Loi Travail : mobilisation et violences lors de nouvelles manifestations
Plus de 50.000 personnes ont manifesté en France, hors Paris, contre le projet de loi travail et des échauffourées ont éclaté dans plusieurs villes jeudi, journée test pour mesurer la détermination des opposants au texte après deux mois de contestation.
A Nantes, Rennes ou Lyon, des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre, en marge des défilés rassemblant salariés, étudiants et lycéens, pour la quatrième journée à l'appel des sept syndicats de salariés et de jeunesse mobilisés contre le texte.
A Rennes, un jeune de 20 ans a été blessé à la tête par "un tir de projectile", selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui n'a donné aucun détail sur la gravité de ses blessures.
A Toulouse, ce sont deux policiers qui ont été légèrement blessés par des "jets de projectiles nourris" venant de manifestants aux visages dissimulés, selon la police. "Pour des raisons de sécurité, on a dû dissoudre la manifestation à mi-parcours", a indiqué la CGT, faisant état de 12.000 manifestants dans la ville rose (4.000 selon la police).
A Paris, un long cortège a pris le départ peu avant 14h30 de la place Denfert-Rochereau, derrière une banderole réclamant le "retrait du projet de loi El Khomri". Des heurs ont éclaté à l'arrivé du cortège place de la Nation.
"Gagner le retrait du projet de loi travail est possible", pour l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, UNL) qui souhaite "renforcer les mobilisations" à quelques jours du début du débat parlementaire, fixé au 3 mai. Le gouvernement peut encore "modifier substantiellement" le texte, a affirmé le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, place Denfert-Rochereau. Pour M. Mailly, la mobilisation "ne s'essouffle pas" et jeudi elle devrait être "forte".
"Aujourd'hui je vois beaucoup de travailleurs. La semaine prochaine il y aura plus de lycéens. C'est le début de quelque chose qui dépasse la loi travail", estime un manifestant parisien.
Selon un décompte à partir de chiffres de la police pour plus de 20 villes (hors Paris), les défilés ont réuni au moins 50.000 manifestants: 8.500 à Nantes (20.000 selon les organisateurs), 5.500 au Havre comme à Lyon, 4.800 à Marseille, 4.000 à Rennes comme à Rouen, 3.800 à Toulouse. A Bayonne, environ 2.500 manifestants ont été recensés, 2.200 à Caen, 2.000 au Mans... Plus d'une quinzaine de lycées ont été bloqués totalement ou partiellement à travers le pays.
Cette journée sera suivie d'un 1er mai également focalisé sur le projet de loi perçu comme trop favorable aux employeurs, en leur donnant par exemple plus de latitude en matière d'aménagement du temps de travail, et facteur de précarité pour les salariés.
Les opposants au projet de Myriam El Khomri comptent aussi se mobiliser le 3 mai pour demander aux parlementaires de "rejeter" le texte, pourtant déjà expurgé de mesures comme le plafond des indemnités prud'homales.
Pour les syndicats, il reste une "ligne rouge": "l'inversion de la hiérarchie des normes" permettant à un accord d'entreprise de primer sur un accord de branche même s'il est moins favorable. Le rapporteur de la loi, Christophe Sirugue, a admis qu'il restait "des points à clarifier" mais estimé que le texte pouvait recueillir une majorité. Jeudi 28 des arrêts de travail ont perturbé les transports et les médias. Les quotidiens nationaux étaient absents des kiosques, en raison d'une grève des imprimeries.
Dans le ciel comme sur les rails, les perturbations sont restées limitées: 20% des vols annulés à Orly, quelques retards à Orly et Roissy, le RER B perturbé, mais 90% des trains assurés côté SNCF sur l'ensemble du pays.
La contestation a commencé le 9 mars. Au soir du 31 mars, les défilés avaient réuni 390.000 personnes en France selon les autorités et 1,2 million selon les organisateurs. Elle s'est élargie avec le mouvement Nuit debout. Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a prévu de rencontrer ses initiateurs jeudi.
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