"Omerta à l'hôpital", un livre qui dévoile le calvaire des étudiants en médecine
Sexisme, violences, exploitation... Dans un livre sorti jeudi 2 et intitulé Omerta à l'hôpital, élèves infirmiers, aides-soignants et internes ont raconté les maltraitances qu'ils ont subies dans le milieu hospitalier. C'est le docteur Valérie Auslender, médecin généraliste attachée à Sciences-Po, qui dévoile les faits après avoir menée une enquête.
En 2015, elle a lancé un appel sur les réseaux sociaux aux étudiants en médecine pour recueillir leurs témoignages. Au total, 130 élèves ont répondu et décrit leur mal-être au travail entre humiliations, violences et exploitation.
Sur Europe 1, Charlotte, une interne en pédiatrie a témoigné: "on n'a aucune considération en tant que personne. On arrive le matin dans les services, on ne nous dit pas bonjour. On nous appelle l'interne, comme des robots sans prénom avec juste un numéro d'affectation. On se sent un peu comme des esclaves (...) avec des chaînes qui n'existent pas visuellement mais qui sont clairement psychologiques".
Heures supplémentaires non payées, sexisme, interdiction d'aller aux toilettes, etc, les maltraitances prennent plusieurs formes. Complètement déconsidérés, certain étudiants en viennent à penser au suicide, comme le cite La Croix: "je ne voulais plus vivre dans ce monde de dingues. Je pleurais tous les jours quasiment. J’ai failli me foutre en l’air en voiture sur l’autoroute plusieurs fois".
Ces élèves se disent soumis à la loi du silence. Olivier Le Pennetier, président de l'Inter Syndicat National des Internes (Insi) le confirme: "notamment car l’internat repose beaucoup sur le compagnonnage. Et ceux qui exercent des pressions psychologiques sont aussi les mêmes que ceux qui délivrent les connaissances sur le métier. C’est un cercle vicieux ".
Omerta à l'hôpital vient confirmer l'étude publiée en juin 2016 par l'Ordre national des médecins sur l'état de santé des étudiants en médecine. Cette dernière concluait que 40% des internes ont déjà ressenti de l'épuisement émotionnel et que 14% ont déjà pensé au suicide. Cependant, Valérie Auslender nuance dans Le Monde que: "ces témoignages ne peuvent avoir de valeur généralisatrice, car ces violences n’ont pour l’instant jamais fait l’objet de véritables enquêtes chiffrées d’envergure mais ils sont symptomatiques de la souffrance des soignants due à la dégradation de leurs conditions de travail".
À la suite de ces témoignages, Valérie Auslender a fait réagir neuf experts qui ont proposé des pistes de réflexion. Notamment la signalisation systématique de ces violences auprès de la justice, la condamnation des agresseurs avérés ou encore la formation des professionnels de santé au tutorat.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.