Les mutilations sexuelles féminines une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes.

Auteur(s)
Dr Gérard GUILLAUME pour FranceSoir
Publié le 23 février 2021 - 13:31
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Les mutilations sexuelles féminines une violation des droits fondamentaux des filles et des femmes.
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Le 6 février était la Journée Internationale contre les mutilations sexuelles féminines (MSF).

 A une période où les violences sexuelles exercées contre les enfants défraient chaque jour la chronique  à juste titre,  un autre crime sexuel, odieux, passe quasiment inaperçu, les mutilations sexuelles féminines (MSF). Ce n’est pas la journée internationale du 6 février qui le démentira, tellement celle-ci s’est déroulée dans la discrétion, comme les précédentes.

D'après des chiffres de l'Unicef, il y a aujourd'hui environ 200 millions de femmes excisées dans le monde.  Parmi elles, on dénombrerait un peu moins d'un quart de jeunes filles de moins de 15 ans, c'est à dire 44 millions. Selon l’OMS,  chaque année,  ce sont près de 4 millions de filles dans le monde, pour la plupart âgées de moins de 15 ans, qui risquent d’être victimes d’une mutilation génitale féminine. Toujours d'après le rapport de l'Unicef, une excision, ou MSF est pratiquée toutes les 4 minutes à travers le globe sur une petite fille. Sur une année, cela représente le chiffre astronomique de 3 millions de filles, c'est à peu près l'équivalent du total des naissances de petites filles en France depuis 2010. 

Les mutilations sexuelles féminines (MSF) ou mutilations génitales féminines (MGF)° :

Les termes de Mutilations Sexuelles Féminines sont préférables à celles de Mutilations Génitales, car c’est bien à la sexualité de la femme qu’on porte atteinte, elles témoignent d’une volonté de contrôle de la sexualité de la femme.

Les mutilations sexuelles féminines désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme pratiquée à des fins non thérapeutiques.

Cette pratique dangereuse viole les droits fondamentaux des femmes et des fillettes, leur droit à la santé, leur intégrité physique et leur santé mentale, elle est le reflet d’une inégalité entre les sexes profondément enracinée, et constitue une forme extrême de discrimination à l’encontre des femmes

 Elles sont pratiquées la plupart du temps sur des jeunes ou petites filles pré-pubères. Il s'agit d'une tradition rituelle à l'origine floue, mêlant superstition religieuse (comme l'exil menstruel qui découle du tabou des règles), hygiène, gage de pureté et de virginité. 

Les communautés qui pratiquent encore les mutilations sexuelles féminines invoquent un ensemble de raisons sociales et religieuses pour justifier la poursuite de cette coutume désastreuse pour les femmes :

- perpétuer une tradition et  protéger une identité culturelle. Une des principales justifications des MSF est le respect des traditions, selon lesquelles les femmes sont considérées comme des objets et la propriété des hommes. Le conditionnement culturel des femmes perpétue ces pratiques qui se transmettent de mère à fille. Le pire  est illustré par la petite fille, qui vit en Europe,  rentre au pays pour les vacances et que la grand-mère va mettre à profit  pour la faire exciser.

- rite de passage vers la féminité, Les mutilations sexuelles féminines sont souvent considérées comme faisant partie de la nécessaire éducation d'une jeune fille et de sa préparation à l'âge adulte et au mariage. Faute d’information, nombreuses sont les femmes mutilées qui pensent que c’est là le sort réservé à toutes les femmes ! Certaines ne découvrent leur mutilation qu’à l’occasion des premiers rapports sexuels.     Cette idée de rite initiatique est tellement ancrée dans la tête des petites filles qu’elles pensent être impures si elles n’en passent pas par là.

- tentative pour réprimer la sexualité féminine.La femme non excisée est potentiellement considérée comme infidèle. L’excision permettant de conserver la chasteté avant le mariage. L’excision préviendrait de l’adultère chez les femmes mariées, c’est pourquoi l’infundibulation est aussi pratiquée chez les veuves, les divorcées ou les femmes dont le mari est absent.

- faire un bon mariage, devenir une bonne épouse ou préserver l’honneur de la famille. Il est important de comprendre que l’excision constitue une norme sociale : dans la plupart des communautés, l’excision persiste en raison d’un sentiment d’obligation sociale très fort. Par conséquent, même lorsqu’elles sont conscientes des répercussions sur la santé physique et psychologique de leurs filles, les familles préfèrent perpétuer la pratique pour ne pas subir jugement moraux et sanctions sociales (comme par exemple l’impossibilité pour une fille de se marier). Il existe une pression sociale obligeant les femmes à s'adonner aux MGF. Celles d'entre elles qui ne sont pas excisées ne peuvent pas participer à certaines activités coutumières et sont toujours considérées comme des enfants. Cela incite certaines femmes adultes à se faire exciser. En Ouganda, de plus en plus de femmes adultes font volontairement recours aux MGF.

- association à des croyances religieuses. Aucun des textes sacrés des religions monothéistes  ne prescrit les mutilations sexuelles féminines.Pourtant, dans plusieurs études, les femmes justifient les MSF comme un acte de foi. Et d’ailleurs, la répartition géographique de ces pratiques se superpose aux pays d’Afrique Noire à population majoritairement musulmane. Néanmoins, des pays comme, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, ou plus rigoureux comme l’Iran et le Pakistan ne pratiquent pas les MSF.

- les mythe Certaines communautés pensent que l’excision favorise la fécondité des femmes ; qu’elle permet d’assurer une meilleure hygiène, de rendre les femmes plus attrayantes ou même de leur ôter les parties qu’ils considèrent comme masculines ou dangereuses telle que le gland du clitoris

En fait, ces mutilations génitales féminines constituent une norme sociale profondément ancrée qui trouve son origine dans l’inégalité de genre et qui incite la société à accepter les violences envers les filles et les femmes.

Qui pratique ces msf :

Ces MSF sont le plus souvent pratiquées dans des conditions sanitaires dangereuses : avec une lame de rasoir, un tesson de bouteille, ou une paire de ciseaux de cuisine. L'anesthésie est inexistante, et la douleur insupportable. Ce sont les détenteurs du pouvoir et de l’autorité au niveau local tels que les leaders traditionnels, les chefs religieux, les circonciseuses, les aînés, et pire des membres du personnel médical qui pratiquent ces mutilations.  En effet, dans de nombreux endroits, les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées par le personnel médical, ce qui est totalement inadmissible, en réalité moins d’une excision sur 5, du fait de la croyance erronée selon laquelle l’intervention est moins dangereuse lorsqu’elle est médicalisée. L’OMS engage vivement les professionnels de santé à ne pas se livrer à de telles pratiques. La médicalisation de cette pratique ne la rend pas plus sûre, étant donné qu’elle consiste toujours à retirer et à endommager des tissus sains et normaux et qu’elle continue d’entraver le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. De fait, l’augmentation des interventions pratiquées par le personnel médical est attestée par de nombreux éléments. Les professionnels de la santé qui pratiquent des mutilations génitales féminines doivent être conscients qu’ils enfreignent le droit des filles et des femmes à la vie, à l’intégrité physique et à la santé. Ils violent également un principe déontologique fondamental de la médecine : « ne pas nuire ». Quant aux médecins qui participeraient à ces mutilations, ils violent tout simplement le  serment d’Hippocrate

A quel âge ?

L’âge auquel sont pratiquées les mutilations varie selon les pays : généralement entre 5 et 15 ans en Somalie, au Tchad, en Égypte et en RCA, avant 5 ans au Nigéria, au Mali, en Érythrée, au Ghana ou en Mauritanie. L’initiative de l’excision appartient le plus souvent à la famille de l’enfant, même quand elle est pratiquée à l’insu des parents. Les grands-mères ont tous les droits, même celui de faire exciser les petites filles avec ou sans l’accord de leurs parents.

Les mutilations sexuelles

En 1997, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) ont publié une Déclaration commune sur les mutilations sexuelles féminines (OMS, UNICEF, UNFPA, 1997) qui décrivait les conséquences de la pratique en termes de santé publique et de droits humains et manifestait le soutien de ces institutions en faveur de son abandon. Cette Déclaration a été revue en 2008

La Déclaration commune OMS/UNICEF/UNFPA a repris et corrigé la classification des mutilations sexuelles féminines en quatre types :

Type I : Ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce (clitoridectomie). 

Type II : Ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (excision). 

Type III : Rétrécissement de l’orifice vaginal avec recouvrement par l’ablation et l’accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris (infibulation). 

Type IV : Toutes les autres interventions nocives pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non thérapeutiques, telles que la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la cautérisation.

 

Complications des msf :

Mortalité

L’incidence exacte des MSF sur la mortalité et la morbidité est difficile à évaluer. L’excision pratiquée entre zéro et trois ans causerait entre 10 et 15 % de mortalité immédiate. La notion de survivante est souvent préférée à celle de victime au Royaume-Uni, conformément aux souhaits des femmes concernées.

Les conséquences physiques et psychologiques de ces pratiques sont très étendues, elles affectent la santé physique, mentale, la vie sexuelle, la reproduction, le bien-être des femmes toute leur vie.

Seulement 15 à 20% de ces complications seraient connues du milieu médical.

 

Les complications immédiates et à court terme :

Le décès de l’enfant peut être imputé à l’une des complications décrites ci-dessous. A notre connaissance, aucune étude de mortalité attribuable aux MSF n’est connue

. L’hémorragie :  L‘ablation du clitoris, extrêmement vascularisé, entraîne la section de l’artère clitoridienne, à l’origine d’hémorragie grave, de choc hémorragique et d’anémie sévère

. La douleur aigüe : Toute cette région est extrêmement innervée, la mutilation sexuelle, véritable torture, étant réalisée sans anesthésie est cause de choc neurogénique et de souffrances insupportables.

. Les complications infectieuses : Quasi constantes, elles sont dues à l’utilisation d’instruments souillés, lames de rasoirs, couteaux.. ; à l’application de pansements traditionnels : bouse de vache, cendres, plantes médicinales ; à la macération de la plaie dans les urines, les matières fécales.  Ces infections peuvent rester locales :  abcès, phlegmons, adénites. S’étendre au reste de l’appareil génital, à l’appareil urinaire, au péritoine à l’origine de salpingite, d’obturation des trompes, de péritonite. L’infection peut se généraliser : gangrène gazeuse, septicémie mortelle.

. Autres complications infectieuses : Complications dues à l’usage d’instruments souillés, de terre, de sang, les mutilations se faisant à la chaîne d’une fillette à l’autre : tétanos, VIH, hépatite B ou C

. La rétention aigüe d’urines : Dues aux douleurs, aux brulures mictionnelles, aux plaies de l’urètre,  à l’œdème, à l’hématome, compressifs de l’urètre.

. Les complications traumatiques : Plaies de l’urètre, du vagin, du périnée, du rectum dues à la petite fille qui se débat pour échapper à son bourreau ou à la maladresse de  la matrone.    

. Absence de cicatrisation : Par infection de la plaie souillée par les urines, les matières fécales, par les frottements engendrés.                                                                                                    

. Fracture des membres

Fracture de la clavicule, des membres, du bassin de la petite fille qui se débat pour se défendre et échapper à son bourreau.

Les complications à moyen et à long termes . . . Les troubles urinaires : Dysurie, rétention d’urine chronique notamment chez la femme infundibulée dont le méat urinaire est obstrué, infection urinaire rétrograde qui à terme peut conduire à l’insuffisance rénale.                                              

Infections génitales et stérilité : Vulvo-vaginites, cervicites, endométrites, salpingites douleurs abdominales chroniques, leucorrhées chroniques, ulcérations génitales, sont monnaies courantes. Toutes ces infections sont à l’origine de stérilité aux conséquences sociales désastreuses pour la femme africaine.                                                      

Pseudo-infundibulation secondaire aux adhérences vulvaires.                      

Cicatrices chéloïdes, névrome du nerf dorsal du clitoris, kystes dermoïdes, dysménorrhées                                                                                                         

Fistules vésico-vaginales, fistules recto-vaginales, sclérose de la vulve et du périnée…

 

Tel est le prix à payer pour ces malheureuses fillettes et femmes qu’elles porteront toute leur vie, à l’origine de :

. Troubles sexuels : Dyspareunie, vaginisme, sécheresse vaginale,  anorgasmie, perte de libido qui sont le lot quotidien des femmes mutilées.    

. Complications obstétricales : Selon une étude de l’OMS parue en 2007 !, portant sur 28 393 femmes, les MSF sont à l’origine d’une augmentation du taux de césariennes, d’épisiotomie, d’hémorragies du post-partum, de déchirures périnéales, de fistules, d’une augmentation de la durée du temps de travail, de rétention du fœtus, de la mortalité néo-natale.

 . Conséquences psychologiques : Des risques de séquelles psychologiques tout au long de la vie sont incontestablement liés aux mutilations sexuelles féminines, 30% des femmes mutilées souffrent de syndrome post traumatique, 80 % des troubles anxieux et affectifs, d’état dépressif, mais aussi de phobie de l’acte sexuel, de l’accouchement, de la peur de l‘infertilité. Un  facteur de traumatisme réside dans le silence qui entoure ces pratiques dans les sociétés où elles persistent.    La femme mutilée immigrée peut se trouver confronter à des problèmes d’identité sexuelle lorsqu’elle se trouve face à des femmes non mutilées et ressentir une frustration immense, prenant conscience qu’elle a été amputée d’un symbole majeur de sa féminité.

 

Ou se pratiquent-elles ?

Les données les plus récentes indiquent qu’en Afrique, les MSF concernent 91,5 millions de filles et de femmes de plus de neuf ans. On estime à près de 3 millions en Afrique le nombre de filles qui risquent chaque année de subir de telles mutilations.

Apparues dans la région du Haut Nil à l’époque des pharaons, les mutilations sexuelles féminines  sont recensées dans 28 pays d’Afrique et dans quelques pays d’Asie et du Moyen-Orient. La prévalence de ces pratiques est très variable selon les pays, moins de 10% au Congo, au Ghana, plus de 90% en Egypte, en Somalie, à Djibouti. Elles se pratiquent aussi en Arabie Saoudite, au Yémen, dans les Emirats Arabes Unis, en Inde, en Malaisie, en Indonésie, dans certaines communautés d’Amérique du Sud. D'après l'ONG Vision du Monde, 9 femmes sur 10 au Mali sont excisées. Le Mali fait partie des 5 pays du monde où les femmes risquent le plus de subir des Mutilations Sexuelles Féminines.

La pratique des mutilations sexuelles féminines (MSF) recule actuellement dans le monde entier. À ce jour, dans les 30 pays où les MSF sont répandues, environ un tiers des filles âgées de 15 à 19 ans a subi cette pratique, contre une fille sur deux au milieu des années 1980.Toutefois, les taux de croissance démographique dans certains des pays les plus pauvres du monde pourraient entraîner une augmentation du nombre de filles victimes de MSF, à moins que le déclin de la pratique ne s’accélère : 68 millions de filles seraient concernées d’ici à 2030.

Le déclin est particulièrement marqué en Afrique de l’Est, où le taux de mutilées de moins de 15 ans est passé de 71 % à 8 % entre 1995 et 2016, selon l’Unicef. Le recul est malheureusement bien moins visible en Afrique de l’Ouest et dans la Corne de l’Afrique, les deux régions les plus concernées par cette pratique inhumaine répandue dans toute la bande sahélienne, de la Mauritanie à la Somalie.

Au Nigeria, 35,8 % des femmes de 45 à 49 ans ont été excisées, contre 15,3 % des 15-19 ans. Mais c’est au Burkina Faso que les progrès sont les plus spectaculaires, avec un taux qui a reculé de moitié, de 87,4 % des 45-49 ans à 42,4 % des 15-19 ans.

 

Risques d’excision* (en %) dans les 30 « pays à risque », par pays et par groupe de générations

Malheureusement ces MFS se retrouvent également au sein des communautés d’émigrés dans les pays industrialisés.

En Europe, on estime à 160 000 à 500 000  le nombre de femmes et de fillettes mutilées ou menacées de l’être, avec une plus forte concentration de femmes excisées en Grande Bretagne

 En France ce sont 30 000 femmes et 35 000 fillettes mutilées ou menacées de l’être selon des données qui remontent à 2002. Pour certains migrants, la perpétuation des coutumes est essentielle car elle représente une marque identitaire. Ce sont les 8 départements de l’Ile de France les plus concernés, ainsi que ceux de l’Oise, de l’Eure, de la Seine Maritime,  du Nord, des Bouches du Rhône. Ces migrants proviennent d’Afrique Noire, Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, de Mauritanie.

Selon l’association FIT, « Une femme un toit », 8 % de leurs résidentes seraient des femmes mutilées (2018) La France est le deuxième pays le plus concerné en Europe après le Royaume-Uni où vivraient environ 140  000  femmes adultes excisées nées dans des pays à risque.

 

La prise en charge médicale

Les professionnels de santé en contact avec les femmes victimes de ces mutilations sexuelles sont des acteurs clefs dans la lutte contre les MSF. Ils doivent tout mettre en œuvre pour aider ces femmes  et empêcher que de tels actes se perpétuent. Malheureusement, ils sont mal réparés à cette prise en charge et se sentent trop souvent démunis faute de connaissance et de compétence.

Les mutilations génitales féminines sont une problématique majeure qui concerne la France et dont les gouvernements  en ont fait une question de santé publique depuis 2005. La France est pionnière dans la prise en charge des femmes excisées, elle a été le premier pays à rembourser les frais chirurgicaux de réparation

Depuis la fin des années 90, la chirurgie plastique reconstructive du clitoris tout comme la désinfubilation peuvent être proposées à toutes les femmes victimes de MSF et prises en charge par les assurances sociales.

Etat de la legislation

En France :  Les pratiques de mutilation sexuelles féminines sont considérées comme des crimes, condamnées comme telles et relèvent de la Cour d’Assise. (Article 222.9 et 222.10 du Code Pénal)

L’auteur d’une mutilation et le responsable de l’enfant mutilé peuvent être poursuivis notamment pour des violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, qui sont punies de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende (article 222-9 du Code pénal).

La peine encourue est portée à quinze ans si la mutilation permanente est commise sur un mineur de moins de quinze ans (article 222-10 du Code pénal), à vingt ans si l’auteur est un ascendant ou parent légitime, naturel ou adoptif ou par toute personne ayant autorité sur le mineur (article 222-10 du Code pénal), à trente ans si la mutilation a entrainé la mort sans intention de la donner (article 222-8 du Code pénal).

Le délit de non-assistance à personne en danger s’applique à toutes personnes, (professionnel ou non), qui ne signale pas le danger qu’encourt une fillette menacée de mutilation sexuelle, prévue en France ou à l’étranger.(article 223.6 du Code Pénal).

 

Les MSF commises à l’étranger

La loi française s’applique aussi lorsque la mutilation est commise à l’étranger : c’est le principe « d’extraterritorialité ».

La loi française est applicable à toute personne majeure vivant sur le territoire national, mais également à l’étranger. Dans ce cas, l’auteur du crime, qu’il soit français ou étranger, pourra être poursuivi en France, à condition que la victime soit de nationalité française (art. 113-7 du Code pénal) ou, si elle est étrangère, qu’elle réside habituellement en France (art. 222-16-2 du Code pénal).

 

En ce qui concerne les professionnels, la levée du secret médical s’applique en ces circonstances, et ils ont tenus d’informer les autorités judiciaires ou administratives (article 226.14).Le code déontologie rappelle les mêmes obligations selon l’article 44.

En Afrique : Un certain nombre de pays africains ont adopté des lois visant à l’éradication des MSF, à l’exception du Mali : Bénin, Burkina Faso, Centre Afrique, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Ghana, Guinée, Kenya, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Togo. C’est le cas du Soudan, où l’excision est  condamnée par la loi  depuis juillet 2020. La mutilation des organes génitaux des femmes est considérée comme un crime et sera passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. Mais ces lois sont rarement suivies de sanctions pénales. Pire, certaines communautés les pratiquent désormais dans la clandestinité, ce qui signifie que les filles sont excisées plus jeunes dans le plus grand secret ?

Le gouvernement du Mali an été traduit devant la Cour de justice de la CEDEAO en juin 2020, pour contester le fait que le Mali n’ait pas interdit les mutilations sexuelles féminines. Au moins 89% des femmes et des filles maliennes âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de cette pratique néfaste, 73% des filles maliennes subissant l’excision avant leur 15e anniversaire, selon l’Enquête Démographique et de Santé 2018. Les MSF de type II (excision) sont la forme la plus courante, touchant 48,9% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans.

 

Un effet inattendu de la maladie a coronavirus (covid-19)

En raison de la pandémie de COVID-19, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment en ce qui concerne l’élimination des mutilations génitales féminines d’ici à 2030, sera compromise et deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines devront être évités, estime le programme conjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur l’élimination des mutilations génitales féminines.

Au Sénégal, où 26% des femmes sont victimes de mutilations génitales féminines, ces mutilations sexuelles ainsi que les mariages d'enfants ont augmenté au Sénégal à cause de la pandémie ? Selon Vision du monde, on observe 30% d’augmentation des mariages d’enfants au Sénégal à cause de la pandémie "Qui dit pandémie, dit fermeture des écoles et qui dit fermeture des écoles, dit jeunes filles à la maison dans les villages avec une augmentation des mariages", explique Camille Romain des Boscs, de l’association Vision du monde, qui travaille sur le sujet

Comment lutter contre les msf ?

Comment lutter efficacement contre les violences faites aux femmes lorsque des petites filles sont l’objet une violence organisée, institutionnalisée et admise par la société ? Comment les aider à devenir des citoyennes autonomes alors qu’elles subissent des mutilations lors de rituels qui leur nient tout pouvoir sur leur propre corps ?

Pour promouvoir l'élimination des MGF, des efforts coordonnés et systématiques, impliquant l'ensemble d'une communauté, sont nécessaires. Ils doivent être axés sur les droits humains, l'égalité entre les sexes, l'éducation sexuelle et porter une attention particulière aux besoins des femmes et des filles ayant subi de telles pratiques.

Les freins

Ne viennent pas que des pays concernés !

Des idéologies d’extrême gauche procèdent à une inversion des valeurs et essaient de faire passer pour des révolutionnaires des gens qui défendent des coutumes moyenâgeuses, un acte barbare, véritable torture physique et morale,  qui laisse dans l’indifférence une grande partie de l’humanité.

Il faut dire qu’au temps du décolonialisme, de l’indigénisme,  l’Occident bien-pensant s’interdit de critiquer tout mode d’existence et toute croyance, au prétexte que tel groupe ethnique, religieux ou culturel vit de cette façon depuis des temps immémoriaux. C’est la conséquence de l’acte de naissance du politiquement correct. Ses principes fondamentaux sont l’égalité en droit de toutes les cultures, de toutes les croyances et de tous les modes d’existence, ainsi que l’interdiction par principe de critiquer d’autres cultures du point de vue moral ou épistémologique. (Alain Finkielkraut, « la défaite de la pensée », citée par Carlo Strenger dans son livre « Le mépris civilisé »). A ce titre il est impossible, pour la gauche bien-pensante européenne ou américaine, si prompte à fustiger l’homme blanc hétérosexuel, responsable de tous les maux de la terre,  de condamner les MSF. Pour elle, toutes les opinions, toutes les formes de croyances, toutes les formes de pratiques, toutes les cultures, doivent être respectées au nom du principe de l’égalité. Toute critique d’autres cultures est assimilée à un impérialisme eurocentrique. Cette gauche (qui n’est plus la mienne) paralysée par l’impératif du politiquement correct ne défend plus les piliers des « Lumières »

Quant aux féministes, dans leur aveuglement sélectif, elles ne retiennent que la responsabilité de l’homme, oubliant volontairement celle des femmes. Les MSF constituent un crime le plus souvent perpétré par les femmes qui en sont les ardentes avocates.

 

WARIS DIRIE «  Fleur du désert »

Waris Dirie est née en 1965 dans une famille de nomades de la région de Gallaciao dans le désert somalien près de la frontière éthiopienne.  A l'âge de 5ans, elle subit la procédure atroce de la mutilation génitale qui ,a déjà tué sa sœur. A l'âge de 13ans Waris Dirie échappe à un mariage forcé avec un homme plus âgée que son propre père et après une fuite et une cavale risquées et difficiles à travers le désert , elle arrive à Londres où elle travaille d’abord comme femme de ménage, puis chez McDonalds. Sa chance est de croiser une anglaise fantasque qui va la prendre en amitié et de croiser la route du célèbre photographe Terence Donavan qui va lui permettre de devenir mannequin et devenir une célébrité internationale. Elle déménage ensuite à New York où elle devient l’une des plus grandes top-modèles et fait la couverture des plus grands magazines.

 

Au cours d’une interview avec les journalistes Barbara Walters de NBC et Laura Ziv du Marie Claire US, Waris décide pour la première fois de parler du rituel atroce de la mutilation génitale et de raconter sa propre histoire.

Suite à son témoignage personnel une vague de compassion et de protestations se soulève dans le monde entier.

Elle sera nommée par l’ONU, ambassadrice dans la lutte contre la mutilation génitale féminine. En2002, elle fonde sa propre fondation « la Waris Dirie Foundation » qui deviendra en 2010 la « Desert Flower Foundation »

Son histoire fera l’objet d’un film, en 2010, que nous recommandons à tous les lecteurs. « Fleur du désert » de Sherry Hormann, qui retrace son histoire est une véritable ode à la lutte contre les mutilations sexuelles féminines

 

AGISSONS POUR METTRE FIN AUX MUTILITIONS GENITALES FEMININES 

  • Organisation mondiale de la Santé (OMS) ...
  • Programme conjoint FNUAP/UNICEF sur les mutilations génitales féminines/excision. ...
  • Réseau INTACT (Réseau International pour Analyser, Communiquer et Transformer la Campagne contre la Mutilation Génitale Féminine ou MGF) ...
  • Fédération Gams

etc

REFERENCES (non exhaustives)

-Anne Charlotte Poulain : Les Mutilations sexuelles féminines : les pratiques professionnelles dans les maternités de Seine Saint Denis. Thèse de doctorat en médecine. Créteil, 2007
Armelle Andro, Marie Lesclingand, ≪ Les mutilations genitales feminines dans le monde ≫, INED, avril 2017, n° 543.
Les mutilations génitales féminines en Europe, Rapport de Mme Beatrice Fresko-Rolfo au nom de la commission sur l’égalité et la non-discrimination, Doc. 14135, décembre 2016.
-Fédération nationale GAMS, mutilations sexuelles féminines et mariages forcés. federationgams.org
FIT : FIT UNE FEMME UN TOIT 11 BOULEVARD DES FILLES DU CALVAIRE
75003 PARIS. http://www.associationfit.org/
-Plan national de lutte contre les mutilations sexuelles feminines                  www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr › 2019/06 › 
Senat : rapport 479, 16 mai 2018  sur les mutilations sexuelles féminine, Maryvonne BLONDIN et Marta de CIDRAC
-UNICEF : Le rapport 2013 de l’UNICEF sur l’excision et les mutilations génitales
-UNICEF, New York, 2016 : Female Genital Mutilation/Cutting: a global concern.
-UNFP UNFPA-UNICEF Joint Programme  on the Elimination of Female GenitalMutilation: Accelerating Change. Annual Report 2019
- MEASURING EFFECTIVENESS OF FEMALE GENITAL MUTILATION ELIMINATION: A COMPENDIUM OF INDICATORSUNFPA-UNICEF Joint Programme on the Elimination of Female Genital Mutilation: Accelerating Change December 2020
-WHO Study Group on Female Genital Mutilation and Obstetric Outcome (2006). Female genital mutilation and obstetric outcome: WHO collaborative prospective study in six African countries. Lancet, 367:1835−1841.
-OMS, 2008  : Eliminer les mutilations sexuelles féminines Déclaration interinstitutions HCDH, OMS, ONUSIDA, PNUD, UNCEA, UNESCO, UNFPA, UNHCR, UNICEF, UNIFEM
-Lesclingand M et al. Estimation du nombre de femmes adultes ayant subi une mutilation génitale féminine vivant en France. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(21):392-9.
-Fleur du Désert : (Desert Flower)  film biographique allemand, réalisé par Sherry Hormann, sorti en 2009

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16 février 2021 - 16:22
Société

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