VUCA, BANI et... bannis par la méthode coups et blessures

Auteur(s)
Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 09 octobre 2023 - 11:46
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Angoisse
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Aaron Blanco Tejedor - Unsplash
Devant une adversité mortifère, l'individu se révèle et chacun se montre tel qu'il est vraiment.
Aaron Blanco Tejedor - Unsplash

EDITO - À situation exceptionnelle, règles exceptionnelles. Cette maxime juridique n'a pas seulement été utilisée délibérément par nos politiques pour justifier les restrictions de libertés depuis désormais plus de trois ans. Elle a été également utilisée par une très grande majorité des citoyens.

Face au chaos, les certitudes volent en éclats. Or, avec cette crise sanitaire, c'est bel et bien, hélas, une situation chaotique dans laquelle se sont retrouvés nombres de citoyens, notamment les familles.

Pro-vax contre anti-vax : l'opposition a déjà généré des situations très tendues entre des personnes totalement étrangères l'une à l'autre. Mais quand cette opposition intervient à l'intérieur d'un couple, elle conduit à un conflit bien plus destructeurSurtout quand il s’agit de prendre la décision de faire ou non vacciner ses enfants ou de subir, aujourd’hui, une quatrième dose (ou une cinquième...) en étant conscient des conséquences d’éventuels effets secondaires. Et ceci d'autant plus que dans leur volonté de vacciner absolument tout le monde, nos dirigeants ont décidé que l'accord d'un seul parent, et non pas des deux, suffit pour qu’un enfant reçoive l’injection. Ou trois, quatre, cinq injections, série en cours...

Avec ces déchirements, c'est la maxime populaire L’occasion qui fait le larron qui a été remise au goût du jour. 

On a beau croire, être sûr de bien connaître une personne dont on partage la vie depuis des années, en réalité, tant qu'on n'a pas eu à affronter avec elle une épreuve autre que celle du quotidien, une épreuve hors du commun, une de ces situations exceptionnelles synonymes de choix crucial et avec des conséquences dramatiques, on ne connaît pas véritablement sa moitié. Devant une adversité mortifère, l'individu se révèle et chacun se montre tel qu'il est vraiment. À l'instar de l'ivresse, du vin que certains ont joyeux, triste ou violent, cette adversité agit comme un désinhibiteur, un révélateur. La personnalité intrinsèque, animale, s'exprime alors sans que l'individu puisse s'y opposer. L'homme que, jusqu'alors, on jurait indestructible se fissure de toutes parts. Tandis que cette femme qu'on moquait, encore, la veille, pour son manque de courage apparent, cette femme, elle, relève le défi, sans rechigner ni se plaindre.

Le bouleversement de notre société est tel que même les professionnels de la prise de décision ont dû revoir leur copie.

La méthode phare du monde d'avant, celle par laquelle juraient tous les managers du CAC 40, les psychiatres de renom et les militaires, c'était la méthode VUCA : Volatility - Uncertainty - Complexity, Ambiguity, à savoir : Volatilité - Incertitude - ComplexitéAmbiguïté”.

 

VICA

Cette méthode permet de doter la personne concernée d'un rationnel décisionnel en période d’incertitude et quand elle manque de temps, ce temps si nécessaire à l'analyse.

Cette méthode a toujours été obsolète, car elle n'a jamais pris en considération ces deux variables clés que sont le chaos et les catastrophes.

VUCA est un système trop incrémental, qui ne permet pas d’analyser la perte de repères comme par exemple la courbure de la terre (l’horizon), l’attraction gravitationnelle et magnétique, ou même d’évaluer le changement de paradigme ou de système d’information.

Bouleversements sociétaux et certainement irréversibles faisant, VUCA a été mis sur la touche par le modèle BANI : Brittle - Anxiété - Non linéarité - Incompréhension”.

Brittle (friable, fragile, cassant en français) : ce mot hybride décrit la fébrilité qui nous frappe alors que l’on pense le monde solide. Comme s'il n'y avait pas d’entre-deux entre le monde d'avant (situation normale) et le nouveau (situation totalement bouleversée). Dans un univers fébrile et instable, des changements radicaux deviennent envisageables, alors qu'avant l’événement déclencheur, on pensait la route toute tracée.

Anxiété : l’évocation d’un monde friable génère de l’anxiété. Prendre conscience que le monde dans lequel on vit, dans lequel on se complaît depuis longtemps est fragile au point de changer d’état de manière instantanée, tout cela provoque de l’anxiété. Pourquoi ? Parce que l’on passe du stable à l'instable. Tout est remis en cause. On doit imaginer un autre monde, passer au-delà de ce que les conventions prévoient. Or, tout cela est périlleux et donne le vertige. Et c'est d'ailleurs la sensation que de nombreuses personnes ont au bord d’un précipice.

« Non linéaire » : la négation linéaire, le refus de regarder les choses en face. Pour tout un chacun, au début d’une situation nouvelle, les mécanismes de défense basiques font qu'on rejette un constat même évident. Cependant, la force d'attraction vers la compréhension, vers une autre voie, cette force peut prendre le dessus sur ce qui parait être raisonnable. Exemple : il n'y avait aucune raison d’envisager patente une faillite totale du système causée par un simple virus. Et pourtant il est bel et bien là, le tsunami Covid.

« Incompréhension » : lorsqu'on se retrouve dans l'impossibilité, lors de la prise de décision, de gérer le deux poids deux mesures qu'il y a entre une situation exceptionnelle et une situation normale, on passe d'un processus décisionnaire linéaire dicté par l'évidence du choix dans la normalité, à un processus décisionnaire non linéaire qui est lui imposé à la personne par la situation exceptionnelle à laquelle elle est confrontée. Ce qui engendre une incompréhension caractérisée par une perte de repères.

Pour beaucoup, tout cela est difficile à comprendre (comment envisager que le gouvernement agit contre l’intérêt de sa population ?). D’où le I de BANI : l’incohérence des réponses à de multiples questions. Avant la crise, nous avions un problème avec la réforme, le coût des retraites et les ratios d’endettement européens. Puis, d’un coup de baguette magique, plus de problèmes d’argent et 600 milliards imprimés. La logique est dépassée au point que certains envisagent le recours à l’intelligence artificielle pour résoudre les problèmes. Le monde est devenu tellement complexe que les choses simples paraissent puériles (pourquoi traiter avec des vieilles molécules quand on peut recourir à la recherche nano-biologique ?)

Cependant, la méthode BANI n'apporte aucune garantie, elle n'est que la méthode la moins inappropriée du moment, et il n’en demeure pas moins critique de confronter le plan raisonné au réel, car ce qui est vrai dans un système axiomatique peut se révéler faux dans un autre (dans le métaverse, le faux est le nouveau vrai).

En outre, la crise que nous traversons va donner naissance à de nouvelles connaissances, concernant par exemple le langage entre la matière et le vivant. Et ce nouveau savoir permettra peut-être de prendre en considération la physique quantique ou même la physique « céleste » afin d’évaluer l’âme… Et dans ce cas, la compréhension du « master code » génétique n’est probablement plus très loin. Il faudra bien le protéger pour qu’il ne tombe pas dans de mauvaises mains...

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