Décriée mais toujours là, Marisol Touraine marque un point avec sa loi Santé

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 décembre 2015 - 09:11
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Marisol Touraine, le 13 décembre.
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"Il n'y a pas beaucoup de ministres qui ont osé affronter directement les syndicats médicaux et qui soient restés à leur place", dit l'un de ses adversaires.
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"Bosseuse" pour les uns, "autoritaire" pour les autres, Marisol Touraine est une ministre de la santé dont même les détracteurs reconnaissent la ténacité. Dernier fait d'armes de celle dont le frondeur Benoît Hamon dit qu'elle "assure à elle toute seule la moitié des acquis de gauche de ce gouvernement", l'adoption de la loi santé jeudi 17.

On la dit "froide" et "autoritaire"... mais tenace. Honnie par les médecins, Marisol Touraine a résisté à une corporation difficile pour, après la réforme des retraites, décrocher un nouveau "bon point" politique avec l'adoption définitive de sa loi santé, jeudi 17.

"Mon seul regret, c'est la longueur du processus" parlementaire, assure la ministre à l'AFP, dans son bureau donnant sur la tour Eiffel, plus d'un an après la présentation de son texte et à quelques jours de son dernier passage à l'assemblée. Il faut dire que les médecins libéraux, remontés contre une loi "liberticide", selon eux, ont eu tout le temps d'exprimer leur mécontentement. Grèves à répétition, manifestation rassemblant plus de 20.000 blouses blanches dans Paris en mars dernier et, fait exceptionnel, mouvement unitaire de tous les syndicats lui ont quelque peu compliqué la tâche.

"C'est la ministre des occasions ratées et de la fausse concertation", résume un de ses plus fervents détracteurs, le docteur Jean-Paul Hamon, président du syndicat FMF. "Elle aura au moins gagné ses galons de général d'armée", commente Claude Leicher, président de MG France, principal syndicat de généralistes. "Il n'y a pas beaucoup de ministres qui ont osé affronter directement les syndicats médicaux et qui soient restés à leur place".

De fait, Marisol Touraine, 56 ans, peut se targuer d'un exploit, toujours en poste au ministère de la Santé au bout de trois ans et demi, un record. Décrite dans le monde politique comme "bosseuse" et "compétente", elle n'a jamais, contrairement à d'autres, fait de gaffe, à l'exception d'une remarque sur l'autorité de Jean-Marc Ayrault au début du quinquennat. Et, "en dépit de son CV centre gauche, elle assure à elle toute seule la moitié des acquis de gauche de ce gouvernement", fait valoir l'ex-ministre de l'Education Benoît Hamon, évincé en août 2014.

L'ancienne strauss-khanienne, rompue aux questions sociales, a instauré le compte pénibilité, rappelle-t-il. A cette mesure phare d'une réforme des retraites votée sans ambages doit s'ajouter le tiers payant, "socle" de sa loi santé qui lui a valu le rejet unanime des médecins. "Sans elle, ce qui subsiste de digues serait tombé", renchérit le frondeur.

Fille du sociologue Alain Touraine et d'une dentiste chilienne, elle a grandi "dans une famille où la pression était très forte pour la réussite scolaire", raconte-t-elle. "Elle a pesé sur moi dès la naissance, si j'ose dire". En découle un parcours solide: normalienne, passée par Harvard et Sciences-Po, agrégée de sciences économiques et sociales, avant un tour au cabinet de Michel Rocard à Matignon et un premier mandat de députée en... Touraine, plus précisément en Indre-et-Loire, où elle est parachutée en 1997.

Reste qu'"elle n'est pas intégrée dans le monde de la santé", pointe un responsable socialiste, jugeant qu'elle "souffre d'un manque d'empathie". Question de "caractère", mais aussi la tare d'"une grande fonctionnaire" qui "ne vit pas son sujet".

Réputée "froide", la ministre sait en rire, même si cela l'"affecte". "Il n'y a pas beaucoup d'hommes dont on parle comme ça", dont on analyse la "psychologie", souligne cette mère de trois enfants, mariée à un diplomate. "C'est vrai, je ne fais pas de tape dans le dos!", lance-t-elle, ses yeux verts perçants grand ouverts. "Mais je ne pense pas que mes collaborateurs sont terrorisés à l'idée de venir travailler avec moi", plaisante-t-elle.

L'émotion a percé en avril, quand un député a repris, au détour d'un tweet, le surnom dégradant -MST- dont l'affublent les médecins les plus virulents. "Je ne suis ni imperméable, ni sourde, ni aveugle sur ce qui circule", avait-elle lancé, brandissant son "droit au respect".

"C'est quelqu'un qui a cette espèce de rare qualité d'être à la fois sensible et solide", estime Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre parisien du Rond Point, où la ministre se rend souvent.

Reste à savoir où elle emploiera sa solidité par la suite, la ministre se disant "disponible" pour d'autres dossiers en cas de remaniement.

 

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