L'activité en France résiste au premier trimestre mais les difficultés s'amoncellent

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Martine PAUWELS - Paris
Publié le 28 avril 2023 - 12:00
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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AFP - Valentin RAKOVSKY, Samuel BARBOSA
Le PIB de la France.
AFP - Valentin RAKOVSKY, Samuel BARBOSA

L'activité économique française a progressé modestement au premier trimestre malgré l'inflation qui a continué de pénaliser la consommation des ménages, mais les difficultés risquent de s'amplifier pour le reste de l'année.

Après une hausse de 2,6% du PIB sur l'ensemble de 2022, l'activité a continué de résister avec une croissance de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) en début d'année 2023, malgré un sérieux coup de frein amorcé à la fin de l'an dernier et des grèves à répétition contre la réforme des retraites.

Cette première estimation publiée par l'Institut national de la statistique est légèrement supérieure à sa prévision d'une hausse de 0,1% sur les trois premiers mois de l'année, après un dernier trimestre 2022 qui avait stagné.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a salué "la solidité" de l'économie française, dont les "fondamentaux tiennent bons".

"Les entreprises continuent d'investir et de créer des emplois, ce qui nous rapproche de notre objectif du plein emploi", a-t-il ajouté.

Consommation en berne

Moteur traditionnel de l'activité économique, la consommation des ménages est restée stable entre janvier et mars par rapport à fin 2022. Le rebond des dépenses énergétiques et l'hébergement-restauration a compensé le repli de la consommation en biens (-0,2%), surtout dans l'alimentaire (-2,3%) touché par une inflation à deux chiffres.

"Globalement, on constate toujours une grande faiblesse. La forte inflation continue de faire des ravages sur la consommation alimentaire des ménages", explique Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, à l'AFP.

L'inflation a rebondi à 5,9% sur un an en avril (après 5,7% en mars), selon l'Insee, qui attribue ce sursaut à l'énergie et aux services. Le renchérissement des produits alimentaires, désormais premier contributeur de la hausse des prix, a en revanche été moins rapide: leurs prix ont progressé de 14,9% (voir notre article par ailleurs, ndlr) sur un an après avoir tutoyé les 16% le mois précédent, ce que le ministère de l'Économie a jugé "encourageant".

Grâce à la bonne performance des exportations, surtout pour l'aéronautique et l'automobile, le commerce extérieur a contribué positivement, de 0,6 point de pourcentage, à la croissance du PIB. Cela traduit une "baisse des difficultés sur les chaînes d'approvisionnement", a indiqué Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, à l'AFP.

L'industrie manufacturière a aussi fait preuve de dynamisme (+0,7%). Comme la production d'énergie qui a bénéficié de la réouverture de centrales nucléaires, la production a rebondi dans les raffineries, les grèves de mars contre la réforme des retraites ayant été "moins importantes" que celle d'octobre de l'an dernier, a détaillé l'Insee.

"Du quasi sur place"

Après ce tableau en demi-teinte au premier trimestre, l'activité économique française risque de voir les nuages s'amonceler les mois suivants.

Les économistes citent une conjugaison de facteurs: faiblesse de la consommation des ménages, ralentissement économique mondial, assèchement du crédit sous l'effet de la remontée des taux décidée par la Banque centrale européenne, crise énergétique qui pourrait revenir sur le devant de la scène après l'été...

Le dynamisme de l'investissement des entreprises a déjà commencé à faiblir. Et les investissements des ménages dans le logement ont continué à se replier nettement. "La morsure des taux d'intérêt jouera davantage au fur et à mesure du temps", prédit Stéphane Colliac.

Si le deuxième trimestre pourrait encore résister grâce aux loisirs et au tourisme, "parce que les ménages se sont serré la ceinture pour cela" selon lui, le deuxième semestre pourrait se traduire par "une stagnation".

L'Insee a par ailleurs revu en baisse de 0,1 point les chiffres de la croissance pour les troisième (0,1%) et quatrième (0%) trimestres de 2022, sans que cela n'affecte la hausse du PIB de 2,6% enregistrée pour l'ensemble de l'année.

"Cela fait trois trimestres que l'économie française fait du quasi sur place. Comme on l'a craint, on s'installe dans la durée dans une période de croissance très faible", constate Maxime Darmet.

Désormais engagé dans une stratégie de moindre dépense publique pour réduire l'endettement public de la France, le gouvernement prévoit une hausse de 1% du PIB sur l'année. Il est plus optimiste que le Fonds monétaire international (0,7%) ou la Banque de France (0,6%).

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