Deux Russes interdites d’accès au château de Vincennes, le ministère des armées plaide "un manque de discernement"
Le 28 juillet, deux femmes russes se sont vus refuser l’entrée au château de Vincennes du fait de leur origine. Un service du ministère des Armées a justifié cette interdiction "à la suite de l’invasion de l’Ukraine" pour restreindre "l’accès aux emprises militaires du ministère aux ressortissants russes" ; le château contient l’un des centres du Service historique de la défense (SHD) dont les archives sont accessibles au public. De son côté, le cabinet du ministre des Armées a regretté un manque de "discernement" des surveillants, précisant que les lieux touristiques restent encore ouverts aux Russes.
Un accès restreint pour les Russes "aux emprises militaires du ministère"
Depuis le début du conflit russo-ukrainien, les sanctions envers la Russie sont parfois assorties de discrimination contre les ressortissants originaires de ce pays... jusque dans le cadre de visites touristiques. Fin juillet, en raison de leur origine, deux touristes russes ont été ainsi interdites de visiter le château de Vincennes, situé au sud-est de Paris.
Voir aussi : Le boycott antirusse en marche accélérée
Suite à cette interdiction, l’une des deux femmes a confié à l’AFP son émotion : "Un gardien placé au niveau du détecteur de métaux a demandé à voir mon passeport". Après le lui avoir montré, le gardien refuse l’entrée. Lorsqu’elle interroge un autre gardien sur la raison de ce refus, la réponse est directe : "Parce que vous êtes russes". Une situation qui a profondément "bouleversé" la jeune femme de 31 ans, qui a souligné avoir fui la Russie afin de s’installer en France "il y a cinq mois", étant "opposée à la guerre".
Cet épisode est le résultat d'une "directive interne" prise par le service du ministère des Armées suite à l’invasion russe de l'Ukraine, qui restreint "l'accès aux emprises militaires du ministère aux ressortissants russes". En effet, le château de Vincennes contient notamment l’un des centres du Service historique de la défense (SHD), dont les bibliothèques et les archives sont accessibles au public sous certaines modalités. L’une des deux touristes étant journaliste de profession, le service du ministère des Armées a toutefois reconnu que des "demandes relatives aux fonctions journalistiques" pouvaient être faites.
Suite à cet incident, le cabinet du ministère des Armées a déploré un manque de "discernement" le 9 août.
Un manque de "discernement" selon le ministère des Armées
Contacté par l’AFP, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a assuré que les lieux touristiques dépendants du ministère restaient encore ouverts aux Russes. "Il va de soi que (cette règle) ne peut pas être appliquée de la même manière pour les bâtiments stratégiques que pour les lieux recevant du public comme les musées", a-t-il déclaré.
"Le ministre des Armées a demandé à ce que nous précisions cette directive auprès des agents de ces lieux-là pour éviter tout incident", a ajouté le cabinet. Ainsi, le château de Vincennes, le musée de l’Air et de l’Espace, ou encore les Invalides sont donc accessibles pour les touristes et immigrés russes. En revanche, depuis février, l’accès aux "bâtiments stratégiques" leur est bien strictement interdit.
De son côté, Jérôme Poirot, ancien adjoint du coordonnateur national du renseignement, a affirmé sur TF1 que "l’agressivité des services de renseignement russes est très élevée partout en Occident depuis maintenant une quinzaine d’années (…) et cette agressivité des renseignements russes, elle est bien entendu encore plus élevée depuis le début de la deuxième phase de la guerre en Ukraine".
Une situation qui suscite la colère et l'incompréhension du Kremlin.
Le Kremlin dénonce des "mesures hostiles"
Après cet incident, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a appelé ces pays à "retrouver leurs esprits", dénonçant des "mesures hostiles" prises contre ses ressortissants dans certains pays européens. Il a indiqué que "ces déclarations viennent de pays que nous avons désignés comme inamicaux (...) Plusieurs de ces pays sont guidés par leur hostilité jusqu’à l’inconscience". Et d’ajouter : "Je pense qu’avec le temps, le bon sens prévaudra à nouveau et ceux qui font ces déclarations retrouveront leurs esprits".
En tout cas, cette situation suscite l’inquiétude des Russes vivant à l'étranger puisque, selon l’INSEE, "73 500 immigrés russes vivaient en France en 2021".
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