Du Pain et des jeux
EDITO - "Houston, nous avons eu un problème”, a-t-on pu entendre en 1970 à propos de la mission qui partait sur la Lune. Ce n’était pas un jeu : il y avait réellement un pépin. On a bien eu Pépin le Bref (1), Pépin la Bulle (2). Et on a, semble-t-il, un vrai “pet Pain” en France et dans le monde, avec l’information. N'en déplaise à la courtoisie journalistique obligatoirement de mise, il est exact que l'ami Julien Pain est un pépin pour l’information.
A chaque fois qu’il donne son avis prétendument journalistique, il en ressort un bruit (3) bizarre. Peut-être semblable à celui que nos amis de la Nasa ont entendu à Houston en 1970 ?
Malheureusement pour nos oreilles, et surtout pour notre esprit, ce bruit est amplifié par le média national financé par nos deniers sur lequel il officie, Julien Pain, à savoir France Télévisions.
Et ceci a atteint son paroxysme, un soir de grande audience, dans une émission “La Collab’”de l’info” où on a pu entendre ceci :
“Si aucun journal, aucun média n’a parlé d’une info, alors c’est probablement qu’elle est fausse”.
Oui ! Quand France-Soir conteste la version officielle sur la Covid, la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient, le dérèglement climatique et tout le narratif propagandiste étatique que l’on veut nous imposer comme une vérité "irréfragable” en toutes matières, de l’avis de M. Julien Pain, c’est du complotisme. Complotisme, fake-news et Cie...
Or, excusez-moi Julien Pain, mais :
“Les avis, c'est comme les trous du cul : tout le monde en a un” (Coluche) et “Ce n'est pas une raison pour l'exhiber publiquement” (Pierre Desproges).
Et cela tout particulièrement quand, comme vous, l'avis tranché qu'on a, coupe court avec la réalité. Travestit la vérité d’une pire manière qu'un transgenre devenant champion du monde de boxe féminin, et qui se flatte d'avoir mis KO des adversaires qui, elles, sont nées femmes, si vous voyez ce que je veux dire...
Dernier avis en date du genre, votre sortie dans “C dans l’air” sur le conflit au Moyen-Orient : "Les gens ont de tels biais idéologiques qu’ils n’arrivent pas à changer d’opinion.”
"Les gens ont de tels biais idéologiques qu’ils n’arrivent pas à changer d’opinion". @JulienPain invité d'@AxeldeTarle dans #cdanslair ⬇ pic.twitter.com/nQ9EZmrYZK
— C dans l'air (@Cdanslair) October 20, 2023
M. Pain, pour éviter que l’on évoque la variabilité de votre déontologie, et afin de faire taire vos détracteurs, je vous ai proposé un challenge. Un petit challenge qui consiste à choisir quelques sujets et les évoquer tour à tour en toute honnêteté. Voyez plutôt :
.@JulienPain
— Xavier Azalbert, compte personnel (@xazalbert) October 21, 2023
👉 ne trouvez vous pas que vous avez contribué largement à cette polarisation ?
👉Avez vous fait votre analyse de vos propres biais idéologiques ?
👉Pourquoi éviter le débat sur les sujets importants pour l'information ?
Faisons un challenge : vous venez au défi de… https://t.co/KHBGXKPi7i
Malheureusement pour le débat exigé en démocratie et pour la vérité, vous m’avez bloqué !
Pourquoi vous comporter en perroquet zélé d’un système dans lequel votre présidente, Delphine Ernotte, déclare vouloir "représenter la France telle qu’on voudrait qu’elle soit", plutôt que de respecter le devoir numéro un de la Charte de Munich : “Dire la vérité, quoi qu’il vous en coûte” ?
C’est-à-dire une représentation sincère et non propagandiste du réel, qui ne "dupe pas un" lecteur/auditeur, "et " joue ainsi à “des jeux" viciés avec la vérité. Une représentation sincère respectant ainsi le devoir numéro neuf du journaliste :
"Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste."
Aux termes de ces deux articles majeurs de la Charte de Munich, le petit challenge que je vous ai proposé en vaut la peine. Notamment dans l’intérêt de l’information à l'authenticité vérifiée et incontestable que vous semblez porter en apparence au cœur de vos préoccupations.
Ces deux devoirs fondamentaux du journaliste, vous devriez les respecter autant que faire se peut, et même doublement. Doublement parce que la plupart du temps et mot pour mot, vous vous faites l’écho des paroles du gouvernement. Vous devriez donc respecter doublement ce quoi qu’il en coûte si cher à notre Président, tant sur l’évaluation de la gestion de la crise Covid, que pour le soutien qu'il continue d'apporter à l'Ukraine... avec notre argent.
En effet, c'est en tant que fact-checker (4) qu'il est rémunéré avec les deniers publics, Julien Pain, tant lorsqu'il sévit sur le service public que quand il s'y livre dans les médias privés subventionnés.
Pardi !
Officiellement, le fact-checking est un service d'État qui s’apparente à une officine publique, une initiative vendue pour relever le caractère mensonger ou inexact des informations auxquelles le public a accès. Révéler leur fausseté et dénoncer les “journalistes” qui ne respectent pas la Charte de Munich. Dixit Fabrice Fries, PDG de l’AFP, c’était pour rectifier la parole des politiques, quand ces derniers faisaient une interprétation erronée de certains chiffres, allant jusqu'à tirer des conclusions qui induiraient le lecteur en erreur. À tel point que le lecteur n’est plus capable de dépatouiller le vrai du faux, ni capable de distinguer l’information et l’opinion qu'a de cette information la personne qui en fait état.
"L’infofiction" est donc devenue la norme dans le langage politique et dans celui des journalistes.
La limite entre l’information et la fiction devient ténue. D’ailleurs les publicitaires et les meilleurs spin doctors aux Etats-Unis l’ont bien compris, avec le story telling (la narration en français).
La série "House of Cards” nous a amené un avant-goût de cette fameuse habitude du story telling made in USA, qu'un certain Colin Powell a fort bien incarné à l’ONU avec sa supposée fiole d’Anthrax à la main, pour convaincre certains responsables de partir à la guerre contre l’Irak. Ayant gardé son libre-arbitre et une posture gaulliste, Dominique de Villepin n’est pas tombé dans le panneau. Cependant, avec vous Julien Pain, cautionné par votre directrice de publication, c’est l’infofiction en permanence, avec une rhétorique telle que chacune de vos narrations comprend des biais idéologiques et dogmatiques. Ce qui range vos informations au rang de propagande ou de publicité.
Si tant est que vous l'ayez fait un jour, ce n’est plus pour le “Vrai ou Fake” (titre de votre émission) que vous officiez, c'est pire : vous laissez le lecteur choisir entre vrais mensonges et fausses vérités, l’enfermant dans votre narratif pour lui assener un argument d’autorité.
Mais bon, à l'instar d'un organe de contrôle composé d'ex-Premiers ministres qui ont été condamnés par la justice correctionnelle, l'un pour "avoir trahi la confiance du peuple français", l'autre s'étant considéré comme "responsables mais pas coupable" dans l'affaire du sang contaminé qui a fait des milliers de victimes, hélas parfois, une initiative magnifique en théorie, peut être pervertie à l'infini dans la triste réalité.
Ce n'est pas Alain Juppé, et encore moins Laurent Fabius qui me contrediront, puisque lui-même a repris une formule de Joseph Staline quelques jours avant les résultats du second tour de l'élection présidentielle, l'année dernière :
"Ce ne sont pas ceux qui votent qui comptent, ce sont ceux qui comptent les votes."
Crise Covid, vaccin, guerre en Ukraine, conflit au Moyen-Orient, etc. : Julien Pain a choisi son camp. Celui de la vérité qui arrange le pouvoir en place ou celle qui représente l’information telle qu’il aimerait qu’elle soit.
(1) Roi des Francs de 751 à 768, et grand-père de Charlemagne.
(2) « Pépin la Bulle » est une série télévisée française d'animation image par image pour très jeunes enfants qui a été diffusée en 1969 et 1970, puis rediffusée en 1974. Elle relate les aventures de trois jouets qui appartiennent à un petit garçon du nom de Pépin. Celui-ci a le pouvoir magique de faire voyager ses jouets à travers le monde à l'intérieur d'une bulle de savon.
(3) Un bruit au sens physique du terme est un ensemble de sons sans harmonie.
(4) Le "fack-checking", littéralement "vérification des faits", consiste, d'une part, à vérifier la véracité des faits et l'exactitude des chiffres présentés dans les médias par des personnes publiques, notamment les personnalités politiques et les experts, et, d'autre part, à évaluer le niveau d'objectivité des médias eux-mêmes dans leur traitement de l'information.
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