Une "Journée mondiale de la liberté de la presse"... sous surveillance
La liberté de la presse, fêtée aujourd'hui, vit des temps troublés, même là où elle est célébrée...
La chasse est ouverte
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a condamné la semaine dernière le rachat de Twitter par Elon Musk, y voyant "une menace pour le pluralisme et la liberté de la presse" (sic). La plus grande organisation mondiale de la profession (600 000 journalistes, dans 146 pays) craint qu'une modération moins sévère puisse "augmenter la désinformation et menacer le journalisme de qualité".
"Twitter est une extension du bureau des journalistes. C'est là qu'ils font la promotion de leur travail, expriment des idées ou trouvent des sources d'information. Cet espace doit être dûment modéré, tout en respectant la liberté d'expression. C'est un équilibre délicat auquel tout propriétaire de Twitter doit faire attention", a déclaré le secrétaire général de la FIJ Anthony Bellanger, cité dans le communiqué. "Nous sommes préoccupés par le fait que les plans d'Elon Musk pour Twitter vont dans la mauvaise direction en exacerbant les possibilités d'attaquer les journalistes et en menaçant l'anonymat des utilisateurs", a-t-il ajouté.
Voir aussi : Elon Musk rachète Twitter... avec la liberté d'expression ?
Les ingérences de l'UE
Le Haut représentant de l'Union européenne, Josep Borell, a fait une déclaration dans laquelle il salue les professionnels qui "risquent leur vie pour nous tenir informés de l'agression militaire non provoquée et injustifiée de l'Ukraine par la Russie. Les forces russes détiennent, enlèvent et ciblent des journalistes et des acteurs de la société civile afin d'empêcher le monde d'entendre la vérité. Nous demandons instamment à la Fédération de Russie de mettre fin à de telles attaques et pratiques. Selon la plateforme du Conseil de l'Europe pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, dix travailleurs des médias ukrainiens et internationaux ont déjà été tués, et de nombreux autres ont été blessés."
"En faisant des reportages depuis les lignes de front et en mettant en lumière les violations flagrantes des droits de l'homme et du droit humanitaire international commises par les forces armées russes, les journalistes contribuent de manière importante à combattre la désinformation et la manipulation de l'information concernant l'invasion. Ils jouent un rôle crucial pour faire en sorte que ces atrocités ne restent pas impunies. Les responsables devront répondre de leurs actes."
"L'Union européenne est à leurs côtés. Une presse libre permet une société plus démocratique, plus forte et plus inclusive et contribue à la protection et à la promotion des droits de l'homme." "Nous continuerons de lutter pour la liberté de la presse et n'abdiquerons pas", conclut-il.
Un discours assez osé, quand on se rappelle les préventions de la Commission européenne à l'égard d'Elon Musk, avec la déclaration récente de Thierry Breton, et la préparation du Digital Services Act" qui vise un contrôle accru des plateformes, rares soupapes (avec leurs excès) d'une liberté d'expression entravée dans les médias officiels.
Liberté, j'écris ton "non"
Cocorico ! "Violences récurrentes contre les journalistes" victimes d'un "climat général hostile" et... "manque d'indépendance éditoriale des médias" sont pointés par Reporters sans frontières pour la France : dans leur classement annuel, notre pays est... 26ème, derrière la Jamaïque, le Costa Rica ou le Ghana. Les États-Unis obtiennent une peu glorieuse 42ème place : le nouveau "Comité gouvernemental de la désinformation" de Joe Biden nuira-t-il à ce classement ?
Le podium est scandinave avec la Norvège, le Danemark et la Suède, dans cet ordre. La Corée du Nord est bonne dernière (180ème place), la Chine s'affichant seulement quelques rangs au-dessus (175ème). La Russie est 155ème, entre l'Azerbaïdjan et l'Afghanistan, et l'Ukraine 106ème, entre le Gabon et le Burundi. RSF met également en garde contre la "désinformation" et le "contrôle" accru des médias.
Voir aussi : The Economist classe la France comme "démocratie défaillante" pour la deuxième année consécutive
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