Loi Travail : l'exécutif "confond réforme et manoeuvre", estime Jean-Pierre Raffarin
Jean-Pierre Raffarin (LR), pour lequel "il est vital de réforme le code du travail", considère néanmoins que l'exécutif "confond réforme et manoeuvre" avec son projet de loi Travail si près de l'élection présidentielle de 2017.
"Le temps de la réforme, c’est généralement le début d’un quinquennat. Aujourd’hui, à la veille de l’élection présidentielle et comme ce fut le cas dans le quinquennat précédent (de Nicolas Sarkozy NDLR) –je pense à la TVA sociale –, on confond réforme et manœuvre", déclare l'ancien Premier ministre dans une interview au Journal du Dimanche.
S'il trouve "vital de réformer le code du travail, et nous ne pouvons que soutenir cette ambition", M. Raffarin juge "surtout vital de faire de l’emploi un sujet de l’état d’urgence, et de rechercher l’unité nationale pour ce combat". Il regrette que le gouvernement ait privilégié "dans sa réponse à l’inquiétude des Français, la réforme constitutionnelle".
Interrogé sur de nouveaux appels à manifester contre le projet de loi El Khomri en direction des lycéens et étudiants, le sénateur de la Vienne y voit le révélateur de "la grave crise de la gauche française. Elle est sans espoir".
Mais "dans notre situation économique et de sécurité, personne ne peut se réjouir du désordre. Car c’est dans le désordre que naissent les plus graves menaces. Le pays aurait besoin de la paix sociale pour mieux lutter contre le terrorisme. La situation est donc excessivement dangereuse. Le pouvoir est trop faible, l’opposition trop incertaine et les élections trop lointaines pour que nous soyons rassurés", selon lui.
Quant à la manière dont François Hollande gère la situation née de l'avant-projet de loi de réforme du code du travail, M. Raffarin, soutien d'Alain Juppé pour la primaire de la droite, répond que "la situation politique affaiblit considérablement la parole du président". "Même quand il est juste, il est faible. Notamment sur la question européenne, l’absence de vision et de discours du gouvernement français est coupable. L’Europe, c’est nous. Que ce soit pour les réfugiés, pour l’agriculture ou pour tous les autres sujets de l’espace européen, la puissance française fait défaut".
Et de pronostiquer une situation de la France en 2017 "particulièrement grave" et douze prochains mois loin d'être "paisibles" en politique intérieure comme étrangère.
A la question de savoir où en est "la menace FN", l'ancien Premier ministre qualifie de "tactique" l'actuel silence de Marine Le Pen, dans une actualité marquée par les sujets des chômeurs et des réfugiés. "Ce silence n’est pas un affaiblissement. Comme partout en Europe, la montée des nationalismes et des populismes annonce celle des haines et des tensions", alerte-t-il.
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