Vérifier l'usage des deniers publics : après le Fonds Marianne, la DILCRAH ?

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 23 juin 2023 - 14:30
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DILCRAH
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Capture d'écran par photographie.
Site internet de la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT).
Capture d'écran par photographie.
  • Lettre de Xavier Azalbert, directeur de la publication de France-Soir, transmise par e-mail, à l'attention des membres de la Commission d’Enquête du Fonds Marianne - Paris le 22 juin 2023
  • Objet :  Fonds Marianne / Commission d’Enquête

À l’attention des membres de la Commission d’Enquête du Fonds Marianne,

À l’heure qu’il est, Marlène Schiappa et Mohamed Sifaoui se retrouvent donc à discuter du naufrage du Fonds Marianne par la grâce de votre Commission d’enquête sénatoriale. Commission dont l’un des membres, Daniel Breuiller (membre du groupe Écologiste - Solidarité et Territoires) a déclaré que cette triste affaire avait des airs de "République des copains", au vu des manquements des uns et des autres à toutes les règles établies.  

Il ne croyait pas si bien dire. Plusieurs détails lui auraient-ils échappé ?

Dans cette affaire, en effet, le directeur de ConspiracyWatch, M. Rudy Reichstadt, a récolté 60 000 euros afin qu’il étende son "action anti-complotistes". Lors de son audition par votre Commission, tout a semblé à peu près normal. À ceci près, au moins, qu’on découvrit alors que son officine était en fait financée par l’État à hauteur de 50% de son budget, contrairement aux allégations publiques de M. Reichstadt, qui se prétendait partout indépendant. Figurez-vous, qu’il est allé jusqu’à l’écrire sur son propre site.

Rappelons au passage que ConspiracyWatch est un média agréé par la CPPAP (Commission paritaire des publications et des agences de presse) et qu’à ce titre les informations doivent faire l’objet d’une vérification. 

L’indépendance à 50%, ce n’est pas impossible, Mesdames et Messieurs de la Commission d’Enquête. Un peu moins néanmoins à considérer cet autre fait : un certain David Medioni est mis en scène dans les vidéos de ConspiracyWatch. Il y joue même un rôle central : il présente les sujets, distribue la parole, règle les séquences, etc. Si bien que Messieurs Reichstadt et Tristan Mendès-France, les deux "compères" habituels, y font plutôt figure d’invités.

Et qui est donc David Medioni ?

David Medioni

Officiellement toujours, il est écrivain et journaliste de profession, tendance médias, et expert de la Fondation Jean-Jaurès. Il est également le fondateur de ErnestMag, un site d’actualité littéraire fondé en 2017.

Et, pourquoi pas, jusque-là...

L’étonnement vient à parcourir les membres de "l’équipe". On y trouve alors, M. Frédéric Potier de qualité de chroniqueur régulier. Mais également en qualité de ce qu’il était alors (1), le Préfet et Délégué Interministériel à la DILCRAH (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT). L’organisme d’État qui s’occupe en France depuis 2015 de toutes les haines qu’on y trouve : racisme, antisémitisme, phobies contre les LGBT, etc.

Frédéric Potier

 

Moyennant un budget annuel de 100 millions d’euros. C'est copieux, 100 millions d’euros. Quarante fois plus que les 2,5 millions du Fonds Marianne.

Alors voilà Monsieur le Sénateur : ConspiracyWatch, Rudy Reichstadt, David Medioni, Tristan Mendès-France, Frédéric Potier, DILCRAH et qui ou quoi d’autre encore…? Tout ça constitue en fait un tout, un tout petit monde qui se connaît très bien, bien au-delà de circonstances et d’obligations professionnelles. Mais cela constitue aussi un grand mélange des genres. A-t-il jusqu'ici étonné un responsable public ? Aucun.

Alors que cette situation soulève au moins deux questions, légitimes :

  • La DILCRAH / le Préfet Frédéric Potier ont-ils financé ConspiracyWatch depuis 2018 et à quel titre ?
  • Dans quelles conditions de régularité, sur le fond comme sur la forme, les procédures et les contrôles ? Quelqu’un a-t-il vérifié en détail, comme vous venez de le faire à propos du Fonds Marianne ? 

Accessoirement, on pourra aussi remarquer que M. David Medioni, qui joue donc le rôle habituel de redresseur universel de torts, trouve, lui, très normal de ne pas satisfaire à ses obligations légales élémentaires, et déposer les comptes de sa société un peu quand il le veut. Là, c'est la République du libre-service, ce qui est vérifiable ici.

Tout ça ne fait-il pas vraiment désordre ?

Alors, Mesdames et Messieurs, membres de la Commission d’Enquête, quitte à statuer sur la question de savoir si des fonds publics sont employés utilement, et rigoureusement, pour de bien nobles causes, ne pourriez-vous pas, étendre votre Commission, ou mettre en place une nouvelle initiative, et vérifier ce qui se passe aussi du côté des "amis" de la DILCRAH ?

Après tout, le Fonds Marianne et la DILCRAH, c’est à peu près bonnet-blanc et blanc-bonnet du côté des causes défendues officiellement, au moins.

En vous remerciant de votre attention, je reste à votre disposition pour d’autres précisions et vous prie de croire à l’expression de ma parfaite considération.

Xavier Azalbert,

Directeur de la publication de France-Soir.

Note :

(1) Le Préfet Frédéric Potier qui est depuis devenu (faut-il s’en étonner ?) "Délégué Général à l’Éthique et à la Conformité de la RATP". (Le mot "conformité" a été souligné par nos soins, ndlr)

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