Loi Travail : Hollande affiche sa fermeté face aux opposants au projet de loi
François Hollande a affiché ce vendredi 27 sa fermeté face à des opposants qui maintiennent la pression, au lendemain d'une nouvelle journée de contestation du projet de loi Travail, émaillée de violences.
"Les organisations appellent à poursuivre et amplifier les mobilisations", notamment "en multipliant et en soutenant les actions décidées par les salariés en assemblées générales, y compris reconductibles", a écrit l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
"Je tiendrai bon parce que je pense que c'est une bonne réforme" leur a répondu François Hollande depuis le Japon et le sommet du G7. Visage fermé, le chef de l'Etat a également déclaré lors de sa conférence de presse que devant la menace des blocages, le "premier devoir" de l'exécutif était d'assurer "la liberté de circuler" et "le bon fonctionnement de l'économie".
Le patron du Medef Pierre Gattaz a dénoncé une nouvelle fois sur Europe 1 des "méthodes de voyous" et "d'irresponsables", appelant à "résister au chantage" des syndicats contestataires.
De son côté, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière (FO), a appelé le gouvernement à suspendre les débats au Parlement sur le projet de loi travail pour ouvrir des négociations avec le patronat et les syndicats.
Principal point de crispation: l' article 2 du projet qui consacre la primauté aux accords d'entreprise dans l'aménagement du temps de travail, une ligne rouge pour les syndicats contestataires qui redoutent le dumping social.
Jeudi, Manuel Valls a été catégorique réaffirmant qu'il "ne toucherait pas" à cet article. Conforté par le président de la République, le Premier ministre affiche sa fermeté alors que selon un sondage Tilder/LCI/Opinionway publié jeudi, 66% des Français pensent que le gouvernement doit retirer la loi travail. Au lendemain d'une huitième journée d'actions qui a vu près de 300.000 personnes défiler dans le pays selon la CGT, et 153.000 selon les autorités, le risque d'une escalade de la violence demeure.
De nouveaux incidents ont éclaté jeudi dans la capitale, des manifestants cagoulés ont brisé des vitrines, dégradé des véhicules, et lancé des projectiles. 32 personnes ont été placées en garde à vue - 62 dans tout l'Hexagone. A la fin de la manifestation parisienne, un jeune homme a été blessé "sérieusement" puis hospitalisé. A Fos-sur-Mer, un manifestant a été aussi sérieusement blessé par un véhicule qui a voulu forcer un barrage CGT, et deux manifestants ont été blessés à Vitrolles par un chauffeur de poids lourd.
A un peu plus de deux semaines du début de l'Euro de football, les syndicats opposés au projet de loi El Khomri ciblent les secteurs qui restent engagés dans des mouvements de grèves.
La mobilisation entamée le 9 mars est montée d'un cran depuis le week-end, avec l'entrée en lice des salariés des sites pétroliers et des difficultés d'approvisionnement en carburant. Quatorze dépôts ont été débloqués sans incident, selon l'Intérieur.
Neuf centrales nucléaires, sur les 19 françaises, ont connu des baisses de production, selon la CGT, sans toutefois entraver l'approvisionnement électrique selon RTE, gestionnaire du réseau national à haute tension.
La situation s'améliorait sensiblement vendredi matin concernant la distribution de carburant. Total, notamment a indiqué que dans son réseau de 2.200 stations, un peu moins d'un tiers (741) étaient en difficultés contre 815 jeudi. Le groupe a mobilisé plus de 1.000 camions pour charger du carburant, contre 350 en temps normal. Soit "plus de 1,6 million de pleins de 35 litres", selon l'entreprise.
La perspective d'une pénurie semble pourtant s'installer dans les esprits. En témoignent les reventes d'essence et de jerricans au prix fort sur des sites comme Le Bon Coin ainsi que l'explosion depuis mardi de la recherche "comment siphonner réservoir" sur Google. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a obtenu une dérogation pour que les agriculteurs puissent utiliser du fioul domestique pour leurs tracteurs.
Dans le sud-est, toute l'activité industrielle et portuaire autour de Fos et de l'étang de Berre est fortement perturbée. Les trois raffineries (Total La Mède, Lavera et Exxon) sont toujours en grève et "aucun produit" ne sort de ces installations, selon la CGT. A La Rochelle, les accès au port autonome étaient bloqués par les dockers.
A Donges (Loire-Atlantique), les forces de l'ordre ont débloqué sans heurts dans la matinée le barrage devant le dépôt pétrolier, SFDM, appartenant au groupe Bolloré. Les salariés grévistes se sont ensuite dirigés vers la raffinerie Total voisine, en arrêt complet depuis jeudi.
Aux portes de Lyon, aucune intervention n'était envisagée à la raffinerie Total de Feyzin "puisqu'il s'agit d'un arrêt de la production et que les salariés exercent leur droit de grève", selon la préfecture.
Les deux dépôts pétroliers de Corse demeuraient pour leur part bloqués et les pénuries ont commencé dans le sud de l'île où 21 des 59 stations-service, en rupture de stock, ont dû fermer.
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