Macron et la logique du bon sens qu'il n'applique jamais
ÉDITO - Quand quelqu'un se fait tirer dessus et subit une hémorragie, il importe avant tout d’arrêter celle-ci, pas de disserter sur qui est le tireur. Une fois la personne sauvée, alors on peut entendre son témoignage et mener l’enquête afin de mettre le criminel sous les verrous. La notion d’urgence doit évidemment être prise en compte par nos décideurs.
Mais en dehors des situations d’urgences, ce qu’il importe de faire en priorité pour les politiques n’est pas de traiter les conséquences du problème, mais d’en trouver la cause. Cela afin que ce dernier n’apparaisse même pas. Gouverner, c’est prévoir.
70 millions de Français attendent que cette logique évidente soit appliquée par l’exécutif et les hauts fonctionnaires qui officient au plus haut degré de l’État. 70 millions de Français qui sont impactés quotidiennement par les conséquences de problèmes dont les causes n’ont été ni anticipées, ni traitées.
Et malheureusement, rien ne change avec l’actuel Président de la République, qui ne semble pas habité par cette logique. Bien au contraire. Quel que soit le problème auquel la France est confrontée, Emmanuel Macron préfère s'employer à trouver, la plupart de temps en vain, un moyen de remédier aux conséquences d’un problème plutôt que d’en traiter la cause.
Une démarche qui est menée avec un insoutenable retard, une communication néfaste et avec des solutions apportées qui ressemblent davantage au final à un pansement sur une jambe de bois qu’à des prises de décisions claires, efficaces et pérennes.
Dans un tweet publié sur son compte personnel hier, le Président récidive et montre l’étendue de son problème en la matière :
Trop d’entre nous sommes confrontés à des pénuries dans nos pharmacies.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 13, 2023
Que ce soit pour des médicaments courants et bien connus, comme pour des traitements vitaux, les délais sont parfois trop longs et l’accès, trop difficile.
C’est inacceptable…
Que signifie cette dernière trouvaille d'Emmanuel Macron, au-delà des apparences ? Plutôt que de mettre sur la table les causes profondes de l’abandon dans l’Hexagone de la production de médicaments courants comme l’amoxicilline par les groupes pharmaceutiques, le président de la République préfère les subventionner à millions.
Si l’industriel de la pharmacie GSK accepte d’investir en France, en Mayenne, 22 millions d’euros pour “moderniser ses unités de production existantes” pour fabriquer cet antibiotique de première nécessité, c’est bien évidemment parce qu’il va bénéficier d’aides publiques à foison.
Ces dernières, dont le montant ici n’a pas été rendu public (question de pudeur sans doute !), font partie du plan “France 2030”. Un plan qui va coûter au contribuable la bagatelle de 54 milliards d’euros sur 5 ans. À l’avenir, il n’y a plus qu’à espérer que l’argent soit utilisé d’une manière plus judicieuse au lieu de cette farce assez tragique. Pourquoi ?
Parce qu’en remontant aux causes du problème, la faillite (ou la complicité ?) du politique apparaît, responsable d’une situation qui va dans tous les cas perdurer. En l’occurrence, celle de la pénurie de médicaments, qui remonte à plusieurs années, malgré toutes les annonces “d’urgence” faite pour arrêter “l’hémorragie”.
Car si celle-ci s’est produite, et que “le tireur” court toujours, c’est avant tout parce que les molécules anciennes ont été abandonnées par Big Pharma. Hors brevet et donc moins rentables pour les exploitants, elles n’intéressent plus les industriels. Elles les empêchent de placer leurs produits dits innovants. Cela a été bien visible durant la crise sanitaire, avec l’abandon d’un traitement précoce efficace pour faire de la place au tout-vaccin, bien plus lucratif.
En ce sens, il est mignon d’évoquer la relocalisation d’usines (et de faire croire de façon illusoire à la création d’emplois durables), mais si celles-ci se trouvent à l’autre bout du monde, en Chine ou en Inde, c’est évidemment pour des raisons de rentabilité financière. Et il n’y a aucune raison, en l’état, que cela change. Après que les subventions annoncées auront été dilapidées, la situation reviendra à son point de départ.
On aurait pu penser qu’à l’échelle de l’Union européenne (UE), notre gentille Commission s’organise afin de créer un marché capable d’être rentable pour les industriels et de pourvoir ainsi aux besoins de la population en amoxicilline ou autres médicaments de ce type.
Il n’en est rien. Dans un rapport publié par l’OTMeds (l’Observatoire de la Transparence dans les politiques du Médicament), nommé “Relocalisation de l’industrie pharmaceutique en Europe et dans les États membres”, les relocalisations au sein de l’UE sont présentées comme “vouées à l’échec”.
Pour une raison simple : confrontées aux mécanismes actuels du marché et donc obéissant au principe de l’offre et de la demande, il est impossible que le système soit stable à long terme. Le politique devrait donc mettre en avant la notion d'intérêt commun et faire évoluer le système. Celui-ci étant pris dans les carcans de l’UE et ses logiciels archaïques et dirigé par une Ursula von der Leyen cernée par les affaires judiciaires, on peut toujours rêver...
Dans tous les cas, attendu qu’une chaîne de fabrication de médicaments ne peut être relancée d’un claquement de doigts, les pénuries devraient durer jusqu’en 2024-2025. Chez Macron et ses derniers ministres de la Santé, gouverner, c’est peu voir.
Qu’aurait pu faire le président de la République afin de vraiment prendre soin de sa population ? S’attaquer cette fois aux causes qui nuisent directement à la santé physique et mentale des Français : à savoir la nourriture industrielle, la pollution chimique industrielle, l’emprise de l’industrie sur le monde de la santé... Les choix ne manquent pas.
Voyons alors le bilan du précédent quinquennat sur ces quelques questions, présenté par la Fondation pour la Nature et pour l’Homme (la FNH), et les résultats de la politique macronienne :
“Restauration collective : objectifs fixés, mais pas de moyens alloués”; “Les élevages extensifs (essentiels pour la préservation de la biodiversité, ndlr) abandonnés”; “Les légumes secs : un soutien insuffisant pour un aliment pourtant clé”; “L’agriculture bio : on ne se donne pas les moyens de réussir”; “Pesticides : promesses non tenues”. Source : FNH, 2022.
Quel bilan ! Même en matière de légumes secs, Emmanuel Macron n’a pas la solution. On le pensait pourtant expert en lyophilisation des ressources du pays. Dans le domaine de la santé, il opte systématiquement pour ce choix de gérer les conséquences et de mal le faire. La cause du problème n'est-elle pas alors Macron lui-même ?
On l'a vu notamment avec la Covid-19. Si le président a pu de manière questionnable invoquer l'urgence pour tenter de remédier à la conséquence (présumée) première de la Covid, à savoir le manque de lits d’hôpitaux en réanimation, c’est parce qu’effectivement, le nombre de lits a été insuffisant dès 2019.
Mais pourquoi alors les lits ne sont-ils pas en nombre suffisant ? Parce qu'Emmanuel Macron en a supprimé plus de 15 000 les années précédentes. Et qu’il a continué à en supprimer postérieurement, en pleine crise Covid.
Il n’est pas étonnant qu’à la vue de ce tableau, les Français n’aient plus confiance en la politique. Un dernier sondage Opinion Way pour Science Po le montre, avec 72% d’entre eux qui n’ont pas confiance dans le gouvernement et 68% dans l’institution présidentielle.
Sans résultats, hors-sols et éloignés de la réalité du terrain, complètement à l'opposé des valeurs qu'ils invoquent pour faire la morale aux citoyens : comment les politiques pourraient-ils avoir une meilleure image ? 82% des Français pensent que ceux-ci ne se préoccupent pas de ce que les gens comme eux pensent. Et ce phénomène s’accentue encore.
Tout ceci n’est pas nouveau mais a été décuplé en France, avec Emmanuel Macron. Les médias mainstream y sont éminemment pour beaucoup. Et pour cause !
Plus encore en matière d’information, pointer de faux problèmes et de fausses nouvelles, ne pas aller à la source, fabriquer des mensonges et les faire relayer sans cesse par des médias dominants dépendants de subventions (là encore, gracieusement octroyées par M. Macron), ruine la confiance et développe la défiance.
Tout cela n’apporte rien et reste contraire à l’intérêt public, soit mettre tant d’argent pour évoquer à la sauce de l'exécutif les problèmes en se mettant en scène dans leur prétendue résolution. C’est en quelque sorte se préoccuper de mettre la charrue avant les bœufs. Et quand les bœufs sont après la charrue, c’est qu’ils reviennent de l’abattoir.
La France mérite tellement mieux. La cause véritable des problèmes doit toujours être explicitée aux Français. L’information doit être transparente, intègre, impartiale. Son nerf de la guerre ne doit pas être l’argent. Voilà les valeurs fondamentales dont nous avons besoin. C'est la raison pour laquelle, quel que soit le prix à payer, et qu'importent les pressions et les menaces, France-Soir continuera d'œuvrer en ce sens, celui du bon sens.
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