé la volonté de l'exécutif de voir la déchéance de nationalité des binationaux nés français instaurée dans la ...
23 décembre 2015 - 22:13
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.