Mais au fait, qui gère quoi dans l’espace ?

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FranceSoir
Publié le 31 juillet 2020 - 14:11
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Copernicus satellites union européenne observation
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Plus de 2000 satellites actifs gravitent au-dessus de nos têtes, leur nombre va exploser dans les prochaines années
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La pollution lumineuse provoquée par les satellites de SpaceX déclenche la colère des astronomes et des astrophysiciens. C’est l’occasion de se poser la question : quelles organisations sont responsables de ce qui se passe dans l’espace, qui régule la mise sur orbite des satellites ? 
 
Après tout, une fois dépassé l’espace aérien, il n’y a par définition plus de frontières. Au-delà des grands projets d’exploration spatiale, comme actuellement et par exemple les sondes américaines Voyager, quelque 2600 satellites fonctionnels tournent au-dessus de nos têtes. Auxquels s’ajoutent autant de débris spatiaux, satellites en fin de vie, étages supérieurs de lanceurs ou engins fragmentés.
 
Une affaire d’Etats
 
La conquête de l’espace, tout comme son utilisation, est une affaire d’Etats, plus précisément d’agences spatiales nationales, la NASA américaine en tête, ou supranationales, comme l’ESA, l’Agence spatiale européenne. La France fait partie de l’ESA, tout en gérant sa propre structure, le Centre national d’études spatiales (CNES) et ses 26 satellites. Citons encore, parmi les principales agences spatiales, la CNSA chinoise, Roscomos en Russie, ISRO en Inde.
 
Dans cette constellation d’agences, les géants côtoient les petits poucets. Ainsi quand la NASA dispose d’un budget de 21500 millions de dollars et l’agence chinoise de 11000 millions de dollars (en 2019), la somme est ramenée à 5720 M$ pour l’ESA, 1320 M$ pour l’Inde, jusqu’à moins de 200 millions pour les agences spatiales israélienne et iranienne.
 
En réalité, des dizaines de pays à travers la planète ont leur agence spatiale, y compris l’Algérie, Bahreïn, l’Ouzbékistan, le Pérou ou Taïwan. 
 
Un traité international
 
Malgré l’indépendance de leurs programmes, les agences spatiales ne font pas tout à fait ce qu’elle veulent dans son coin. Chapeautées par le Comité des Nations-Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, qui rassemble 95 Etats membres, et le Bureau des affaires spatiales des Nations-Unies (UNOOSA), elles sont toutes signataires de traités, accords et conventions internationaux. 
 
Le premier d’entre eux est le Traité de l’espace, mis en œuvre en 1967, et qui régit les activités des Etats. Il établit un postulat toujours en vigueur : 
 
« L’espace est une ressource libre et commune »
L’accord sur le sauvetage des astronautes, leur retour et la restitution des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique (1968), la convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets spatiaux (1972), la convention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace (1976) fixent également quelques règles. 
 
Enfin,  le Traité sur la lune de 1984 entendait établir l’appartenance des objets célestes à la communauté internationale. Or seulement quinze pays l’ont ratifié, et parmi eux aucune nation ayant un programme de vol spatial habité. La France a signé le traité, mais ne l’a jamais ratifié.
 
L’exemple de l’ISS
 
Cet échec du Traité sur la lune illustre les limites de la coopération internationale dans l’espace. La véritable réussite en la matière est bien la Station spatiale internationale. Habité en permanence depuis l’an 2000 et tournant en orbite autour de la terre (à une vitesse de 27600 km/h !), le laboratoire de recherche est le fruit de la collaboration de quinze Etats, liés par un accord intergouvernemental.
 
Ces Etats ont su fusionner trois projets, les stations américaines Freedom et russe Mir 2 ainsi que le laboratoire européen Columbus, pour donner naissance à l’ISS. Elle est aujourd’hui cogérée par cinq agences spatiales, la NASA (USA), Roscosmos (Russie), l’ESA (Europe), JAXA (Japon) et l’ASC (Canada).
 
Elon Musk change la donne
 
On est loin de la bataille de l’espace lancée pendant la guerre froide par l’URSS et les Etats-Unis. Aujourd’hui, un autre acteur est en train de changer la donne : le secteur privé, et plus précisément la société SpaceX du milliardaire américain Elon Musk. Elle est la première entreprise privée à avoir réussi un vol habité, le 30 mai dernier, et c’est d’ailleurs sa capsule Crew Dragon qui transportera le Français Thomas Pesquet vers l’ISS en 2021. 
 
Au-delà, SpaceX voit grand, très grand : la société a été autorisée à placer quasiment 12000 satellites dans l’espace par les autorités américaines, via la Commission fédérale des communications.
 
Car au niveau réglementaire tout au moins, il n’y a pas plus simple que placer un satellite dans l’espace
 
Il suffit d’enregistrer l’engin auprès de l’ONU, de déposer une demande auprès de l’UIT, l’Autorité internationale des télécommunications, s’il s’agit d’un satellite de télécommunications - pour en réalité éviter les interférences. 
 
Et SpaceX n’est pas la seule entreprise à nourrir des projets de flottes de satellites : 900 chez One Web, 2400 chez Boeing, 4000 chez Samsung… Sans compter les Cubesat, des mini satellites peu coûteux (moins de 10 000€). 500 devraient être lancés cette année, et toujours sans régulation. 
 
Risques de collision
 
Il n’existe de toute manière aucune limitation quant au nombre de satellites pouvant être envoyés dans l’espace. Certes, il n’y a pas plus vaste comme endroit. Mais passée l’atmosphère terrestre, il n’y a pas non plus de « gendarmes de l’espace ». 
 
Interrogé récemment par LCI, l’expert du CNES, Christophe Bonnal, expliquait ainsi : 
 
« La France est le seul pays au monde à avoir adopté une loi pour réguler la population des satellites, une fois dans l’espace. Les autres pays ont simplement adopté des codes de bonne conduite »
 
Résultat, les collisions sont de plus en plus fréquentes, et cela ne risque pas de s’arranger. Si deux satellites actifs sont sur le point de se percuter, il est toujours possible de changer leur trajectoire. Ce n’est pas le cas avec les satellites en fin de vie, qui n’activent plus leurs propulseurs, et les Cubesat, qui n’ont tout simplement pas de propulseurs. 
 
Et lorsque l’on sait que tous ces engins peuvent « errer » en orbite pendant des centaines voire des milliers d’années, sans compter la pollution lumineuse pour tous ceux qui observent l’espace depuis la terre, on se dit qu’un minimum de règles ne serait sans doute pas un luxe. 
 

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