Sommés de quitter les quais de Seine à l’occasion des JO 2024, les bouquinistes de Paris refusent de déplacer leurs boîtes

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France-Soir
Publié le 02 août 2023 - 09:30
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Pour des raisons de sécurité, la préfecture de police de Paris souhaite que 570 boîtes soient démontées, soit 59% du total.
F. Froger / Z9, pour France-Soir

PATRIMOINE - Véritables monuments des quais de Seine, les célèbres boîtes vertes des bouquinistes devront bientôt être retirées en prévision des Jeux Olympiques de Paris de 2024 et de la cérémonie d’ouverture. La préfecture de Police tout comme la mairie de Paris souhaitent démonter 570 de ces boîtes, patrimoine culturel immatériel français depuis 2019. L’annonce a suscité l’ire des bouquinistes, qui craignent non seulement des pertes financières durant les prochains mois mais l’endommagement de ces boîtes. Le "soutien" de la Ville de Paris et son engagement à rénover "à ses frais" les boîtes qui auront été abîmées dans l’opération ne les rassurent pas. 

C’est lors d'une réunion le 10 juillet dernier que la mairie dirigée par Anne Hidalgo a exprimé sa volonté de déplacer les boîtes des bouquinistes. L'objectif, explique-t-on, est de sécuriser l'espace et libérer la vue pour accueillir les spectateurs de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, prévue sur la Seine. La demande provient de la préfecture de police de la capitale, qui estime que 570 boîtes doivent être démontées, soit 59% du total. "Lors d’une réunion organisée le 10 juillet à la mairie, l’adjoint à la Seine nous a clairement expliqué que nous allions gêner la vue le jour de la cérémonie", raconte Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris. 

Deux semaines plus tard, soit le 25 juillet, la préfecture de police a adressé un courrier aux bouquinistes pour leur affirmer le caractère "indispensable" des retraits de ces boîtes, dans le but de "sécuriser l’événement". Selon l’AFP, la préfecture s’appuie sur l’article L226-1 du code de la sécurité intérieure qui prévoit un périmètre de protection institué par arrêté, au sein duquel un "accès et la circulation des personnes sont réglementés" et ce, dans le but "d’assurer la sécurité d’un lieu ou d’un événement exposé à un risque d’actes de terrorisme à raison de sa nature et de l'ampleur de sa fréquentation". 

Les bouquinistes inquiets pour leurs boîtes

La réaction des bouquinistes ne s’est pas fait attendre. "On nous évince quoi. Pour moi, on nous méprise", a déclaré un bouquiniste à France-Info. "Les bouquinistes sont toujours présentés comme étant une partie importante du paysage parisien et on a l’impression d’être comme les mouches sur un gâteau. On nous chasse d’un coup de tapette", estime un autre bouquiniste, relayé par Europe 1.  

Malgré les injonctions de la préfecture, les bouquinistes ne comptent pas libérer les quais de Seine. Jérôme Callais affirme qu’ils n’ont "nullement l’intention de bouger". "On est un symbole majeur de Paris, ça fait 450 ans qu’on est là. Vouloir nous gommer du paysage alors que la célébration de ces Jeux doit être la célébration de Paris, ça paraît un peu fou", ajoute-t-il. Les inquiétudes de ces vendeurs de livres ne concernent pas la fermeture de leurs boîtes durant la cérémonie d’ouverture ou pendant tout le déroulement des Jeux Olympiques mais leur transport dans un autre endroit.  

"Je m'en fiche de fermer boutique pendant la compétition. Ça va être ingérable, donc je n’ai pas envie de vivre ça, et je ne suis pas le seul ici. Mais en trois décennies, mes boîtes n'ont jamais été déplacées", témoigne un bouquiniste à Marianne. "Ces boîtes sont vieilles. En les déplaçant, on risque de perdre une vis par-ci par-là, de créer du jeu entre les pièces et donc de rompre l’étanchéité… C’est la pire chose qui pourrait nous arriver", renchérit un autre. Le président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, qui en représente 200, soit 88% du total, a affirmé auprès de l’AFP que certaines boîtes sont bel et bien "trop fragiles" et le chantier de rénovation de toutes celles qui sont installées pourrait coûter 1,5 million d’euros.  

Paris propose un "village des bouquinistes" durant les JO

Dans un communiqué diffusé le jeudi 27 juillet, la Ville de Paris, qui a exprimé son "soutien" aux et sa reconnaissance que leur activité "fait partie de l’identité des quais de Seine", a proposé de prendre en charge, "à ses frais", l’enlèvement et la repose des boîtes ainsi que la rénovation de celles qui ont été abîmées. "La mairie d'Anne Hidalgo est complètement déconnectée du terrain. Ils veulent les démonter et remonter eux-mêmes. En réalité, ils ne savent pas faire et vont juste casser nos boîtes, qui sont notre gagne-pain", poursuit un des bouquinistes interrogés par Marianne.  

"Cette rénovation constituera un élément d’héritage supplémentaire des Jeux et contribuera à appuyer la candidature des bouquinistes des quais de Seine au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco", ajoute la Ville de Paris.  

À l’issue d’une réunion sur la question, ces librairies des quais de Seine ont reçu un questionnaire pour se prononcer sur le projet. Selon Jerôme Callais, interrogé par Sud Radio, trois possibilités sont étudiées. Il s’agit du maintien des boîtes "en l’état avec un accès restreint qui impactera l'activité", un retrait "avec réfection [aux frais de la Ville, ndlr] et repose le plus rapidement possible" ou leur retrait "sans réfection et avec repose le plus rapidement possible".  

Si leurs boîtes sont retirées, les libraires se verront proposer par la Ville d’organiser, pendant les JO, un "village des bouquinistes" qui devrait se situer près de la place de la Bastille. Ce village permettrait de "mettre en valeur ce métier" et les librairies pourraient "bénéficier des retombées touristiques de l'événement", explique la mairie.

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