Jungle de Calais : Cazeneuve demande à la Grande-Bretagne "d'assumer son devoir moral"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 octobre 2016 - 16:44
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Bernard Cazeneuve discours illustration bras écarté
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"Je demande solennellement à la Grande-Bretagne d'assumer son devoir moral", a déclaré Bernard Cazeneuve.
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Alors que le démantèlement de la Jungle de Calais approche à grands pas, Bernard Cazeneuve a mis, ce lundi, la pression sur les Britanniques pour qu'ils ouvrent plus largement leurs portes aux jeunes migrants de ce campement qui espèrent rejoindre leurs familles au Royaume-Uni. "Il faut que Londres aille plus loin", a-t-il déclaré.

A l'approche du démantèlement de la Jungle de Calais, Bernard Cazeneuve a cherché ce lundi 10 à accentuer la pression sur les Britanniques pour qu'ils ouvrent plus largement leurs portes aux jeunes migrants de ce campement qui espèrent rejoindre leurs familles au Royaume-Uni. "Je demande solennellement à la Grande-Bretagne d'assumer son devoir moral", a déclaré M. Cazeneuve sur RTL, en jugeant qu'"il faut que Londres aille plus loin" sur le sujet des mineurs non accompagnés. Le ministre de l'Intérieur, qui effectue dans la journée un voyage-éclair à Londres pour s'entretenir avec son homologue Amber Rudd, a promis de transmettre ce message avec "la plus grande netteté" - une fermeté de ton qui laisse entrevoir la complexité des négociations, dans un climat pré-Brexit.

Ces migrants mineurs posent un problème spécifique, à l'approche du démantèlement. Relevant de la protection de l'enfance, ils ne peuvent être orientés vers les Centres d'accueil et d'orientation (CAO) ouverts pour les adultes, et beaucoup cherchent à rejoindre de la famille en Grande-Bretagne. Ils dépendent donc de la réunification familiale, comme le prévoient plusieurs textes, notamment un amendement de la législation britannique ou encore les accords européens de Dublin, qui confient la responsabilité de la demande d'asile, dans le cas d'un mineur, au pays où il a déjà de la famille.

Mais il faut pour cela convaincre les Britanniques d'accepter les dossiers de ces adolescents, qui ont parfois du mal à produire les documents prouvant âge et liens familiaux. Le nombre de mineurs est estimé à un gros millier par plusieurs associations (Bernard Cazeneuve avait parlé "de 900 à 950" il y a deux semaines) mais les Britanniques n'ont jusqu'à présent accepté que 72 dossiers. Procédures qui traînent, demandes tatillonnes... dans un rapport publié dimanche, la Croix-Rouge britannique liste les entraves à ce processus, en déplorant que "la bureaucratie bloque les enfants réfugiés" dans la Jungle de Calais.

S'il pointe le manque de personnels côté français, notamment du côté des associations mandatées par le gouvernement pour les recenser ou dans les préfectures, le rapport livre un tableau très critique de l'action des autorités britanniques. "Dans certains cas, le Home Office n'a pas répondu aux demandes de prise en charge" des autorités françaises, et dans d'autres il "juge les éléments de preuve insuffisants, et demande des tests ADN", alors même que ceux-ci sont illégaux en France sans autorisation de la justice, affirme l'ONG. "Des erreurs administratives ou des retards dans les réponses, le temps de mener une évaluation sociale de la famille en Grande-Bretagne, comptent aussi parmi les causes de rejet", selon le rapport intitulé "Aucun endroit pour les enfants".

Côté français, Bernard Cazeneuve a indiqué qu'une "liste précise" des ces mineurs était en cours d'établissement. L'association France Terre d'asile a dépêché lundi une équipe à Calais, chargée de procéder, pendant 48 heures, "à un recensement nominatif des mineurs ayant de la famille en Grande-Bretagne", a indiqué à l'AFP son directeur général, Pierre Henry. Mais de quels moyens de pression les autorités françaises disposent-elles dans cette affaire? "Lorsque toutes les caméras seront tournées vers ces mineurs isolés que les Britanniques ne prendront pas, ça se verra, donc ils ont intérêt à les prendre", a affirmé Bernard Cazeneuve.

La Jungle de Calais risque en effet de recevoir une attention médiatique considérable le jour de son démantèlement - pour lequel aucune date n'a officiellement été fixée, même si le Défenseur des droits a avancé celle du 17 octobre. Le campement compte de 7.000 à 10.000 personnes, selon les estimations. Lors de l'évacuation de la partie sud du campement insalubre début 2016, les images d'Iraniens se cousant la bouche ou de tentes en flammes avaient fait le tour du monde. Dans ce contexte, négocier avec les Britanniques sur l'aspect financier semblera peut-être plus aisé, même si ceux-ci ont déjà contribué à hauteur de 100 millions d'euros à la sécurisation du site de Calais.

 

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