Fonctionnaires : Valls soutient Macron contre la gauche de la gauche
"Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d’un emploi garanti à vie, et pas le responsable de la cyber sécurité d’une entreprise..." Les propos d'Emmanuel Macron sur les fonctionnaires, dont le statut ne serait "plus adapté au monde tel qu'il va", passent mal à gauche. Mais, alors que plusieurs responsables socialistes réclament la démission du ministre de l'Economie, le Premier ministre Manuel Valls a choisi de le soutenir.
"Quand on a un ministre talentueux qui œuvre pour notre économie et pour notre industrie, on le soutient et on le soutient jusqu'au bout", a ainsi lancé le chef du gouvernement ce dimanche lors du congrès du Parti radical de gauche (PRG). Renouvelant son soutien à la loi de croissance dite loi Macron, il a poursuivi: "ce que nous écrivons aujourd'hui, c'est le contrat social du XXIe siècle"."Un contrat social fidèle à ce que nous sommes, c'est-à-dire aussi attaché au statut des fonctionnaires", a-t-il cependant concédé dans un esprit de conciliation avec les mécontents.
Alors qu'il avait déjà critiqué les 35 heures lors de l'Université d'été du Medef fin août, les propos d'Emmanuel Macron sur les fonctionnaires ont suscité ces derniers jours la colère de nombreux socialistes. "J'espère que tout le monde comprendra qu'il y a des choses qui ne se disent pas", a ainsi déclaré ce dimanche Claude Bartelone, président de l'Assemblée nationale, sur RTL.
"Je trouve qu'à quelques semaines des élections régionales, où l'on doit mobiliser notre électorat, où l'on doit réaffirmer nos valeurs de gauche, reprendre une fois de plus des propositions qui sont de droite, des mots qui sont de droite, je pense que c'est irresponsable de la part du ministre de l'Économie", s'est également insurgé le député Yann Galut, de l'aile gauche du parti.
"On a fait partir Arnaud Montebourg pour moins que cela", a quant à lui lâché le député frondeur Laurent Baumel. "Emmanuel Macron s'est un peu spécialisé dans des provocations consistant finalement à utiliser la rhétorique et des mots de la droite et les endosser comme un ministre supposé de gauche", s'est-il agacé devant la presse, rappelant que "cela fait deux fois que l'exécutif est obligé de le recadrer, sur les 35 heures, puis maintenant sur le statut des fonctionnaires". "Si ce qu'il dit n'est pas la ligne du gouvernement, il ne peut pas continuer tous les quatre matins à avoir des sorties de ce type et rester au gouvernement. Il faut une cohérence", a-t-il ajouté.
Mais la gauche de la gauche n'est pas la seule à se trouver en désaccord avec Emmanuel Macron. François Hollande lui-même a pris soin de prendre ses distances avec les propos du ministre de l'Economie. Alors qu'il décorait vendredi 18 un haut fonctionnaire dans son fief de Tulle (Corrèze), le président a déclaré: "vous êtes un fonctionnaire d'Etat, attaché, comme moi, à son statut. Etre un fonctionnaire c'est être toujours capable d'anticiper, de prévoir et de servir".
Ainsi, la polémique a pris une telle ampleur que Emmanuel Macron a finalement du revenir sur ses propos. "A aucun moment je n'ai parlé d'une réforme du statut de la fonction publique que le gouvernement envisagerait. Les propos partiels rapportés donnent une vision déformée de ma pensée. Il ne peut y avoir aucune polémique à ce sujet", a-t-il assuré vendredi soir.
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