La pervitine : cette drogue qui a galvanisé les troupes d'Hitler
Si la crystal meth fait aujourd'hui des ravages sous le manteau, elle est aussi bien connue pour avoir servi de stimulant ultra-puissant pour les soldats allemands au début de la Seconde Guerre mondiale.
On l’appelait la pilule miracle (wunderpill). La pervitine est un dérivé de métamphétamine, aujourd’hui mieux connue sous le nom de « crystal meth ». Ses propriétés psychostimulantes étaient particulièrement appréciées chez les vétérans de la Première Guerre mondiale. Elle adoucissait leurs traumatismes, raconte Slate. Dès 1938, elle est produite en série, et vendue en pharmacie sans ordonnance.
La substance est particulièrement efficace et permet de rester éveillé pendant quarante heures, retarde la sensation de soif et de faim, anesthésie la peur, dope les capacités de concentration… Au départ adoptée par les civils, elle est finalement retirée du marché, car jugée dangereuse. Mais elle attise la curiosité d’Otto Ranke, professeur d’université qui dirige l’Institut de physiologie militaire du Reich, qui voit en elle le booster idéal pour les militaires.
Il décide de faire sa première expérience à grande échelle lors de l’invasion éclair de la Pologne par le Wehrmacht, en septembre 1939. « Tout le monde est frais, joyeux, la discipline excellente, détaillent les rapports du front. Pas d’accidents. Effets durent longtemps. Voit double et avec couleurs après la quatrième pilule ». Le professeur Ranke, qui connaît les effets secondaires, écrit qu’il s’agit d’« une substance militairement précieuse ».
Des barres chocolatées à la métamphétamine, goûter favori des pilotes de chasse
La pervitine est donc validée par le Führer qui autorise la généralisation de son usage : dès le printemps 1940, 335 millions de doses sont distribuées sous forme de barres chocolatées, notamment aux pilotes d’avion de chasse et aux conducteurs de tanks.
Celle qui sera surnommée « Panzerschokolade » (chocolat des tankistes) contribue largement à la capitulation de la France le 22 juin 1940 après six semaines de Blitzkrieg.
Mais voilà, les effets secondaires ne tardent pas à se faire sentir : pêle-mêle, les soldats commencent à souffrir d’insomnies, de dépressions, d’arrêts cardiaques et d’hallucinations. Nombreux sont les soldats qui deviennent accros, et on rapporte que des soldats se seraient entre-tués au cours d’épisodes psychotiques. Les médecins allemands auraient dès lors tenté d’en limiter l’usage. Depuis, la pervitine continue à faire des dégâts en souterrain : aujourd’hui appelée crystal meth, elle est aussi surnommée la cocaïne du pauvre.
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