"À Roland-Garros, une épidémie de covid, personne n'en a parlé" : Alizé Cornet, le pavé dans la mare
Alizé Cornet a jeté une petite bombe le mardi 28 juin, lors de la conférence de presse qui suivait son match victorieux du premier tour de Wimbledon, évoquant l'acceptation "tacite" du Covid entre les joueurs lors du dernier Roland-Garros : "ça fait partie de notre vie le Covid, c'est comme ça".
La joueuse française, après être revenue sur sa longévité - elle égale un record lors du tournoi londonien - a replacé "l'effet covid", qu'elle ne "veu[t] pas sous-estimer", dans un contexte plus large : "Il y a des joueurs qui ont des gastros, des grippes. Certaines années sur des tournois, il y avait des hécatombes de gastros à cause de nourriture pas très fraîche. Il y avait deux, trois, quatre joueurs qui se retiraient, c'était juste pas de chance quoi. On ne va pas mettre un protocole pour les gastros !" Elle explique que "le covid, maintenant, est entré dans les mœurs, il y a les vaccins, etc. Si on repart dans des trucs, moi, je n'y vais pas !" Et lâche ensuite que lors du dernier tournoi de Roland-Garros, qui s'est tenu à Paris du 22 mai au 5 juin dernier, "il y a eu une épidémie de Covid, personne n'en a parlé. Dans les vestiaires, tout le monde l'a eu et on n'a rien dit."
Un pavé dans la mare covidiste
Alizé Cornet répondait à une question sur les tests positifs des joueurs Marin Cilic et Matteo Berrettini, contraints de déclarer forfait pour le tournoi londonien. "Quand ça sort dans la presse, sur des grands joueurs comme ça, ça va commencer à mettre le feu au lac partout et ça, ça m'inquiète un peu."
À une relance sur une éventuelle "psychose" ressentie, elle s'est exclamée :
"Mais de quoi ? On a payé le prix, on a été dans une bulle pendant un an et demi, on s'est fait tous vacciner, c'est bon. À un moment donné, il faut essayer d'être un peu cohérent sur la façon de procéder. Ça fait partie de notre vie le Covid, c'est comme ça. Il y a des joueurs qui le chopent au mauvais endroit. Je trouve que la psychose serait vraiment mal placée. On a mangé notre pain noir et j'espère que c'est à peu près derrière nous."
Poursuivant son récit d'un cluster non dit il y a un mois Porte d'Auteuil, elle s'est avancée, l'interprétant comme un "accord tacite" : "Quand on voit que Krejcikova se retire en disant 'j'ai le Covid', et que tout le vestiaire est malade. À un moment donné... On a peut-être toutes eu la grippe. Le truc, c'est qu'on a trois symptômes, la gorge qui gratte, on joue et tout va bien, ça va. À Roland, oui, je pense qu'il y a eu quelques cas et que c'est un accord tacite entre nous. On ne va pas s'autotester pour se mettre dans la merde ! Après, j'ai vu des filles porter des masques, peut-être parce qu'elles savaient et ne voulaient pas le refiler. Il faut aussi avoir un esprit civique."
Sa déclaration a fait du bruit : dans la foulée, hier en fin de journée, la joueuse a tempéré son propos, précisant n'avoir pas de preuve, tout en maintenant que sur le fond, elle voulait "souligner que le virus faisait désormais partie de nos vies et qu'il fallait faire avec."
Je tiens quand même à préciser quelque chose :
— Alize Cornet (@alizecornet) June 28, 2022
J'ai dit que je "soupçonnais" quelques cas de Covid pendant Roland Garros, sans avoir aucune preuve. C'était avant tout pour souligner que le virus faisait désormais partie de nos vie et qu'il fallait faire avec. Point barre https://t.co/ZPIJI5oSdu
La petite bulle jaune
Le petit monde du tennis professionnel a été bien secoué par les mesures prises pour lutter contre le Covid : côté français, Benoît Paire a souffert des restrictions et protocoles, lui qui avait déjà un tempérament torturé. Jérémy Chardy, après avoir "enchaîné les galères" physiques, a mis en cause sa vaccination. Pierre-Hugues Herbert, qui ne s'est pas fait vacciner, avait exprimé son "grand respect" à Novak Djokovic pour des prises de position : de ses déboires en Australie à son refus persistant de se plier à l'injonction vaccinale, le Serbe a défrayé la chronique et y a perdu son trône de numéro un mondial. Sa décision pourrait l'empêcher de disputer le quatrième tournoi du Grand chelem de l'année, l'US Open, qui se déroule du 29 août au 11 septembre à New York, faute de pouvoir entrer sur le territoire américain.
Voir aussi : Novak Djokovic prêt à sacrifier Roland-Garros et Wimbledon pour "la liberté de choisir"
Roland-Garros, décidément révélateur de l'hypocrisie sanitaire
On se souvient aussi qu'il y a un peu plus d'un an, Roland-Garros avait... aboli le couvre-feu, fixé à l'époque à 23 heures, pour ne pas interrompre la demi-finale entre Rafael Nadal et Novak Djokovic, deux des plus grands joueurs de tous les temps.
Le circuit de la décision est à noter : Amélie Oudéa-Castéra, à l'époque directrice générale de la Fédération française de tennis (elle est aujourd'hui ministre des Sports), avait alerté le directeur de cabinet de Jean Castex (Premier ministre à l'époque), Nicolas Revel. Ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée, en tandem avec Emmanuel Macron, sous François Hollande, ce dernier est désormais pressenti pour succéder à... Martin Hirsch, qui quitte la direction de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris).
Matignon avait autorisé cette entorse à l'Absurdistan alors en vigueur. Au même moment, des jeunes qui se réunissaient pour festoyer en plein air sur l'esplanade des Invalides en étaient chassés à coups de gaz lacrymogènes...
Voir aussi : Le couvre-feu est mort hier soir
Pour le sport(-business), les verrous sautent
Au tour du Tour ? La Grande boucle démarre ce vendredi, et l'Union cycliste internationale (UCI) a annoncé hier que son protocole covid serait assoupli pour les coureurs. Ainsi, un coureur positif mais asymptomatique ne sera plus nécessairement contraint de quitter le Tour de France. La vague de "cas" faisait craindre aux organisateurs de la plus grande course du monde des forfaits massifs, comme le récent Tour de Suisse en a connu. Une politique du cas par cas sera donc mise en œuvre, avec une décision d'isolement "prise de manière collégiale" par le staff médical des équipes, le médecin référent de l'épreuve et le directeur médical de l'UCI.
Une décision prise "sur la base des éléments cliniques disponibles" (sic), précise le nouveau règlement. Un changement de doctrine notable, quand on songe que l'indifférenciation absolue des "cas" et des "malades" (un des mantras de Laurent Toubiana, entre autres) était la norme - certains diront le dogme - sanitaire depuis deux ans. Officiellement, ce changement de pied est permis grâce à l'évolution de la situation sanitaire, et - bien entendu - imputable à la vaccination salvatrice...
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