Attaque aux cocktails Molotov : grève du zèle et moment d'"horreur"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 octobre 2016 - 13:10
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Des voitures de police incendiées.
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©Thomas Samson/AFP
La police nationale a lancé lundi soir un appel à témoins, avec un numéro vert dédié (0805200448) pour retrouver les agresseurs.
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Le premier syndicat de policiers a appelé à la "grève du zèle" suite à l'attaque aux cocktails Molotov dont ont été victimes plusieurs fonctionnaires samedi dans l'Essonne. L'un d'eux a raconté ce moment d'"horreur". Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se sont rendus lundi au chevet des blessés promettant des sanctions sévères, mais sans parvenir à apaiser la colère des policiers.

La tournée des commissariats de l'Essonne par Manuel Valls et Bernard Cazeneuve lundi 10 n'a pas apaisé la colère des policiers: le premier syndicat de gardiens de la paix a appelé à une "grève du zèle" pour ce mardi 11 après la violente attaque au cocktail Molotov contre quatre agents.

Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur - dont la démission a été réclamée par Les Républicains - se sont d'abord rendus au commissariat de Savigny-sur-Orge, où est affecté l'adjoint de sécurité de 28 ans très grièvement brûlé sur l'ensemble du corps samedi et dont le pronostic vital est toujours "engagé". "Il est pris en charge de façon absolument remarquable par les personnels hospitaliers" et "je suis convaincu qu'il se remettra", a déclaré M. Cazeneuve.

La visite s'est poursuivie à Athis-Mons, où travaille la femme gardien de la paix de 39 ans présente dans la voiture près du policier lors de l'agression. "Très grièvement brûlée aux mains et au visage", cette mère de trois enfants est hors de danger.

Après un passage à Juvisy-sur-Orge, où sont basés les deux autres agents moins gravement atteints, puis sur les lieux de l'attaque à Viry-Châtillon, Manuel Valls s'est aussi rendu au chevet des deux policiers grièvement brûlés. Une présence sur le terrain qui n'a pas convaincu Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, qui a appelé à une "grève du zèle".

Les agents sont invités "à ne traiter que les urgences et cas graves", du feu rouge grillé à l'atteinte aux biens et aux personnes, et à "faire l'impasse" sur les petites infractions du quotidien "comme un stationnement gênant", a expliqué à l'AFP son secrétaire général adjoint, Frédéric Lagache.

Quatre autres organisations, SCSI (majoritaire chez les officiers), Alternative-police (minoritaire), Unsa-Police et Unité SGP-Police FO (deuxième syndicat de gardiens de la paix), ont appelé à des rassemblements devant les commissariats ou services de police ce mardi midi.

Lors de l'attaque, samedi après-midi, les policiers effectuaient une mission de surveillance près d'un emplacement connu pour ses vols avec violences sur des automobilistes. Depuis plus d'un an, la mairie de Viry-Châtillon tente de reprendre le contrôle du "carrefour du Fournil" et y a installé une caméra de vidéosurveillance. Les policiers attaqués étaient chargés de protéger cette caméra, ciblée plusieurs fois par des délinquants, dont elle dérange les trafics qui prospèrent dans la cité sensible voisine de la Grande-Borne.

La police nationale a lancé lundi soir un appel à témoins, avec un numéro vert dédié (0805200448). Les agresseurs, une "dizaine" de personnes "cagoulées" selon le ministre de l'Intérieur, ont brisé les vitres d'un premier véhicule puis l'ont incendié avec des cocktails Molotov. Deux autres agents, présents dans une seconde voiture garée à proximité, ont également été agressés et leur véhicule incendié.

"Ils nous sont tombés dessus en quelques secondes", a raconté à RTL Sébastien, 38 ans, présent dans la deuxième voiture, évoquant un moment d'"horreur". "Les vitres éclatent, (...) ma collègue prend des coups de poing, des projectiles. On essayait de nous bloquer la sortie, j'ai vu qu'on voulait vraiment nous tuer", a ajouté le policier qui, une fois les assaillants partis, s'est jeté sur son collègue en feu pour éteindre les flammes.

Il a été accueilli en héros lundi matin au commissariat de Juvisy, les mains emmaillotées dans d'épais pansements et marchant difficilement. Ces policiers ont été "confrontés à une bande de sauvageons qui ont agi avec lâcheté", et qui seront "rattrapés" et "sévèrement punis", a promis Bernard Cazeneuve. "Aucune interpellation en lien avec l'affaire" n'a toutefois encore eu lieu, selon une source judiciaire. Les éléments prélevés sur place et les bandes vidéos de plusieurs caméras sont en cours d'analyse.

"On est dégoûté, car on sait que ce sont des mecs qu'on connaît bien, ce sont toujours les mêmes", souffle un officier du département. L'heure n'est "pas à la vengeance; on est des policiers professionnels, on est préparé à ça, on sait qu'on est de la chair à canon, une cible privilégiée".

Dans le quartier de la Grande-Borne "45 emplois de policiers ont commencé à arriver" et seront déployés d'ici fin décembre, a affirmé Bernard Cazeneuve.

 

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