Le variant Omicron en questions : une agitation davantage politique que scientifique

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FranceSoir
Publié le 01 décembre 2021 - 11:40
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Omicron
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Dessinateur de presse ARA, pour FranceSoir
Le variant Omicron (Ara)
Dessinateur de presse ARA, pour FranceSoir

Depuis quelques jours, les médias et les agences sanitaires ne parlent plus que du nouveau variant Omicron apparu en Afrique du Sud, déjà présent en Israël et dans plusieurs pays européens.

Il n’en a pas fallu plus aux autorités sanitaires, aux politiques et aux médias pour agiter le chiffon rouge de la peur. Faisant appel à des images fortes de couvre-feu, de confinement, de personnes malades en réanimation et sous respirateur, tout semble orchestré pour maintenir ce niveau de peur, face à un danger hypothétique puisque le variant Omicron est encore peu connu et que son étude commence à peine. La réalité semble pourtant différente.
 

François Bayrou rappelé à l’ordre par Gérard Kierzek

Une déclaration typique des réactions de politiques partis au quart de tour : « Ma crainte, c’est que ce virus connaisse un jour une mutation qui lui permette de s’attaquer aux jeunes enfants. Et ce jour-là, nos sociétés se trouveront dans un danger extrême de déstabilisation », a déclaré François Bayrou à propos de l’émergence du nouveau variant.

Des propos anxiogènes que lui reproche le médecin urgentiste Gérard Kierzek qui rappelle que « la médiane des décès du Sars CoV-2 est de 85 ans » et que la maladie touche « des gens extrêmement fragilisés » tandis que les enfants n'en meurent pas.


Le point de vue du médecin sud-africain Angelique Coetzee

Face à cette agitation, Angelique Coetzee, médecin sud-africain qui a découvert le variant Omicron, s’insurge contre les scientifiques et les médias du monde entier qui entretiennent la peur au sein des populations.

« Les patients se plaignent surtout d’avoir les muscles endoloris de fatigue, une fatigue extrême » a-elle déclaré à la BBC. Également interrogée par le Telegraph, elle affirme que les symptômes observés chez ses patients sont différents. « Leurs symptômes étaient si différents et si légers de ceux que j’avais traités auparavant » déclare le médecin qui précise que les patients qu’elle a soignés étaient tous relativement jeune, craignant malgré tout que le variant touche plus durement les personnes âgées ou celles qui présentent des comorbidités.


Philippe Froguel prône une action rapide devant la vitesse de propagation du nouveau variant

Inquiet de la propagation du virus dans le monde, le professeur Philippe Froguel, chercheur en biologie moléculaire, généticien et endocrinologue, déclare dans une interview donnée à "La voix du Nord" :

« Apparu en Afrique du Sud, on sait qu’il est beaucoup plus contagieux que le variant Delta, il ressemble au variant Béta originel et pourrait résister aux vaccins actuels. Mais ce qu’on ne sait pas actuellement, c’est s’il y a déjà des gens contaminés à l’Omicron à l’hôpital en France. »

Devant une situation jugée inquiétante, le professeur Froguel demande à l’État d'allouer des budgets pour lui permettre d'effectuer les séquençages de ce nouveau variant. Souhaitant entreprendre les recherches au plus vite, il déplore la lenteur de réaction du pouvoir « face à un variant aussi dangereux » tandis que les résultats prennent au moins un mois avant d’être connus.
 

L’analyse du professeur Jacques Fantini qui avait prédit l’expansion mondiale du variant Delta

Le point de vue du professeur Jacques Fantini diffère de celui de Philippe Froguel. Le chercheur en biologie moléculaire et biochimie qui avait prédit l’expansion mondiale du variant Delta a analysé le variant Omicron.

Afin de connaître la contagiosité, Jacques Fantini applique la méthode utilisée pour le variant Delta, à savoir l’analyse du T-index (index de transmissibilité).

« Le calcul effectué pour le variant Omicron donne un T-index = 3,90. Il est donc a priori moins transmissible que Delta, qui reste à ce jour le variant possédant le T-index le plus élevé », a écrit le professeur Fantini qui rappelle que la souche sauvage de Wuhan avait un T-index de 2,16 tandis que le variant Delta présentait le T-index le plus élevé : 10,67, soit une transmissibilité presque trois fois plus grande que le celle du variant Omicron.

« Le succès de Delta tient à l'évolution concomitante du NTD et du RBD avec seulement 2 mutations dans chaque domaine. Pour Omicron, les mutations vont dans tous les sens, sans logique particulière, certaines s’annihilent mutuellement », rappelle le professeur.

Comparant Omicron au premier variant sud-africain, il pense que les caractéristiques de la protéine Spike ne lui permettront pas de supplanter le Delta. Par conséquent, ce variant pourrait effectuer quelques percées régionales, mais ne devrait pas se répandre sur l’ensemble de la planète.


Martin Blachier, inquiet de la réaction des pouvoirs publics

Interrogé par le journaliste David Pujadas sur LCI, Martin Blachier, médecin de santé publique et épidémiologiste, exprime une inquiétude un peu différente de celle que l’on a coutume d’entendre dans les médias. Les frontières qui se referment à chaque apparition d’un nouveau variant, une histoire sans fin pour ce médecin qui pense que la réponse apportée n’est pas rationnelle alors que le virus « n’a pas tué tout le monde en Afrique du Sud et reste une pathologie bénigne ».

Fustigeant l’attitude des autorités du monde entier, Martin Blachier ne mâche pas ses mots devant ce qu’il qualifie « d’hystérie permanente ».

« Je suis inquiet parce que je ne vois pas où on va, collectivement là, dans le monde entier. Mais je ne suis pas inquiet pour le variant Omicron. » a déclaré ce médecin dont on peut saluer les exigences de rationalité face à cette folie collective.

Un discours réitéré le lendemain sur LCP, de façon plus tranchante encore :

 

La déclaration de l'OMS

Face à l’émergence de ce nouveau variant, l’OMS reste prudente. Si l’organisation reconnaît que le nombre de personnes testées positives a augmenté dans certaines régions d’Afrique du Sud, elle ne s’avance guère sur la transmissibilité du virus par rapport aux souches précédentes, et annonce que des études épidémiologiques sont en cours pour comprendre si l’hospitalisation de certaines personnes sont imputables à Omicron ou pas.

Également réservée sur la gravité de cette nouvelle souche, l'OMS a écrit qu'il n'existe actuellement aucune donnée suggérant que les symptômes associés à Omicron sont plus graves que ceux provoqués par les précédents variants. Cependant, les infections initialement signalées concernent des personnes plutôt jeunes qui ont fait des formes bénignes. Il faudra, par conséquent, attendre plusieurs semaines pour connaître le niveau de gravité dans l’ensemble de la population.

 

Dans cette grande compétition entre variants, Mu et Lambda n'ont pas réussi à ravir la première place à Delta qui reste quasi hégémonique sur l'ensemble de la planète. Omicron arrivera t-il à détrôner Delta ? Réponse dans quelques semaine.

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