"L’interprétation du droit international se fait selon les intérêts géopolitiques des acteurs dominants" PE Thomann
Le professeur Pierre-Emmanuel Thomann, géopolitologue, s’est rendu en qualité d’observateur dans la République populaire de Lougansk, en Ukraine, pour assister au processus référendaire sur le rattachement à la Russie, qui s’est déroulé fin septembre. Il est notre invité pour ce Debriefing. Par des sanctions, l’Union européenne « veut nous empêcher de parler et de dire ce que l’on a vu sur le terrain », dénonce-t-il.
Surpris par l’enthousiasme de populations désireuses de prospérité, de sécurité face à la persécution des services ukrainiens, et de réunification avec le monde russe auquel elles se sentent appartenir, il nous rapporte n’avoir constaté « aucune pression militaire russe contrairement à ce qui a été dit dans un certain nombre de médias ».
L’occasion pour le docteur de l'Institut français de géopolitique de revenir sur l’opération militaire déclenchée en février par la Russie : protéger les Républiques populaires du Donbass d’une offensive ukrainienne imminente face à une Ukraine otanisée en quête d’acquisition de l’arme nucléaire, tel est le désir de Moscou, explique le géopolitique, qui rappelle qu’un an plus tôt le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait signé un décret avec pour ambition la reprise de la Crimée.
Ce conflit permet de démasquer le deux poids deux mesures des États-Unis et de l’Otan, estime-t-il. Si aujourd’hui les Atlantistes font valoir le principe de défense de l’intégrité territoriale, au moment de la dissolution de l’Union soviétique et plus tard lors de la fragmentation de la Yougoslavie, ces mêmes acteurs n’hésitaient pas à mettre en avant le droit à l’autodétermination des peuples, aujourd’hui invoqué par la Russie, quand cela allait dans le sens de leurs intérêts. Si ces deux principes sont conformes au droit international, cela permet de se rendre compte que « l’interprétation du droit international n’est que la conséquence des intérêts géopolitiques des acteurs dominants », explique le géopolitologue.
Pour M. Thomann, plus largement, le conflit en Ukraine traduit un conflit civilisationnel : la vision multiculturaliste et liquide de la société ouverte à l’Occidental avec sans son sans-frontiérisme, ses flux d’immigration massifs et son mépris de l’identité nationale, face à des peuples enracinés dans une culture, qui exercent leur libre choix à l’autodétermination.
Une structure géopolitique multipolaire a émergé et elle remet en cause cette vision euro-atlantiste du monde, constate Pierre-Emmanuel Thomann.
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