Loi Travail : Marie-George Buffet prédit un recours au 49-3 "dès mardi"

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Propos recueillis par Pierre Plottu
Publié le 04 juillet 2016 - 14:48
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Marie-George Buffet.
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"Je suis de gauche et je veux une politique de gauche", affirme Marie-George Buffet.
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Marie-George Buffet estime, pour "FranceSoir", comme acquis un nouveau recours à l'article 49-3 pour faire passer la loi Travail qui sera examinée à partir de mardi en seconde lecture à l'Assemblée. Le gouvernement continu à choisir l'épreuve de force, dit-elle, et mène une "politique qui s'inscrit dans les sillons de celle menée par la droite".

La continuité, c'est maintenant. Oui, le gouvernement, "droit dans ses bottes", va utiliser l'article 49-3 pour faire passer la loi Travail dont l'examen en seconde lecture débute mardi 5 à l'Assemblée, prédit d'ores et déjà pour FranceSoir Marie-George Buffet. Une décision que l'ancienne ministre de Lionel Jospin "regrette" mais qui ne semble pas la surprendre.

François Hollande aurait ainsi "cédé" dès les premiers jours de son mandat et mènerait depuis une "politique libérale et austéritaire" aux antipodes de ses promesses de campagne. "Le gouvernement mène une politique qui s'inscrit dans les sillons de celle menée par la droite", dénonce ainsi la députée, qui confirme qu'elle préfère désormais miser sur Jean-Luc Mélenchon pour 2017.

Le gouvernement va-t-il recourir de nouveau à l'article 49-3 en seconde lecture du projet de loi Travail, de retour mardi 5 à l'Assemblée nationale?

"Oui, je pense que ce gouvernement est droit dans ses bottes. Leur attitude à la commission des Affaires sociales montre qu'ils ne veulent pas bouger sur le fond et notamment l'article 2 (instaurant la "primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail", NDLR). Ils vont en effet décider d'utiliser le 49-3 dès mardi. Le texte reviendra pour la lecture définitive le 18 juillet et donc je pense que nous aurons droit à un troisième 49-3".

"Je le regrette et je pense qu'il était possible de faire quelque chose à partir des propositions faites par les organisations syndicales, notamment sur cet article 2 et sur la médecine du travail ou les licenciements économiques. La CGT, FO et la CGC notamment font des propositions mais il y a un refus du gouvernement de bouger".

Des concessions ont pourtant été faites, par exemple les amendements sur l'article 13 visant à renforcer le rôle des branches justement pour apaiser les craintes sur la hiérarchie des normes...

"C'était une préoccupation des syndicats qui demandaient de renforcer le pouvoir des branches pour faire en sorte que les accords d'entreprises ne soient pas seuls maîtres. Mais ça ne résout pas la question du fond".

Ce conflit n'est-il pas la preuve par l'exemple qu'il y a bien deux gauches "irréconciliables" comme l'a affirmé Manuel Valls?

"Il n'y a pas deux gauches. Il y a un gouvernement qui mène une politique qui s'inscrit dans les sillons de celle menée par la droite: l'austérité, une plus grande flexibilité pour les salariés, etc. Et puis il y a des hommes et des femmes de gauche membres de différents partis, certains le PS, d'autres le PC, le PG, les écolos... Eux disent: +on ne s'est pas rassemblés au second tour de 2012 pour faire élire François Hollande et voir mener une politique libérale et austéritaire+.

"Il y a une seule gauche qui se bat aujourd'hui contre cette loi Travail".

François Hollande mènerait donc une politique de droite?

"A peine élu, il a ratifié au niveau européen l'accord Sarkozy-Merkel (un traité de "discipline budgétaire" que François Hollande a échoué à renégocier comme il l'avait promis, NDLR). Ensuite il y a eu les cadeaux aux entreprises, le débat sur la déchéance de nationalité... Oui, il y a une continuité entre une politique menée par des gouvernements de droite et celui de Manuel Valls.

"Je refuse les termes +d'ultra-gauche+ ou de +gauche de la gauche+, comme Cambadélis l'a employé. Ça ne veut rien dire: il y a des hommes et des femmes de gauche. Je suis de gauche et je veux une politique de gauche. Nous sommes quelques centaines de milliers dans ce cas, y compris à l'intérieur du PS. La gauche qui se bat, c'est la gauche".

François Hollande n'est donc pas de gauche?

"Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais depuis qu'il a pris le pouvoir il a tout de suite cédé aux directives européennes et en faisant une politique qui ne va pas dans le sens de la +guerre à la finance+ promise au Bourget ou des salariés. Il a tourné le dos à ses promesses de campagne".

C'est pour cela que vous préférez soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour 2017?

"J'ai dit que lors de la consultation organisée par le parti communiste français en novembre prochain, où il y aura sans doute plusieurs noms proposés au choix des communistes, je défendrai la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

"On l'a vu en 2012, lui porte un programme intitulé +L'humain d'abord+ qui a été travaillé par l'ensemble des forces du Front de gauche donc je pense qu'il peut en effet porter très haut la gauche".

 

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