Pavés de bonnes intentions
EDITO - “Armes de destruction massive" leur taille standard est de 20 centimètres de longueur, de 14 à 15 centimètres de largeur, et de 10 centimètres de hauteur, soit 2 800 cm3 l'unité.
Or, tous les policiers et gendarmes (notamment les motards) qui ont été pris pour cible par ce type de projectile, vous le diront : 2 800 cm3, c'est une grosse cylindrée.
Je m'explique.
Hier matin, tandis que je marchais dans Paris, j'ai vu des ouvriers affairés à remettre des pavés dans une rue.
Je me suis arrêté pour discuter un moment avec eux, toujours intéressé que je suis par les “vrais gens”. Ces personnes qui pour certains, rappelez-vous,“ne sont rien”, mais à qui néanmoins nous devons tout, tous autant que nous sommes, hommes et femmes qui profitons des services, publics ou privés, grâce auxquels nous pouvons circuler, voyager, avoir accès à l'eau, au gaz, à l'électricité, etc.
Après quelques minutes de banalités mêlant amabilités d'usage, actualité sportive et météo, comme exigé par la politesse à la française, et qui - magie de la cordialité ! - font que des personnes qui ne se connaissaient pas cinq minutes auparavant, se font des confidences, l'un de ces ouvriers me dit alors ceci, sourire en coin, pas peu fier de son initiative, à propos du pavé qu'il était en train de replacer : "Vous savez, je ne le scelle pas trop, car on en aura besoin pour les manifs."
Ô punaise ! Déjà que les “pentatomidés” de lit, ces “insectes hémiptères du sous-ordre des hétéroptères” empoisonnent la vie du gouvernement, emmerdent Emmanuel Macron et consorts, et, pire que les non-vaccinés (chacun son tour), voilà donc que nos “Brav” forces de l'ordre, victimes du devoir, pourraient se recevoir sur la tête des pavés insuffisamment scellés de manière délibérée par des dangereux réactionnaires à une fin contestataire.
Oui, des armes à portée de main des manifestants, et dans les beaux quartiers, qui plus est !
Dois-je porter plainte ?
"Laissez-les ne pas assez sceller ces pavés et vous allez déceler des décès laids chez les policiers ", fit soudain remarquer un passant fan de Raymond Devos.
"On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même " (ni mieux), nous dit le proverbe. N'en déplaise à celui qui affirme que “ce sont toujours les cordonniers qui sont les plus mal ‘chaussées’”(1).
Cependant, ces pavés délibérément pas assez scellés donnent une raison en béton à Gérald Darmanin pour armer encore davantage les policiers.
Comme aurait dit Patrick Edlinger : "Il faut arrêter cette escalade" de la violence... (2)
(1) "Chaussées" au féminin, car en fait ces cordonniers-ci sont des cordonnières. Et ça tombe bien : c'est justement dans les chaussées de Paris que se trouvent les pavés dont je vous ai parlé ici.
(2) Icône mondiale de l'escalade depuis la sortie, en 1982, du film La vie au bout des doigts, ce grand contestataire de l'ordre établi surnommé "L'ange blond" est décédé le 16 novembre 2012.
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