Affaire McKinsey : le Parquet national financier a lancé une enquête pour blanchiment aggravé de fraude fiscale

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FranceSoir
Publié le 06 avril 2022 - 17:12
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Le tribunal judiciaire de Paris, le 22 mars 2022
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EMMANUEL DUNAND / AFP
Le tribunal judiciaire de Paris, le 22 mars 2022.
EMMANUEL DUNAND / AFP

« S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », avait lancé dimanche 27 mars Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochent les nombreux contrats avec les cabinets de conseil. Cette déclaration du président de la République pourrait bien se concrétiser. Le Parquet national financier (PNF) a annoncé ce mercredi 6 avril avoir ouvert une enquête préliminaire depuis le 31 mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale après la publication du rapport sénatoriale relatif au recours à des cabinets de conseil privés par l'État, relate France Info.

Le Sénat accuse McKinsey d’évasion fiscale

Dans ce rapport, la commission d'enquête du Sénat a accusé le cabinet McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte que celui-ci n'aurait versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Cette révélation est d’autant plus accablante pour le géant américain que Karim Tadjeddine, directeur associé au sein du cabinet, avait assuré les sénateurs du contraire lors de son audition le 18 janvier : « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France » témoignait-il… sous serment.

Voir aussi : Cabinets de conseil: le rapport accablant de la commission d'enquête du Sénat

L'enquête du PNF, démarrée après « des vérifications », a été confiée au service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), précise Jean-François Bohnert, procureur de la République financier, dans ce communiqué qui ne mentionne pas le nom de McKinsey.

Les oppositions politiques au chef de l'Etat demandaient de manière répétée l'ouverture d'une enquête sur ce qu'elles considèrent comme du favoritisme dont la majorité macroniste ferait preuve au profit de ce cabinet de conseil, dont certains membres ont pu œuvrer pour la Macronie, notamment lors de la présidentielle 2017. Avant l'annonce du Parquet national financier, à l'instar de l'avocat Pierre Gentillet, ils étaient donc nombreux à s'interroger sur l'absence de réaction de sa part suite à la parution du rapport sénatoriale :

Sur ces conflits d’intérêts entre les cabinets de conseil et le gouvernement, quelques jours plus tôt, l'exécutif avait tôt fait de taxer les oppositions du fameux label de « complotisme », indiquait Libération.

Une absence d’enquête dénoncée par les magistrats

Dans une tribune publiée mardi 5 avril sur le site de l'hebdomadaire Marianne, des magistrats anonymes s’insurgeaient de l'absence de toute enquête :

« L’ampleur et la dimension des informations révélées par le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur les cabinets de conseil publié le 17 mars dernier a le mérite d’éclairer les citoyens sur l’état de délabrement de nos institutions, gravement menacées depuis plusieurs années par des dérives susceptibles de relever du champ pénal, et à tout le moins, osons le dire, de donner à voir un État possiblement frappé par la corruption. »

Satisfaction des oppositions... parfois teintée de suspicion

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont tout de suite fusé. Le candidat à la présidentielle Eric Zemmour s’est félicité de cette nouvelle, saluant au passage les parlementaires de Reconquête pour leur signalement fait au PNF. Pour Jordan Bardella, député RN, cette affaire « pose une question vitale : qui dirige la France ? ». De son côté, le député LFI Alexis Corbière a, lui, lâché une pique à l’endroit d’Emmanuel Macron : « La Macronie va t-elle toujours parler de "contre-vérités" et de pratiques d'optimisation fiscale "légales" ? », a-t-il raillé.

S'il s'est réjoui de la nouvelle, Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidence de la République, s’est étonné que ne soit pas également ouverte d’enquête sur les « éventuels conflits d'intérêt » entre Emmanuel Macron et les cabinets de conseil ou encore sur son patrimoine. Même son de cloche chez Charles-Henri Gallois, président de Génération Frexit, pour lequel l’enquête du PNF n’est qu’un écran de fumée, l’instance ne s'intéressant pas à l’affaire dite du « Rotchschild Gate », dévoilée par le journal L’Humanité le 29 mars.

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