Démocratie libérale et/ou totalitarisme ?
EDITO - La perception de la démocratie, dans ses limites et sa portée, que nous donne Alexandre Douguine est très intéressante.
Douguine est un philosophe et géopoliticien russe créateur ddu concept de Quatrième théorie politique et théoricien de l’eurasisme, et on ne manquera pas, encore une fois, de nous coller une étiquette de plus en nous y référant. Qu’à cela ne tienne : on m’a appris que pour se forger un point de vue, il fallait regarder de tous les côtés.
Et cette analyse de Douguine se place en plein dans l'actualité. Notamment s'agissant des dérives anti-démocratiques que, selon nombre d'observateurs, on a pu constater, hélas, ces dernières années, dans les démocraties européennes en général. Et en France en particulier, avec un recours quasi systématique à l'article 49-3 de la Constitution depuis le début du deuxième mandat d’Emmanuel Macron. Un recours symptomatique d'une volonté de passer en force qui, elle, s'explique, toujours selon Douguine, par le déficit de légitimité manifeste dans l'exercice du pouvoir, par le semblant de majorité que le président de la République a pu obtenir au Parlement. Manifeste est ce déficit de légitimité, compte tenu d’un taux d'abstention proche des records (28,01 % à la présidentielle et 53 % aux législatives de 2022, contre 57 % en 2017), une abstention à laquelle il convient d'ajouter les 25 % de personnes non-inscrites sur les listes électorales.
L'addition des non-inscrits, des abstentionnistes et des bulletins blancs constitue le nombre de citoyens français qui n'accordent leur confiance à aucune des offres politiques du moment, Macronie comprise. Or, à ces mécontents-là qui représentent déjà environ la moitié de la population, il convient d'ajouter les mécontents de la Macronie, qui eux l'ont exprimé dans les urnes en votant pour une autre formation que Renaissance ou le Modem. On arrive donc au total à une population française qui est composée à 75 % de citoyens qui n'ont aucunement délégué leur souveraineté au petit groupe que représente la Macronie ! Malgré cette large majorité de 75 % qui ne lui a nullement donné mandat pour le faire, ce groupe exerce tous les pouvoirs, alors qu’en théorie, puisque la France, officiellement, est une démocratie, pour pouvoir exercer légitimement quelque pouvoir régalien, la Macronie devrait avoir reçu une délégation expresse pour le faire, donnée par 50 % des citoyens français au minimum.
Cette antinomie évidente entre l'idéologie démocratique en théorie et en pratique par une Macronie qui incarne à 100 % la démocratie dite "libérale", donne raison à Alexandre Douguine. Car voici ce qu'il a dit à ce sujet :
"Les masses de l’Occident croient encore que la démocratie est quelque chose qui rend l’idéologie facultative.
C’est totalement faux.
La démocratie, c’est l’idéologie. La démocratie libérale est une forme radicale spéciale et très étroite de l’idéologie. Elle est basée sur des principes métaphysiques sacrés, presque religieux : l’individualisme, la négation de tout sens ontologique dans l’identité collective, le dépassement de la race, de l’Eglise, de la Nation et de la citoyenneté nationale, une tendance relativement nouvelle à transgresser l’identité sexuelle (genre facultatif - transgenre) et approche de l’étape finale, transcender les humains en tant qu’espèce (humain facultatif - transhumain).
Nous ne nous occupons pas ici de la description - comment les choses SONT - mais de la prescription - comment la chose DOIT ÊTRE. Et ça, c’est de l’idéologie.
Vous DEVEZ aller seulement dans cette direction, vous DEVEZ accepter cela comme vérité ultime. Vous êtes totalement libre d’être libéral (comme nous) et vous n’êtes pas libre de ne pas l’être. Si vous choisissez d’être illibéral, c’en est fait, nous vous ferons vous en repentir. Ce n’est pas seulement de l’idéologie pure, c’est une idéologie ouvertement totalitaire.
En comparant avec les totalitarismes communistes et fascistes existants, la nature idéologique et totalitaire du libéralisme n’était pas évidente, elle était éclipsée par le totalitarisme beaucoup plus honnête et ouvert des deux autres. Maintenant, sans eux, cela devient transparent.
La démocratie libérale va donc encore plus loin dans la voie totalitaire : elle imagine ses ennemis et, si cela ne fonctionne pas, les crée artificiellement.
La vérité, c’est que la démocratie libérale est profondément totalitaire. L’élan mondialiste le montre parfaitement clairement.
Comment pouvons-nous y remédier ?
Soit vous acceptez, soit vous protestez.
Mais pour attaquer une idéologie, nous avons besoin d’une autre idéologie.
Ici commence la réflexion sur la Quatrième Théorie Politique.
Comment pourrions-nous éviter toutes sortes de totalitarismes, en premier lieu les totalitarismes libéraux ?
Et si on lutte contre le libéralisme, comment alors ne pas tomber dans le piège du communisme et du nationalisme ?
La réponse n’est pas linéaire, loin d’être banale.
Nous devons faire des efforts intellectuels."
Alexandre Douguine a raison.
Voilà pourquoi faire des efforts intellectuels, c'est ce à quoi nous nous employons chaque jour à France-Soir, à notre modeste mesure, en publiant des articles, reportages et éditos qui souhaitent vous inciter, vous aussi, à faire des efforts.
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