"Nous vivons une grave crise de l'intelligence" : Ivan Rioufol publie son "Journal d'un paria"
Ivan Rioufol tient son bloc-notes dans les pages du Figaro depuis 20 ans. "Journal d'un paria", aux éditions l'Artilleur, rassemble les chroniques des années 2020-2021, années du coronavirus. Écrit au jour le jour, au fil des événements, ce récit retrace « les mesures excessives, liberticides et autoritaires » prises par nos dirigeants pour faire face à la pandémie. Il est augmenté d'une préface inédite qui revient sur ces deux années folles.
Le chroniqueur de CNews revient sur son évolution personnelle : si au début de l’épidémie, devant les annonces cataclysmiques, il soutient un temps le président de la République, il est rapidement gagné par le doute et il s’interroge sur l’instrumentalisation de la peur.
Face à ces marchands de peur, plus personne n’a été autorisé à "exprimer des doutes élémentaires", se souvient Ivan Rioufol, qui explique que les spécialistes qui dédramatisaient la situation ont été priés de se taire. Une situation qui n’est pas sans rappeler les ressorts de la pensée totalitaire. Il décrit une presse aux ordres qui accompagne le discours officiel et ne s’en cache même plus : "la presse n’est plus un contre-pouvoir", regrette l'éditorialiste, qui constate qu’à de rares exceptions près, journalistes, chroniqueurs, animés d’un esprit sectaire qui s’est installé au motif humaniste qu’il fallait sauver des vies, ne font même plus l’effort "d’exprimer des doutes élémentaires". Un mimétisme inquiétant tandis que dans une cascade informationnelle, les slogans des laboratoires, repris par les "médecins de plateaux", les gouvernements et les médias semblaient exacerbés dans un désir de convergence et de ressemblance.
"Ce qui est apparu, c’est l’effondrement de la démocratie à travers l’effondrement de tous les contre-pouvoirs : le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel, le Parlement, le Sénat qui ont avalisé les mesures successives d’urgence sanitaire et sécuritaire", constate le journaliste.
N’hésitant pas à user du mot de dictature pour qualifier une situation où seule la parole gouvernementale est admise, et où chaque citoyen est sommet de la croire, il dénonce un sanitairement correct, prolongation du politiquement correct qu’il définit comme "un acquiescement à une parole officielle, à une parole d’État, par paresse et par conformisme".
Enfin, si cette période a révélé une "grave crise de l’intelligence", Ivan Rioufol fait confiance à l’intelligence collective, saluant les Français manifestent tous les samedis depuis plusieurs mois un peu partout en France pour rappeler "qu’une partie de la société ne veut pas obéir à un ordre sanitaire, à un ordre politique ou à un ordre moral". Avec lucidité, talent et ironie, Ivan Rioufol jette sur ces deux années un regard sans concession, et nous fait prendre de la hauteur en posant un diagnostic sincère et parfois désabusé sur cette période folle où, hypnotisés par ce virus, nous avons peut-être oublié la désindustrialisation, l’islamisme radical, l’affaiblissement du niveau scolaire... D’autres périls qui menacent son pays.
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