Perronne : covid et charge politique
LECTURE - Il serait souhaitable que tout candidat et candidate à la présidentielle lise le second livre du professeur Christian Perronne consacré à la crise sanitaire car le bilan politique désastreux d’une gouvernance autoritaire et aléatoire y est très bien résumé. Les effets sur notre société y sont déjà terribles et nous n’avons pas fini d’en voir les conséquences sociales et sociétales :
« Cette crise nous aura changés pour mille et une raisons, car nous avons été choqués. De l’apparition du virus, et plus encore de la violence des décisions qui en ont découlé. Mais ce qu’elle aura aussi profondément changé, c’est la façon dont nous vivons : télétravail, téléconférence, télé-enseignement, téléconsultations et qui sait peut-être un jour télélicenciement… Oh la belle société pas du tout déshumanisée qui se profile ! (…) À l’avenir donc, si nos gouvernants nous incitent à être connectés, nous serons tous déconnectés les uns des autres. » (p. 205-206)
Tout est « sourcé » en fin de volume car l’auteur dit tout ce qu’il a observé depuis plus d’un an et attend debout ses détracteurs – L’Express a déjà tiré, en imitant le titre de son précédent livre : « Y a-t-il une Fake News qu’il n’a pas commise ? » (l’hôpital qui se moque de…). Et son ironie est cinglante, notamment dans l’avant-dernier chapitre « Nostradamus reprend du service ! ». Quand il revient sur les propos de Macron annonçant 400 000 morts en octobre dernier, il « fait une fergusonite » (p. 195), du nom de cet épidémiologiste britannique qui avait annoncé un demi-million de morts dans son pays et plus de deux millions aux États-Unis (p. 192). Le chapitre qui précède – « Liberté, égalité et fraternité » – est plus cinglant encore, rien que par ses sous-titres : On fait peur avec les chiffres – On fait peur avec les mots – On fait peur avec les images – On fait taire les opposants politiques – On disqualifie les voix divergentes – On les censure – On les punit – On te dit quand avoir une vie sociale – On te dit où acheter – On te dit comment te distraire – On te dit comment faire l’amour – On te dit quand parler – On t’infantilise – On choisit à ta place, on te dit ce qui est mieux pour toi – On t’interdit de manifester ton mécontentement – On tue la révolte dans l’œuf – On te culpabilise si tu n’obéis pas – Si tu persistes, on te sanctionne – On te félicite quand tu te tiens sage – On active le syndrome de Stockholm… Et, pour clore l’ensemble, on gouverne avec un Conseil de défense comme en temps de guerre.
Et bien sûr, on ment – chapitre 7, « Le goût du mensonge » –, sur les masques, les tests, les chiffres des morts, des contaminations, on omet ou on grossit, selon l’intérêt du moment. Et en plus, on rate – chapitre 6, « Les ratages du gouvernement » –, au point d’être risible, de maintenir un couvre-feu alors qu’un confinement est annoncé (p. 132). Et, cerise sur le gâteau, on fait tout pour ne rien faire – chapitre 5, « Le pouvoir… de faire n’importe quoi » –, en ajoutant des Conseils et des Comités divers et variés aux autorités de santé nombreuses, diverses et variées (p. 98-99), en faisant appel en plus à des cabinets privés payés rubis sur l’ongle (p. 105). Sur les dix chapitres du livre, quatre seulement – les quatre premiers – sont consacrés aux aspects proprement sanitaires du Covid, les six autres évoquent une gouvernance inique qui conduit la société dans l’impasse, pire, vers un avenir gris dont nous n’avons pas fini de voir paraître les stigmates, notamment chez les enfants (p. 202-205).
On punit ? Christian Perronne l’a été brutalement car sa tutelle l’a démis de sa fonction de chef de service à l’hôpital de Garches. Mais pourquoi ajouter à cela l’humiliation : « j’ai été démis de mes fonctions de président du Conseil scientifique de la Fédération de la maladie de Lyme et de vice-président de cette fédération que j’ai moi-même créée » ? (p. 20). On censure ? « Le 16 décembre 2020, le CSA met RMC en demeure pour m’avoir reçu, sans “maîtrise de l’antenne”, lit-on… » (p. 167). Celui qui nomme le président du CSA est le Président lui-même. Ce même CSA qui promeut le « respect d’une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue » (p. 30) ne s’offusque aucunement que sur les chaînes d’État ne sont invités comme experts scientifiques et médicaux que des personnalités dans la ligne du Conseil scientifique. Il faut laisser la parole à l’un de ces éminents scientifiques qui le 6 octobre dernier déclare tranquillement sur l’une de ces chaînes : « Face à une pandémie, c’est un inconvénient d’être une démocratie ». Perronne commente : « Relisez bien cette phrase, elle est glaçante » (p. 180). Mais c’est lui qui est mis en cause, pour contestation de l’ordre sanitaire qui s’est installé… Démonstration est faite, l’inconvénient démocratique ne l’est pas tant que ça puisqu’en démocratie, nous ne sommes plus vraiment.
Les chapitres 3 et 4 intéresseront le lecteur car ils parlent l’un des vaccins, l’autre des traitements. Mais on ne peut réduire cette crise au sanitaire tant elle révèle dysfonctionnements politiques et aveuglement élitiste. Pour le premier de ces chapitres, il redit ce que plus personne ne veut entendre, le principe de précaution pourtant prôné avec zèle et finalement à géométrie variable – la peur est mauvaise conseillère même si beaucoup de médecins de plateaux de télévision la jugeaient utile pour masquer les gens dans la rue l’été dernier… Pour le second, il redit les traitements précoces possibles pour faire baisser la charge virale et éviter l’emballement immunitaire conduisant à l’hospitalisation. La corruption scientifique qui empêche leur prescription dans les pays occidentaux est évidente mais au pays des aveugles arrogants, on est campé dans ses certitudes et on croit sauver l’humanité avec des vaccins non encore éprouvés. Toutes les structures internationales et occidentales concernant la santé sont impliquées : la FAD américaine, l’EMA européenne et, bien évidemment, l’OMS.
En tant qu’ancien expert pour les agences française et européenne du médicament et à l’OMS (p. 33), Christian Perronne doit être entendu. Financée majoritairement par des fondations privées et par des laboratoires pharmaceutiques, non plus par les États, cette institution n’est plus crédible, l’exemple du glyphosate est suffisamment limpide puisque le pesticide de Monsanto ne fut reconnu nocif pour l’homme par l’OMS qu’en 2015, et du bout des lèvres (p. 153-154). Mais cette même institution, quand il s’est agi tout dernièrement de recommander ou non l’ivermectine comme traitement préventif du Covid, médicament anodin et potentiellement efficace, n’a fait que suivre les non-recommandations de la FAD et de l’EMA, Agence européenne des médicaments qui ne suspendit le vaccin AstraZeneca que deux jours avant de le recommander à nouveau malgré des décès… Il faut bien quelques morts collatérales dans une guerre !
Dans son livre, il ne manque qu’un aspect central me semble-t-il : la démographie. Les pays occidentaux sont vieillissants et aucun ne s’est préparé à affronter ce choc démographique en renforçant ses structures hospitalières – en Belgique, on renforce les forces de l’ordre. Pire, à l’heure où la jeunesse est minoritaire, on lui fait peser le poids de cette crise au lieu de la soutenir – les étudiants décrochent, tant sur le plan universitaire que sur le plan social et économique (p. 206 et 209). Un président jeune qui laisse sa jeunesse s’enfoncer dans la pauvreté n’est pas digne de la fonction. Cela signifie aussi qu’il n’a aucune vision de l’avenir. Après le capitaine de pédalo et son copilote catalan, nous avons le commandant et tout l’équipage du Titanic… Bien des scientifiques sont complices. Leur vision de la société est aussi étroite que la vue d’un bateau par un hublot. L’intelligence, la vraie, ne peut être compartimentée.
Décidément, ILS n’ont toujours rien compris ! Albin Michel, Paris, 2021
Christophe Lemardelé, enseignant et historien des religions, auteur de nombreux articles scientifiques dans le domaine de l’anthropologie historique et du judaïsme ancien.
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