La crise de l’inflation : que faut-il combattre ? [3/3]

Auteur(s)
Pierre Lécot, pour FranceSoir
Publié le 01 novembre 2022 - 16:55
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Billet / Inflation
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Que faut-il combattre ?
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TRIBUNE - Nous avons vu dans le premier article que, contrairement à la définition du Larousse, l’inflation ne traduit pas la hausse de tous les prix, de tous les produits existants. L’inflation est la hausse du prix du panier moyen des Français calculé par l’Insee. Le prix de ce panier augmente lorsque certains produits augmentent de prix, pas forcément tous. Nous avons également vu que puisque personne ne consomme la même chose, le panier moyen ne correspond à personne en particulier et donc personne ne ressent la même inflation que son voisin. Par exemple, ceux qui travaillent et doivent prendre leur voiture tous les jours vont être beaucoup plus impactés par la hausse du prix de l’essence que les retraités. Retraités qui sont majoritaires chez les votants aujourd’hui en France et donc orientent les choix politiques. Dans le deuxième article, nous avons vu que, la plupart du temps, les prix ne varient pas tout seuls : des décisions politiques ont des impacts majeurs sur les hausses ou baisses de prix. Parfois la hausse des prix est directement décidée par une loi, comme pour le tabac ou l’énergie, parfois quelques grands groupes se mettent d’accord pour maintenir des prix artificiellement hauts, et s’en mettre plein les poches. Le cas de l’essence montre les deux effets à la fois. D’une part, l’État fait monter les prix avec notamment la taxe carbone que vont payer les Français qui font le plein, et ensuite se sert de l’argent gagné pour faire des cadeaux fiscaux à certaines entreprises. D’autre part, les producteurs de pétroles usent de leur pouvoir quasi monopolistique pour maintenir des prix élevés. Dans ce troisième article, nous allons voir ce qu’il est possible de faire en cas d’inflation et les conséquences des différentes solutions proposées.

Voir aussi : "Ne combattez pas l'inflation, augmentez les salaires !".

Lutter contre l’inflation : sacrifier les gens pour servir le Dieu Économie

La plupart des médias et politiques proposent de « lutter contre l’inflation ». C’est un peu la même chose que « lutter contre le virus » et va avoir la même efficacité : la situation financière des Français va empirer. Les politiques qui se battent contre des indicateurs ne se battent pas pour le bien-être de leur population (surtout quand ces indicateurs servent une idéologie qui profite avant tout au monde de la finance).

Nous avons vu que les prix qui augmentent sont, d’abord, le résultat de lois ou d’effets d’aubaine de gros groupes puissants, notamment dans le domaine de l’énergie. L’inflation n’est pas quelque chose d’abstrait. Il n’y a pas d’augmentation générale des prix en lien avec un concept économique compliqué. Il n’y a que des hausses de prix particulières décidées par des profiteurs et/ou des politiques, qui rendent la vie plus chère. Il arrive que certaines hausses de prix, comme dans le domaine de l’énergie se répercutent dans tous les autres produits qui en dépendent. Les économistes de plateau ne présentent jamais cet aspect pourtant simple des choses. Ils se réfugient le plus souvent derrière de grandes théories, en particulier celles de la monnaie, pour expliquer l’inflation. Selon eux, s’il y a de l’inflation, c’est qu’il y a trop de monnaie en circulation.

Pour comprendre ce concept, modélisons notre société comme le font les économistes en partant du modèle le plus simple. Il y a trois acteurs différents dans l’économie : les habitants, les entreprises et l’État. Ces 3 acteurs échangent de la monnaie. L’État reçoit des taxes et des impôts, et distribue des aides aux deux autres. Il paye des fonctionnaires et achète des prestations. Les entreprises versent des salaires aux habitants qui achètent ses produits.

L’idée des économistes est que les États auraient fait trop de dépenses, donc qu’ils auraient distribués trop d’argent partout. Les Habitants et les entreprises auraient alors un surplus de monnaie.

Comme plein d’argent circule partout, les entreprises pensent alors que l’argent ne vaut rien, que les acheteurs ont des facilités de paiement, et donc elles montent leurs prix. Cette montée des prix va se répercuter sur les taxes et impôts des entreprises, puis sur les salaires des habitants, et finalement sur les taxes et les impôts des habitants. Finalement, tous les échanges économiques ont augmenté sans produire plus, mais uniquement par la « baisse de la valeur de la monnaie ». C’est cette « baisse de la valeur de la monnaie » qui serait, selon ces économistes, à l’origine de l’inflation.

Les économistes de plateau de télévision veulent absolument éviter cette inflation. Ils prétendent qu’il faut absolument éviter que la monnaie baisse de sa valeur. Ils préconisent alors la privatisation des services publics, la baisse des impôts et la baisse des dépenses publiques pour appauvrir les Français, empêchant ainsi les prix de monter. Comme d’habitude en fait. Ils préconisent toujours les mêmes recettes qui ont montré qu’elles avaient empiré la situation économique des Français toutes les fois précédentes.

Faisons une petite parenthèse sur la théorie économique, afin de voir que les économistes de plateau, en particulier les néolibéraux, ne sont pas à un paradoxe près. Dans la théorie néolibérale, le marché trouve son équilibre naturellement, c’est la raison pour laquelle les néolibéraux veulent supprimer toute intervention publique. Si vous voyez un économiste proposer de diminuer les services publics et les investissements de l’État, alors c’est nécessairement qu’il croît à la théorie du marché. Il défend la thèse que le marché trouve son équilibre de façon plus optimale et plus rapide que les décisions gouvernementales. Or, si on se place dans cette théorie, on se fout complètement de la quantité de monnaie qui circule, puisque les prix s’adaptent. Si certains produits disparaissent parce qu’ils ne se sont pas adaptés assez vite, à la variation des prix, c’est qu’ils n’étaient pas indispensables. En conséquence, un vrai économiste libéral, ou néolibéral, ne luttera jamais contre l’inflation. Si vous en voyez un, affirmer qu’il faut supprimer les dépenses publiques et privatiser pour « lutter contre l’inflation », alors il n’a soit rien compris à sa propre théorie, soit ment délibérément. Il se sert de l’inflation pour imposer son idéologie, mais ce n’est qu’une fausse excuse. Pour finir sur la théorie de la monnaie, on constate qu’il est assez paradoxal que les théoriciens économiques, prétendument libéraux, aient autant poussé à faire disparaître les banques centrales de chaque pays, pour les remplacer par des organismes contrôlés par une oligarchie non-élue, en particulier la BCE en Europe et la FED aux États-Unis. S’ils croyaient vraiment à leur propre théorie, ils n’auraient jamais autant insisté à déposséder les États de leur faculté de gérer leur monnaie. Comme d’habitude, la belle théorie ne sert qu’à impressionner les gueux. La caste au pouvoir ne prend que les aspects qui l’arrangent : supprimer les services publics et diminuer les impôts des plus riches, oui, laisser le contrôle de la monnaie au peuple, non.

Qui a créé toute cette monnaie ?

Revenons à notre inflation. Faisons la supposition que ce serait bien un excédent de monnaie en circulation qui serait à l’origine de l’inflation. On aimerait alors entendre les mêmes économistes nous dire comment cette monnaie est arrivée. C’est ce que nous allons regarder maintenant.

Il faut savoir que toute la monnaie qui circule est créée par la dette. C’est la dette qui crée la monnaie. Quand un État, une entreprise ou un particulier contracte un crédit auprès d’une banque ou d’un établissement, il crée de la monnaie. Le langage courant a tendance à utiliser le mot « emprunt » à la place du mot « crédit ». C’est une erreur.  En effet, quand vous contractez un crédit de 100 000 euros pour acheter une maison, vous n’empruntez d’argent à personne. La banque vous verse 100 000 euros et cet argent vient de nulle part. Il est créé pour cette occasion. On appelle cela ex nihilo (du néant). La banque va juste inscrire dans ses lignes de compte qu’elle doit récupérer ces 100 000 euros créés pour l’occasion. Ces 100 000 euros vont circuler dans l’économie le temps que vous remboursiez cet argent. Le rôle de la banque est de vous faire rendre petit à petit ces 100 000 euros ce qui détruit la monnaie au fur et à mesure. Pour que l’économie puisse fonctionner, il faut donc en permanence qu’il existe tout un tas de crédits en cours, de particuliers, d’entreprises ou des États. Il y a donc en permanence beaucoup de dettes. Les dettes des États forment le socle de la monnaie en circulation. Tous les politiques, ou prétendus économistes, qui demandent à l’État de « faire des efforts » pour « rembourser la dette », n’ont rigoureusement rien compris à l’économie.

Toute la monnaie créée par l’État provient de la dette depuis la loi de 1973 en France, et plus tard le traité de Maastricht en Europe. Pour simplifier, avant 1973, l’État français pouvait créer de la monnaie sans dette et sans dépendre du monde de la finance, donc sans subir ses volontés (Pour être parfaitement précis, c’est un tout petit peu plus compliqué, car avant 1973, il y avait quand même un peu de recours au marché financier pour certaines dépenses. Notamment pour passer au-dessus du milliard de francs d’investissement. La loi de 1973 n’a pas complètement interdit la création monétaire, mais l’a fortement limitée, pour empêcher l’État d’y recourir. Le principe était là, c’est le traité de Maastricht qui l’a vraiment interdit). Plus maintenant. Pour en savoir plus sur la dette, vous pouvez regarder la première vidéo dédiée diffusée sur notre chaîne. Pour faire bref : si on veut savoir pourquoi il y a trop de monnaie et circulation, il faut regarder qui a créé de la dette et pourquoi.

Sur le site de l’Insee, nous pouvons suivre l’indice des prix à la consommation calculée par l’Insee et comparer son évolution à celle de la dette française depuis le début des années 2000.

 

On peut constater que la dette française a augmenté très fortement à deux moments précis :

  • le premier en 2009 pendant la crise économique des subprimes, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a choisi de sauver les banques françaises, qui avaient fait de la spéculation sur des marchés pourris, en contractant 600 milliards d’euros de dettes. Tout cet argent est resté sur les marchés financiers. Les Français n’en ont pas du tout profité. On constate que ça n’a pas été suivi d’aucune inflation particulière des prix des biens de consommations. L’indice des prix a parfaitement suivi sa tendance habituelle. On voit ici l’exemple parfait que l’inflation n’arrive pas à cause de l’augmentation de la quantité de monnaie. Il faut cesser d’affirmer cela comme si c’était une vérité immuable. Cette expérience montre définitivement que c’est faux. À la rigueur, on pourrait dire que c’est à cause de l’augmentation de la monnaie qui circule dans l’économie réelle : on peut créer autant de monnaie que l’on veut, si cette dernière est accaparée par des ultra-riches ou des marchés financiers, alors les vraies gens n’en voient pas la couleur, restent pauvres et il n’y a pas d’inflation.  En revanche, à partir de cette période, les marchés financiers, au lieu de s’effondrer, ont continué d’engranger d’énormes bénéfices. Ils sont devenus tellement voraces qu’ils ont même commencé à pomper l’argent de l’économie réelle, faisant peser le risque d’une déflation en 2014. Cela, à tel point que la BCE a commencé à les arroser de milliers de milliards d’euros appelés quantitative easing à partir de 2015. En effet, les escrocs surpuissants qu’on appelle « marchés financiers » ne sont pas soumis à la vraie loi du marché. Ils font directement la loi au point de faire que la BCE les arrose de pognon. Les marchés financiers forment aujourd’hui une énorme bulle artificielle qui ne repose sur rien : exactement comme pour la crise des subprimes. En pire. Ce sont des milliers de milliards d’euros sans aucun rapport avec l’économie réelle. Tout cet argent donne un pouvoir monstrueux à la finance. Nous payons le prix de cette nouvelle féodalité chaque jour un peu plus ;
  • la seconde augmentation de la dette a lieu à partir de mars 2020 au moment de la politique du « quoi qu’il en coûte » du gouvernement d’Emmanuel Macron. Les centaines de milliards d’euros de la politique sanitaire et du plan de relance des entreprises ont fait exploser une fois de plus le nombre d’euros en circulation. Cette fois-ci, cet argent a en partie fini dans l’économie réelle permettant à quelques acteurs de s’enrichir énormément (notamment les laboratoires pharmaceutiques). L’inflation que nous vivons a lieu bien après cette injection de monnaie dans l’économie. Il n’y a pas de causalité directe. Nous constatons aujourd’hui que le pouvoir d’autres acteurs a fortement augmenté, leur permettant de faire monter leurs prix pour récupérer une plus grosse part de gâteau. D’ailleurs les entreprises du CAC 40 ont versé des dividendes records à cette occasion, fin 2021.

Dans aucun cas, l’émission de monnaie n’a eu pour origine des investissements de l’État ou la mise en place de services publics. Il s’agissait toujours de monnaie créée par la dette à destination des marchés financiers ou de grosses entreprises. Ce sont toujours les mêmes qui se sont gavés. Une fois l’argent de la dette dans la poche des copains, les politiques et économistes de plateau versent des larmes de crocodile pour annoncer aux citoyens qu’ils doivent « faire des efforts », « travailler plus longtemps », que c’est la « fin de l’abondance ». Plus c’est gros, plus ça passe.

L’inflation pénalise-t-elle vraiment les vraies gens ?

En théorie, en cas d’inflation, un certain nombre de mécanismes de protection existent. Aux États-Unis, le marché du travail étant très volatile avec des contrats de travail qui se rompent facilement, on assiste habituellement à une « boucle prix-salaire ». Cela signifie que les salariés rompent leurs contrats pour chercher un contrat mieux payé. Cela fait augmenter les salaires. Les articles de presse qui se plaignent de la hausse des salaires proviennent de médias destinés aux investisseurs et pas aux salariés. En France, les contrats de travail sont plus rigides. La boucle met donc très longtemps à se mettre en place. En contrepartie, depuis 1970, le SMIC est augmenté chaque année en fonction de l’inflation (hors tabac) calculée par l’Insee. Il y a également des hausses en cours d’année si l’inflation calculée est trop élevée, comme cela a été le cas en mai 2022.

On assiste actuellement à une bataille classique entre des économistes qui affirment qu’il faut augmenter les salaires et leurs opposants.

Pour savoir qui a raison, prenons le cas d’un salarié qui gagne 2 000 euros par mois et qui dépense tout son argent pour vivre chaque mois. S’il y a une inflation de 10 %, il aura besoin de 2 200 euros par mois pour maintenir son train de vie. Si son salaire augmente de 10 %, au même rythme que l’inflation, alors rien ne change dans son pouvoir d’achat.

On peut faire exactement le même raisonnement avec une entreprise qui, chaque mois, gagne 2m euros et dépense 1m euros en salaires et 1m euros en matières premières. En cas d’inflation, si elle augmente ses prix de vente à la même hauteur de ce qu’augmentent les salaires et les matières premières, c’est complètement transparent.

Plaçons-nous maintenant dans le cas où un salarié a contracté un crédit pour acheter sa maison. Il gagne 2 000 euros par mois, rembourse 500 euros de crédit par mois et dépense 1 500 euros pour ses consommations. Il y a 10 % d’inflation et autant d’augmentation de salaire. Il gagne 2 200 euros rembourse toujours 500 euros par mois pour son crédit, car les crédits n’augmentent pas avec l’inflation, et dépense 1 650 euros pour vivre. Au bilan, il lui reste désormais 50 euros chaque mois. Son pouvoir d’achat a augmenté avec l’inflation grâce à la boucle prix-salaire.

Nous pouvons faire exactement le même raisonnement avec une entreprise qui a contracté un crédit pour faire un investissement. Une entreprise qui, chaque mois gagne 3 m euros et dépense 1m euros en salaires, 1m euros en matières premières et 1m euros en remboursement. En cas d’inflation et de hausse de salaire de 10 %, si elle augmente ses prix de vente de 10 %, elle va gagner 3,3m euros , dépenser 1,1m euros en salaires, 1,1m euros en matières premières et toujours 1m euros en remboursement. L’inflation lui a dégagé une marge de 100 000 euros.

Lorsque la boucle prix-salaire se met en place, l’inflation est complètement transparente pour les entreprises et salariés au quotidien (c’est même le premier résultat de la théorie libérale cité plus haut : la valeur de la monnaie n’a aucun impact sur l’économie). L’inflation, lorsqu’elle s’accompagne d’une hausse équivalente des salaires, est même bénéfique pour tous ceux qui ont contracté des crédits pour investir dans leur entreprise ou même pour améliorer leur niveau de vie. L’économie réelle, les vraies gens, sont avantagés par l’inflation si cette dernière s’accompagne d’une hausse équivalente des salaires.

C’est la forte inflation qui a permis a énormément de Français de devenir propriétaire de leur logement après la Deuxième Guerre mondiale. L’inflation n’a pas été synonyme d’appauvrissement des Français, mais au contraire d’une capacité à augmenter leur capital en contractant des crédits, puisqu’ils avaient l’assurance que leur salaire allait augmenter.

On précise bien l’économie réelle, car une partie des gens n’a pas du tout envie que la boucle d’inflation prix-salaire se mettent en route : il s’agit de ceux qui possèdent une grosse fortune et des investisseurs.

La finance déteste l’inflation

Commençons par le cas simple d’une personne très riche qui compte vivre de sa fortune sans rien faire. Elle possède 1 milliard d’euros. Elle se dit qu’elle peut voir venir puisqu’elle a beaucoup d’avance. Mettons qu’il y a une inflation de 7 % chaque année et que sa fortune reste à 1 milliard d’euros (elle gagne autant d’argent qu’elle dépense). Avec ce taux, les prix doublent au bout de 10 ans. Cela signifie que le pouvoir d’achat de notre milliardaire a été divisé par deux. Les milliardaires détestent l’inflation qui fait fondre leur fortune. Vous ne verrez pas de chaîne de télévision détenue par un milliardaire vanter les mérites de l’inflation.

L’autre catégorie de personnes qui haïssent l’inflation est le monde de la finance. Les investisseurs et établissements financiers vivent, notamment, en prêtant leur argent à des entreprises qui travaillent dans l’économie réelle. Prenons le cas simple de ce qui s’appelle une « obligation ». Lorsqu’une entreprise souhaite s’agrandir, elle peut se tourner vers les marchés financiers et émettre une obligation. Une obligation est un prêt (et non pas un crédit), dont le capital se rembourse en une seule fois, et dont les intérêts sont versés chaque année. Par exemple, une entreprise contracte une obligation d’un million d’euros sur 5 ans, à un taux d’intérêt fixe de 5 %. Chaque année, l’entreprise va verser 50 000 euros d’intérêts à l’investisseur, et, à la fin des 5 ans, elle devra rendre le million d’euros prêté. Le prêteur a gagné en tout 250 000 euros en 5 ans, s’il n’y a pas eu d’inflation. Il a fait un bénéfice de 25 %. Mais si pendant cette période, l’inflation a été de 5 % par an, ce qui coûtait un million d’euros au moment où l’investisseur a prêté son argent coûte désormais 1 257 000 euros. L’investisseur a perdu de l’argent. L’investisseur déteste perdre de l’argent.

Nous avons vu dans la première vidéo que les retraités sont majoritaires parmi les votants en France. Dans notre continent vieillissant, c’est le cas pour la majorité des pays. Depuis plusieurs décennies, les gouvernements s’échinent à transformer notre système des retraites par répartition en système par capitalisation, comme aux États-Unis. Dans notre système actuel, les retraites sont directement payées par les travailleurs. Donc lorsqu’on augmente les salaires, cela fait plus d’argent qui rentre dans les caisses de retraites, et les retraites peuvent être augmentées d’autant. Au contraire, dans un système par capitalisation, les retraites proviennent de l’argent que chaque travailleur cotise toute sa vie pour lui-même. S’il y a de l’inflation, l’argent qu’il cotise ne vaut plus rien quand il arrive en retraite. Le retraité ne vit pas du travail, mais du capital. Les fonds de pensions américains luttent en permanence contre l’inflation. Passer à la retraite par capitalisation permettrait aux grands groupes du monde de la finance, non seulement de gagner énormément d’argent sur la gestion des retraites, mais en plus de prendre en otage les retraités pour qu’ils luttent contre la hausse des salaires avec eux.

Pour finir, le dernier argument contre l’inflation est celui de la baisse de la valeur de la monnaie à l’international. C’est encore un faux argument. L’inflation, c'est l’augmentation des prix au sein d’un pays. Donc c’est l’augmentation des prix dans un endroit précis, pour une monnaie précise. Cela ne renseigne pas sur la valeur de cette monnaie à l’international. La baisse de la valeur d’une monnaie par rapport à d’autres monnaies ne s’appelle pas « inflation », mais « dévaluation ». Ce n’est pas parce qu’il y a de l’inflation en France, que l’euro se dévalue par rapport à d’autres monnaies. Pour mémoire, nous avons constaté dans la deuxième vidéo que tous les pays occidentaux subissent actuellement de l’inflation. D’ailleurs, il n’y a pas de raison de penser que la dévaluation de l’euro soit un problème pour les Français. Pour mémoire, tous les pays de l’euro ont la même monnaie, donc il n’y a pas d’histoire de taux de change, mais, en plus, si l’euro se dévalue, cela pèsera sur les importations, mais facilitera les exportations. Cela forcera les entreprises à se fournir localement et dynamisera la production. Puisque le gouvernement affirme depuis des décennies qu’il faut réindustrialiser la France, alors il serait grand temps de dévaluer l’euro.

Bloquer les salaires pour quoi, pour qui ?

Les seuls vrais grands perdants de la « boucle prix-salaire » en cas d’inflation sont ceux qui vivent de leur capital et pas du travail. Ce sont les rentiers et le monde de la finance. Il y a donc une pression médiatique pour justifier un blocage des salaires pour empêcher l’inflation. Ce blocage des salaires est censé empêcher les prix de montrer, tout simplement parce que les Français ne seront plus en capacité de payer leurs consommations. Le but avoué est de pressurer les Français, de les appauvrir pour sauver la valeur de la monnaie. Or, la monnaie n’est qu’un outil. Ce n’est pas une fin en soi. La seule chose qui devrait importer aux politiques, c’est le bien-être de la population. Le changement de la valeur de la monnaie ne nuit pas aux Français, mais uniquement à une toute petite caste. La politique austéritaire n’a pas d’autre justification que de sauver le capital financier d’une petite caste, en appauvrissant un peu plus les Français, et en permettant à cette même caste de continuer à s’enrichir en prenant le contrôle des services autrefois publics.

Nous avons vu précédemment que les milliardaires et les établissements financiers sont directement la cause de la création monétaire de masse. Ils ont été à la manœuvre lors des 2 dernières crises. À cette occasion, ils ont poussé les États à créer une dette énorme. Cette dette a atterri directement dans leurs poches. Ce qui déborde aujourd’hui dans l’économie réelle et créée un peu d’inflation (très peu par rapport à la masse injectée sur les marchés) leur fait pousser des cris d’orfraie. Ils passent donc à l’offensive en envoyant leurs sbires sur les plateaux de télévisions, et auprès des politiques, pour convaincre tout le monde de bloquer les salaires, de supprimer les investissements publics et les services publics, de façon à garder la fortune qu’ils ont faite sur le dos des vraies gens. C’est complètement ubuesque.

Au passage, si jamais ils réussissent leur blocus économique contre le peuple, ils pourraient bien organiser une réelle récession économique, voire une rareté de la monnaie. Pour mémoire, si on dit que lorsque la monnaie est trop abondante, cela fait de l’inflation, alors lorsqu’elle devient rare, cela fait de la déflation, autrement dit, une baisse des prix et des salaires. Or, si l’inflation permet de rembourser des crédits plus facilement, la déflation va faire perdre du salaire ou des revenus, et donc empêcher les particuliers et entreprises de rembourser leurs crédits, entraînant un effondrement économique en cascade.

La menace de l’effondrement économique vient directement des politiques mises en œuvre actuellement pour soi-disant régler le problème de l’inflation. Tout cela promu par des milliardaires et le monde de la finance qui sont directement à l’origine du problème. C’est comme si on avait des escrocs puissants qui, pour faire fortune, empêchaient les médecins de soigner les malades, et, ensuite, soudoyaient les décideurs publics pour qu’ils forcent les gens à se faire injecter leur produit miracle. Oh wait…

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