Evacuation musclée place de la République : une soirée explosive pour le ministre de l’Intérieur

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FranceSoir
Publié le 24 novembre 2020 - 13:02
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Plusieurs centaines de migrants, en errance depuis l'évacuation d'un important camp d'exilés, montent un nouveau campement place de la République, le 23 novembre 2020 à Paris
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© MARTIN BUREAU / AFP
Pour alerter sur la situation de migrants en manque d'hébergement, l'installation de tentes place de la République
© MARTIN BUREAU / AFP

L’évacuation violente de la place de la République, occupée par des militants et des migrants lundi soir, crée la polémique le jour même du vote sur la proposition de loi pour la Sécurité globale à l'Assemblée. Gérald Darmanin parle d’ « images choquantes ». 

 
Une semaine après la dissolution d’un campement de migrants à Saint-Denis, des associations d’aides aux réfugiés ont décidé de « rendre visible l’invisible », en l’occurrence un millier de personnes qui n’ont pas, selon elles, trouvé de place dans les hébergements.
 
En début de soirée lundi, des tentes sont installées sur la place de la République, à Paris. La réaction de la préfecture de police est rapide, et un communiqué est publié vers 21h30 :
 
« La constitution de tels campements, organisée par certaines associations, n’est pas acceptable. La préfecture de police a donc procédé immédiatement à la dispersion de cette occupation illicite de l’espace public »
 
Une dispersion dans un climat houleux : les images montrent des actes comme une tente soulevée alors qu’une personne était à l’intérieur, des tensions entre forces de l’ordre et occupants de la place, des coups de matraque, des jets de gaz lacrymogènes… En somme une évacuation que l’on qualifiera à minima de musclée.
 
Un journaliste frappé à terre
 
La twittosphère se focalise en particulier sur un policier manifestement zélé, qui successivement assène un coup de pied à un manifestant sur la place, en matraque un autre dans une rue puis s’en prend directement au journaliste de Brut Rémy Buisine en le frappant alors que ce dernier est au sol. 

 

 
En pleine contestation sur la proposition de loi pour la sécurité globale et son article 24, les images d’un policier s’en prenant à un journaliste sont ravageuses. D’autant que comme le dit Rémy Buisine lui-même :
 
« Vous m’avez violenté, vous m’avez frappé trois fois durant la soirée, il faut arrêter maintenant. Ce n’est pas que respecter la presse, c’est respecter les gens »
 
Le tweet nocturne du ministre
 
A 23h57, un tweet tombe. Il est signé du ministre de l’Intérieur en personne…
 
 
« Des images choquantes », le terme est pour le moins surprenant quand on connaît le débat actuel sur la diffusion d’images de policiers dans l'exercice de leurs fonctions, quand on sait qu’une rencontre entre le ministre et des représentants de la presse a fait chou blanc lundi soir… 
 

Gérald Darmanin renvoie donc la patate chaude au donneur d'ordre, le préfet de police de Paris. Bête noire des manifestants, Didier Lallement a déjà été mis en cause pour certaines paroles (« on n’est pas dans le même camp, madame ») et pour certains ordres, dont l’utilisation de drones et le nassage de manifestants. Les prochains jours nous diront si le préfet servira, ou non, de fusible.

 
Ce mardi matin, les médias mainstream s’emparent du sujet, tandis que les politiques de tous bords se précipitent pour défendre le travail du préfet et critiquer une « réaction lâche du ministre » (Marine Le Pen et Eric Ciotti), ou à l’inverse pour insister sur la « dérive liberticide du gouvernement » et sur un « déchaînement de violence honteux » (Alexis Corbière et David Beillard).
 
Deux ministres, Marlène Schiappa et Emmanuelle Wargon montent au créneau ce mardi pour tenter d’éteindre l’incendie et déplacer le débat sur la question de l’hébergement des migrants – qui est, aussi, une vraie question. 
 
Le vote solennel de la proposition de loi relative à la sécurité globale doit avoir lieu ce mardi à l’Assemblée nationale… après une séance de questions au gouvernement qui s’annonce animée.
 

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