"A Most Violent Year" : J.C. Chandor, nouveau petit génie d'Hollywood

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Jean-Michel Comte
Publié le 31 décembre 2014 - 18:27
Mis à jour le 02 janvier 2015 - 03:41
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En trois films, le réalisateur J.C. Chandor s'est taillé une belle réputation chez les cinéphiles
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Avec son troisième film "A Most Violent Year", qui vient de sortir dans les salles françaises et américaines (juste à temps pour les Oscars), J.C. Chandor montre qu'il est l'un des nouveaux réalisateurs les plus en vogue d'Hollywood.

En trois films, depuis quatre ans, J.C. Chandor s'est créé une réputation de nouveau petit génie d'Hollywood. On dit même que A Most Violent Year, qui vient de sortir sur les écrans, pourrait figurer en bonne place dans la course aux Oscars (les nominations seront annoncées le 15 janvier).

Le film, avec Oscar Isaac et Jessica Chastain, raconte l'histoire d'un immigré mexicain ambitieux, self-made-made volontaire et plein d'espoir dans le rêve américain, qui développe sa petite entreprise de transport de fioul dans le New York des années 80 et refuse, pour réussir et s'enrichir, de céder à la violence, à la corruption et aux méthodes illicites.

"En un sens, c'est une réponse au Parrain de Francis Ford Coppola, au Scarface de Brian De Palma: le personnage d’Oscar est l’anti-Tony Montana", explique le réalisateur dans une interview au Monde. "Il joue sur un territoire voisin – l’expansion d’une famille de voyous latins–, mais il en sape les fondations. Pour moi, c’était l’occasion de contourner la violence des scripts qu’on me proposait, et de la société américaine elle-même".

A 41 ans, Jeffrey McDonald Chandor rattrape le temps perdu. Pendant 15 ans, il a fait des documentaires et des spots de pub avant de réaliser son premier long métrage, Margin Call, sorti en 2011. Le film, avec Kevin Spacey, qui raconte la nuit d'un groupe de traders de Wall Street avant le krach boursier, a été unanimement apprécié et présenté aux festivals de Sundance et de Berlin, et nommé à l'Oscar du meilleur scénario.

Deux ans plus tard, c'est à Deauville et à Cannes que son deuxième film a impressionné: All Is Lost, un film quasiment sans dialogue et avec un seul acteur, Robert Redford, qui lutte pour sa survie à bord de son petit voilier, seul dans l'océan, sans moyen de communiquer, après avoir été heurté par un navire.

Son troisième film A Most Violent Year, thriller psychologique dans la veine des films de Sydney Lumet avec en toile de fond le New York des années 80, est donc très différent des deux premiers. Quoique. Les trois donnent la vision qu'a J.C. Chandor de son pays, de la société américaine et du capitalisme en général: "Le pur capitalisme ne marche pas. Non régulé, il aboutit à des monopoles, comme l’a montré Rockefeller, dont l’empire s’est établi en moins de vingt ans", explique-t-il au Monde. "Le succès de capitalisme s’explique par sa capacité à s’adresser à nos instincts reptiliens. C’était le sujet de Margin Call et, plus métaphoriquement, de All Is Lost –l’histoire d’un type qui essaye d’échapper au capitalisme, mais dont le salut dépend du symbole même de la mondialisation, un cargo rempli de conteneurs. A Most Violent Year évoque le +rêve américain+, qui repose sur l’ambition des immigrants; le héros y adhère pleinement, puis le doute s’insinue".

Le capitalisme, le monde de l'argent, la crise économique, J.C. Chandor sait de quoi il parle: son père a travaillé pendant 30 ans à la banque Merrill Lynch et, quand il était jeune, alors qu'il a vécu entre Londres et New York, plusieurs amis de ses parents et grands-parents avaient créé et développé de petites entreprises sur la côte est des Etats-Unis avant de connaître des hauts et des bas, des réussites et des difficultés.

"Créer une entreprise ex nihilo est sans doute ce qu’on fait de mieux dans ce pays. D’un point de vue créatif, c’est l’une des facettes les plus fascinantes de notre identité américaine. Mais on peut aussi s’y casser les ailes", dit J.C. Chandor, qui lui-même a goûté aux joies et aux difficultés du système quand, peu avant de se lancer dans le projet de Margin Call, les investisseurs l'ont lâché au dernier moment. Il a failli abandonner mais s'est quand même lancé dans le projet, soutenu par les acteurs. Et a tremblé de la même façon dans le projet All Is Lost, dont le succès n'était pas gagné d'avance, mais là encore Robert Redford l'a soutenu.

Marié depuis 10 ans à une amie d'enfance, Mary Cameron Goodyear, fille d'avocat et artiste-peintre new-yorkaise avec qui il a eu deux enfants (comme le héros de son dernier film), J.C. Chandor va s'attaquer à son quatrième film, Deepwater Horizon, avec Mark Wahlberg dans le rôle principal.

Le titre est le nom de la plate-forme pétrolière de BP qui explosa et coula en avril 2010 dans le golfe du Mexique, provoquant sur les côtes sud-est des Etats-Unis l'une des pires marées noires du pays. Encore un des aspects de la société actuelle et du capitalisme auxquels le réalisateur s'intéresse, au travers de personnages –comme ceux de ses trois précédents films– confrontés à des décisions cruciales.

(Voir ci-dessous la bande-annonce de "A Most Violent Year"):

 

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