Pourquoi la lutte contre le mésusage des médicaments doit être une priorité nationale du PLFSS 2023 ?


TRIBUNE - Mon plan pour lutter efficacement contre ce fléau, en 6 propositions concrètes, faisant toutes appel au « numérique en santé » et rédigées dans 5 amendements (en bleu dans le texte)
L’erreur médicamenteuse et le mésusage des médicaments n’ont pas de couleur politique. Ils peuvent toucher n’importe qui. Que ce soit en ville, dans les hôpitaux, les cliniques, les établissements sociaux et médico-sociaux, tels que les EHPADs.
Constat alarmant
Un tout récent rapport de l’OCDE (ici), daté du 7 septembre 2022, avec un résumé en français à partir de la page 9 stipule que jusqu’à une hospitalisation sur dix pourrait être causée par un événement indésirable lié aux médicaments. Et que jusqu’à un patient hospitalisé sur 5 serait touché par un événement indésirable lié aux médicaments…
Le coût total de ces admissions évitables et des prolongements d’hospitalisations dues aux événements nosocomiaux que l’on pourrait prévenir pour les pays de l’OCDE serait supérieur à 54 milliards de dollars chaque année. Cela représente 11% des dépenses pharmaceutiques pour les 31 pays pour lesquels les données sont disponibles.
Un rapport de l’OMS (ici), mentionné par l’OCDE, va jusqu’à considérer que la moitié des médicaments prescrits, achetés ou dispensés, seraient inappropriés.
Un communiqué de presse encore plus récent, daté du 13 septembre 2022 (ici) de l’Alliance ECAMET, pour « European Collaborative Action on Medication errors and Traceability », titrait : « Les erreurs médicamenteuses, événements indésirables les plus courants survenant à l’hôpital, menacent la sécurité des patients et causent 160 000 décès par an dans l’UE ».
En France, les « accidents médicamenteux » feraient 10 000 à 30 000 morts par an et occasionneraient 85 000 à 182 000 hospitalisations dans les seuls hôpitaux publics (rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France, Bernard Bégaud, Dominique Costagliola (ici).
Le saviez-vous ?
10 000 à 30 000 décès par an, cela équivaut au crash d’un Airbus A320 chaque semaine et jusqu’à tous les deux jours ! Des chiffres 3 à 10 fois supérieurs à la mortalité enregistrée sur nos routes en 2021 (ici).
Réveillons-nous !
En France, les enquêtes nationales sur les événements indésirables liés aux soins (ENEIS) menées par la DREES en 2004 et 2009, ont permis d’observer que 36% et 40% respectivement des réhospitalisations de sujets âgés, étaient liées à un problème médicamenteux (ici).
L’enquête menée en 2022 par l’OCDE ne cite pas la France parmi les modèles. Nous sommes clairement à la traîne.